L’expression des attentes d’une offre augmentée du « Vivre Mieux et en Santé » et du « Vivre Ensemble, Toutes et Tous » est de plus en plus prégnante au regard des enjeux traditionnels des pratiques sportives et compétitives.
Le mouvement sportif s’adapte mais il n’est plus automatiquement le premier réflexe tant le(la) citoyen (ne) a soif d’autonomie et d’immédiateté.
Et comme si cela n’y suffisait pas, la dimension écologique, naturelle, environnementale s’invite à la table des incontournables posant la question de l’offre d’équipements et d’activités éco responsables.
L’écriture et la déclinaison de ces nouvelles politiques publiques demandent aux élus et aux services des sports de s’accorder sur les nouvelles composantes de cette feuille de route.
Intervenants :
– Gilles VIEILLE MARCHISET : Professeur des Universités/Full Professor, Directeur du laboratoire E3S- Sports et sciences sociales, Responsable de la filière et du Master mention Activités physiques adaptées et santé (APAS), Professeur associé/Associate Professor – Ottawa (Canada)
– Regis JUANICO : Député de la Loire. Conseiller départemental. Co-responsable du groupe de travail sur l’impact du Coronavirus sur la vie associative et le sport. Membre du CA de l’Agence Nationale du Sport. Co-Président du groupe de travail JOP Paris 2024 à l’Assemblée Nationale
– Alain HAMIDA PISAL : Directeur du Service des Sports mutualisé Communauté d’Agglomération du Grand Dole / Ville de Dole. Président d’ASPORTA (Association Sport et Agglomérations)
Animateur : Jacques VERNEREY, Sports et Territoires – Directeur des sports de la ville et Eurométropole de Strasbourg
Le webinaire est à revoir ici : https://youtu.be/bhNXYT8EkOM
Le détail de mes interventions :
« Dans la continuité des propos de mon ami Gilles Vieille Marchiset je voudrais insister sur deux points qui me paraissent les plus importants, dans la mise en place de politiques publiques sportives déclinée au niveau national mais surtout décliné de façon cohérente au niveau territorial.
Pour moi les politiques publiques sportives, en 2021, doivent répondre à deux grands enjeux, deux grandes urgences.
La première c’est faire face à une urgence de santé publique face à la pandémie de la sédentarité. J’aurai l’occasion dans quelques semaines, le 21 juillet de présenter ici même à l’Assemblée nationale avec ma collègue Marie Tamarelle-Verhaeghe, un rapport d’évaluation des politiques publiques sur la question de l’activité physique et de la sédentarité.
Le 2ème enjeu pour moi c’est l’urgence climatique tout cela dans un cadre particulier pour nous français qui est la construction d’un nouveau modèle plus vertueux des jeux olympiques et paralympiques pour Paris 2024 dont l’héritage sportif territorial, sociétal sera un défi majeur.
La première urgence, au-delà simplement dans ces prochains mois d’avoir à remonter la pente de la perte de licenciés dans notre pays et de la baisse du nombre de pratiquants, je rappelle qu’après la crise sanitaire clubs sportifs ont perdus entre 3 et 4 millions de pratiquants et qu’un certain nombre de politiques qui sont mises en œuvre comme le « pass sport » pour essayer de remonter cette pente ne font pas encore effet, l’objectif initial au début du quinquennat était 3 millions de pratiquants supplémentaires en 2024.
On voit l’effort qu’il faudra réaliser pour à la fois récupérer l’ensemble des licenciés, avoir plus de pratiquants et essayer de donner une impulsion forte en termes de politiques sportives d’ici 2024 afin de laisser derrière un héritage important.
La pandémie de sédentarité c’est sans doute le plus grand danger qui est devant nous notamment pour les jeunes générations.
L’ONAPS (L’Observatoire national des activités physiques et sportives) a confirmé le 05 juillet dans une étude de Martine Duclos, que nous avons auditionné ici même à l’Assemblée nationale, des chiffres extrêmement préoccupant et alarmant sur le fait qu’après le premier confinement ils ont pu observer dans les classes de CE1 et CE2, surtout en CE2 d’une perte de capacité physique de 20% associé à une perte de 40% de capacité cognitive c’est à dire que des enfants qui ont été testés notamment dans les écoles du Puy de Dôme sont essoufflés avant même avoir couru 10 mètres pour certains, n’arrivant même plus à faire des tests de réflexion de base sur le plan cognitif.
Il y a depuis maintenant longtemps et on sait que c’est une tendance qui s’aggrave, une augmentation du niveau du surpoids et d’obésité avec une augmentation de la masse graisseuse mais aussi une prise de poids souvent chez les enfants de l’ordre de 5 à 10 kilos y compris pour des jeunes qui pratiquaient de temps en temps où régulièrement du sport et qui en en ont été privés pendant une grande partie de l’année qui vient de s’écouler.
Ce défi sanitaire est le plus important puisque comme le dit le professeur et cardiologies François Carré, aujourd’hui nous allons vers une perspective de perte d’espérance de vie en bonne santé pour les jeunes générations ce qui serait assez unique et nouveau dans notre pays.
Pour cela mais je n’entrerai pas dans le détail mais il y a une nécessité d’articuler les politiques nationales très fortes dès le plus jeune âge c’est à dire dès l’école maternelle et l’école primaire mais également tout au long de la vie, du développement d’activités physiques adaptées notamment en direction des publics les plus éloignés de la pratique sportive.
Il y a beaucoup à faire dans l’enseignement supérieur, dans le milieu professionnel, dans les établissements sociaux et médicosociaux et pour cela un des outils sera d’adapter la prescription du sport adapté sur ordonnance avec le médecin traitant et qu’il y ait une prise en charge financière au moins des bilans et des diagnostics et un accompagnement et ensuite une prise en charge financière des séances proposées d’activités physiques adaptées pour la durée ainsi que d’accompagner un certain nombre de publics qui souffrent de maladies chroniques comme le diabète, l’obésité, l’hypertension ou des problèmes cardio-vasculaire.
Le 2ème point très important c’est qu’il puisse y avoir à l’école plus simplement un slogan, comme le dispositif « 30 minutes d’activité physique et sportive par jour en plus de l’EPS pà l’école » avec aujourd’hui seulement 1000 écoles soit entre 25000 et 30000 élèves sur 12 millions concernées mais qu’on puisse généraliser tout au long de la journée que cela soit au moment de la pause méridienne, en venant à l’école en délaissant la voiture et en privilégiant la marche ou le vélo.
Cela nécessite qu’il y ait dans les collectivités locales une prise de conscience sur le fait qu’il nous faut adapter notre environnement et notre urbanisme. On parle par exemple beaucoup de design actif en ce moment pour avoir des pistes cyclables qui permettent de pratiquer le vélo de manière sécurisé.
Ceci est mon premier point sur la question de la pandémie sanitaire lié à la sédentarité c’est-à-dire au temps passé de plus en plus important assis où couché ou devant un écran ce qui est particulièrement nocif sur le plan de la santé publique et que nous allons payer extrêmement cher à l’avenir.
L’activité physique et sportive est un bien essentiel qui permet de pouvoir lutter contre les effets sur la santé publique de cette sédentarité.
Je terminerai sur la question du nouveau modèle des jeux olympiques et paralympiques qui est pour moi indissociable de la question de l’urgence climatique.
Nous avons besoin d’un modèle sportif plus tempérant nous avons besoin de relocaliser un certain nombre d’évènements sportifs notamment internationaux d’avoir peut-être plus de proximité et cela nécessite qu’on puisse intégrer le coût économique, social et environnemental d’un certain nombre d’activités physiques et qu’on regarde aujourd’hui comment on peut systématiquement réduire l’empreinte carbone sur notre planète de ses activités sportives.
Ça veut dire un modèle d’organisation des grands événements sportifs internationaux qui soit plus vertueux et surtout plus sobres. Plus sobre financièrement car on sait que Paris 2024 a déjà opéré au redéploiement de 400 millions d’euros sur un budget de plus de 7 milliards euros et qu’on va avoir des jeux de Tokyo très particulier à la fois en termes de jauge de public et de surcoût financier puisque ce sont des jeux qui ont été reporté d’un an.
On a donc besoin d’avoir des jeux exemplaires plus sobres, plus écologique, plus inclusif et cela veut dire un travail très important sur le plan environnemental alors qu’on a des grands événements sportifs internationaux qui pour la plupart sont consommateurs de 3 millions et demi de tonnes de CO2 comme une coupe du monde de football ou les derniers jeux de Rio et d’avoir des objectifs très ambitieux de réduction des émissions de carbone en particulier l’objectif qui a été fixé par le comité d’organisation des jeux olympique et paralympique de Paris 2024 de -50% de rejet de CO2 ou bien l’objectif de zéro plastique
Cela implique également d’avoir une réflexion sur les transports ou sur les bâtiments pour qu’ils soient moins énergivores mais également sur la question de la compacité des sites même s’il faudra également qu’on puisse faire de ces jeux aussi les jeux de toute la France et qu’ils puissent rayonner sur l’ensemble des territoires.
Il faut aussi réfléchir à l’organisation des événements sportifs. Il y en a 2,5 milions par an en France sauf évidemment l’année et demie écoulée ou il y en a eu beaucoup moins sur notre territoire cela représente une empreinte carbone extrêmement importante et il faut évidemment réfléchir en amont sur des cahiers des charges, sur des éco conception de ces événements.
Il existe un guide d’accompagnement du ministère des sports depuis 2015 sur la question du développement durable et je souhaiterais qu’on puisse diffuser ces bonnes pratiques dans les fédérations avec les conventions d’objectifs de l’agence national du sport mais également qu’on puisse décliner dans les ligues, les comités et jusque dans les clubs pour que nous puissions responsabiliser chaque organisateur d’évènements sportifs sur notre territoire et qu’on puisse aller vers des pratiques plus écoresponsable notamment sur le transport des équipes des supporters et qu’on ait des critères énergies vertes de consommation plus sobre d’énergie ou d’eau ou sur l’alimentation avec les circuits courts et puis tout ce qui concerne la politique de réduction des déchets.
Tout cela est possible et tout cela peut être inscrit dans le cahier des charges d’organisation des événements sportifs soit au niveau des collectivités territoriales soit au niveau national avec l’appui de l’agence nationale du sport qui va pouvoir donner une impulsion plus importante que ce qui est fait aujourd’hui avec les labels « ville active ville sportive » ou « ville santé de l’OMS » lié à l’organisation des jeux comme terre de jeux ou il faut muscler sur le plan de l’éco-conception.
Il s’agit d’aider les collectivités qui ont la capacité de nous présenter à la fois des plans ambitieux en termes de développement de la pratique sportive sur leur territoire mais aussi mais aussi d’écoresponsabilité.
Je terminerai sur les plans de mobilité active et de mobilité à force humaine comme marcher, pédaler et nager particulièrement dans les sites naturels car c’est aujourd’hui la meilleure façon de pouvoir améliorer notre santé publique.
Il y a donc une nécessité que les collectivités territoriales s’emparent beaucoup plus de cette mission de mobilité active dans nos villes, dans nos espaces ruraux, dans nos quartiers populaires et qu’on développer aussi la dimension du sport nature qui permet un écotourisme.
En conclusion je dirai qu’il faut mettre en place une politique cohérente au niveau national, des cahiers des charges, orienter les subventions et les appels à projet pour encourager à la fois les organisateurs d’événements sportifs et à la fois les pratiquants à avoir une approche beaucoup plus respectueuse de notre environnement au-delà des bâtiments au-delà des équipements sportifs eux-mêmes d’autre dont il faut revoir complètement aussi la conception.
Si vous avez aussi une politique cohérente qui peut être mise en place et donc comme je veux le rappeler deux priorités sont bien là, à la fois la question de la mobilité active dans les territoires et la question de répondre à l’urgence sanitaire tout simplement parce que nous nous devons faire face à une pandémie qui extrêmement grave qui est celle de la sédentarité.
Ce qui est très important c’est qu’on puisse décliner un nouveau modèle sportif à l’échelle de la planète c’est-à-dire partir du mondial au global et pouvoir le décliner de façon très cohérente au niveau national et au niveau local.
On l’a vu à l’instant avec le grand Dole qu’il y avait des outils à la disposition des élus, des services de l’administration et au service aussi du mouvement sportif dans nos territoires qui permet de décliner un certain nombre d’orientation à l’échelle d’un bassin de vie.
J’ai évoqué tout à l’heure le cahier des charges pour les grands évènements sportifs internationaux.
Il y a en effet eu un tournant au niveau du comité international olympique avec l’agenda 20-20 sur les questions d’éco responsabilité et sur des questions environnementales. C’est un travail qui est en progrès et qui continue à progresser.
Il faut que l’ensemble des institutions internationales sportives je pense aux grandes fédérations internationales intègre aussi dans leur cahier des charges non seulement aujourd’hui des critères sur la question de l’environnement mais aussi sur les droits sociaux ou les droits humains.
Vous verrez que va revenir très vite dans le débat l’organisation de la Coupe du monde de football au Qatar qui pose d’autres problèmes avec des milliers d’ouvriers qui sont morts sur les chantiers lors de la construction des stades et on va voir qu’il y aura une pression politique très forte comme la semaine dernière sur la question de la Hongrie et de la loi homophobe qui a été votée juste avant l’euro et les remous politique justifiés que ça a produit.
Vous verrez quand même que de plus en plus les prises de conscience et d’opinion vont peser très fortement sur les grandes institutions, sur les partenaires privés, sur les sponsors pour que nous allions vers un modèle plus éthique plus sobre plus vertueux en matière environnemental mais pas seulement, également au niveau des droits sociaux et des droits humains et puis localement c’est à l’échelle d’un bassin de vie autour de ma maison autour de mon quartier autour de mon territoire qu’on développe les bonnes habitudes comme aller à l’école ou au travail, dans une sortie familiale.
Comment développer l’ensemble de ces mobilités et comment mettre des équipements sportifs de qualité à disposition de nos clubs pour qu’il y ait une offre la plus complète possible à disposition de nos territoires voilà les pistes que je propose.
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Comment mettre en œuvre des pratiques sportives plus écologiques et répondant au défi climatique sans remettre en cause les courses de véhicules à moteur thermique, automobiles, moto, etc… courses de cotes, rallyes 24h. de ceci ou de cela, grands prix …. ?
Les lobbies sont-ils toujours trop puissants ou avez vous peur des motards colériques ?
Non aucune gêne de ma part j’ai évoqué la question de la conditionnalité des subvention pour les rallyes auto dans un précédent webinaire ici : http://www.juanico.fr/2020/12/10/concilier-politique-sportive-et-transition-ecologique-vers-un-sport-plus-durable-mon-intervention-au-salon-des-maires-et-des-collectivites-locales/