Ce mardi 4 mai 2021, après plus de deux mois de débats, l’Assemblée nationale s’est prononcée sur le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets.
Le texte a été adopté par 332 voix pour, 77 voix contre et 145 abstentions.
Il y a des lois qui font l’histoire de notre pays et la fierté de notre Assemblée, que ce soit par la qualité des débats, ou par la force des mesures qu’elles portent.
Cette loi climat n’en fera pas partie.
Les attentes étaient immenses, à la hauteur de l’urgence écologique dans laquelle nous sommes. Aujourd’hui, c’est malheureusement la déception qui l’emporte : ce texte ne permettra pas d’opérer le « changement culturel majeur » pourtant annoncé dans son exposé des motifs.
Evidemment en commission, il y a eu quelques avancées. Dans l’urgence écologique où nous sommes, c’est la moindre des choses : il ne manquerait plus que nous ayons fait du surplace pendant près de deux mois !
• La loi prévoit d’expérimenter un affichage environnemental destiné à apporter au consommateur une information relative à l’impact environnemental d’un bien ou d’un service.
C’est une bonne chose. Les débats ont permis de rendre obligatoire cette affichage pour l’industrie de la mode. Malheureusement le gouvernement a refusé d’y ajouter un affichage social comme nous le proposions.
• En plus de l’interdiction de vente des véhicules thermiques neufs d’ici à 2040, les débats ont permis d’élargir cet objectif aux «véhicules lourds», de type camions et autobus.
Malheureusement le gouvernement et la majorité ont refusé de voter un prêt à taux zéro garanti par l’État qui permettrait aux ménages modestes d’acquérir un véhicule non-polluant.
• Les débats ont permis d’encadrer davantage la location des passoires thermiques.
Malheureusement le gouvernement et la majorité ont refusé de reprendre notre “prime climat” qui aurait permis de massifier la rénovation énergétique des logements avec 0 euro à débourser au moment des travaux par le biais d’une avance remboursable.
Mais au-delà de ces timides pas en avant, le texte n’a ni équilibre, ni cohérence, ni ambition.
Pas d’équilibre, parce que le gouvernement a laissé de côté la question de la justice sociale, alors qu’elle est le pilier indispensable de toute politique véritablement écologique.
Rien sur l’obligation de rénovation globale des logements et sur les moyens d’y parvenir. Rien sur le prêt à taux zéro pour les véhicules peu émetteurs. Rien sur la TVA réduite pour les produits locaux et les transports communs. Rien sur la lutte contre la précarité alimentaire… Le gouvernement a balayé tous nos amendements pour “plus de justice et moins de carbone” !
Pas de cohérence, parce que le gouvernement se fixe des objectifs sans se donner, et sans donner aux acteurs économiques et aux citoyens, les moyens de les atteindre.
Où sont les investissements attendus dans les filières renouvelables (sauf pour l’hydrogène), dans le ferroviaire, dans le report modal du fret ?
Le gouvernement donne des directives générales, et dit ensuite aux collectivités, aux entreprises, aux associations, aux enseignants de se débrouiller pour y parvenir : cela n’est pas sérieux.
Pas d’ambition, enfin, parce que nous savons toutes et toutes, dans cette Assemblée et en dehors, que ce texte n’est pas suffisant pour atteindre les objectifs climat fixés par la France, et encore moins ceux fixés par l’Union européenne.
Rappelons enfin, que l’Union européenne vient d’acter une réduction d’au moins 55% de ses émissions d’ici 2030 par rapport à 1990.
Au final, c’est cette absence d’équilibre, de cohérence et d’ambition qui justifie mon vote contre ce texte.
Rendez-vous à la Marche d’Après, pour une vraie loi Climat le dimanche 9 mai à 14 heures devant la gare de Châteaucreux !
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