Lors du débat organisé hier en séance publique sur le plan « jeunes » du gouvernement, j’ai rappelé que les aides ou primes ponctuelles -mème si le montant affiché est de l’ordre de 6 à 7 milliards d’euros- ne sont plus suffisantes, alors que le marché du travail fait peser sur les jeunes, la précarité et la flexibilité depuis quarante ans.
Notre société inflige depuis trop longtemps aux jeunes générations un parcours du combattant indigne avant l’entrée dans la vie adulte en leur imposant cinq à dix ans de stages, petits boulots, contrats courts et précaires avant d’accéder à un emploi durable.
Ceux-ci aspirent à un droit à l’avenir, un accès à l’autonomie mais aussi au logement et à la santé qui nécessitent une réponse qui va bien au-delà des mesures exceptionnelles proposées à l’occasion de cette crise sanitaire.
C’est pourquoi nous proposons pour notre part de donner aux jeunes les moyens de leur autonomie :
Le détail de mon intervention :
Monsieur le Président,
Madame la Ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion,
Le plan gouvernemental « un jeune une solution » est-il à la hauteur de des conséquences de la crise sanitaire sur les plus jeunes générations ?
A l’évidence non, ce plan a le mérite d’exister mais il est clairement insuffisant. Les aides ou primes ponctuelles ne sont plus suffisantes, alors que le marché du travail fait peser sur les jeunes, devenus une variable d’ajustement structurelle, la précarité et la flexibilité depuis quarante ans.
Notre société inflige depuis trop longtemps aux jeunes générations un parcours du combattant indigne avant l’entrée dans la vie adulte en leur imposant cinq à dix ans de stages, petits boulots, contrats courts et précaires avant d’accéder à un emploi durable.
Ceux-ci aspirent à un droit à l’avenir, un accès à l’autonomie mais aussi au logement et à la santé qui nécessitent une réponse qui va bien au-delà des mesures exceptionnelles proposées à l’occasion de cette crise sanitaire.
Les travaux de la commission d’enquête que nous avons mené depuis six mois avec la rapporteure Marie-George Buffet et la présidente Sandrine Mörch pour mesurer et prévenir les effets de la crise sanitaire de la Covid-19 sur la jeunesse attestent de nombreuses conséquences sur les enfants, les adolescents et les étudiants.
Les témoignages recueillis lors de nos auditions font état d’une dégradation de l’état physique de la jeunesse, à raison de deux grands facteurs de risques : en premier lieu, la sédentarité avec une prise de poids de plusieurs kilos en moyenne, une perte de coordination et de capacité physique, mais aussi la surexposition aux écrans qui se traduit par des troubles de sommeil et de l’alimentation.
Alors que le Ministre de l’Education Nationale est aussi celui des Sports, aucun plan d’envergure de lutte contre la sédentarité n’a été prévu à l’occasion du deuxième confinement, par exemple à travers un programme de 30 minutes d’activité physique par jour à l’école, alors que les élèves étaient en classe.
Le Pass Sport pour les jeunes est une bonne idée pour encourager la reprise de l’activité physique en club prévu en 2021 mais il est sous-dimensionné avec seulement 2 millions de jeunes de moins de 16 ans ciblés sous conditions de ressources pour un montant de 50€, les lycéens et étudiants en seront donc exclus.
Les troubles psychologiques et de santé mentale se sont fortement développés pendant les confinements alors que notre pays souffre d’un déficit très important en pédopsychiatrie. En 2006, près de 1 200 pédopsychiatres formés exerçaient leur activité en France, contre 600 actuellement.
De même, le soutien psychologique aux étudiants et à leur santé mentale est extrêmement lacunaire, le ratio du nombre d’étudiants par professionnels de santé est préoccupant avec un psychologue pour près 30 000 étudiants alors que les standards internationaux recommandent un ratio de 1 pour 1500.
Selon une étude de l’Observatoire de la Vie Étudiante réalisée en novembre dernier, 50% des étudiants ont déclaré avoir souffert de solitude et d’Isolement et 71% ont présenté des signes de détresse psychologique.
Un an après l’acte désespéré d’un jeune étudiant stéphanois, Anas, qui a tenté de s’immoler devant le CROUS de Lyon pour dénoncer la précarité des conditions de vie et la paupérisation étudiante, les tentatives de suicide se multiplient, hélas, chez les étudiants.
40% des étudiants ont dû arrêter de travailler pendant les confinements et en raison de la perte de leur contrats de travail, beaucoup d’entre eux, faute de ressources financières, basculent dans la grande précarité.
Études, concours, stages, entretiens d’embauche, mobilité, séjours à l’étranger des centaines de milliers de jeunes voient leurs projets voler en éclats à cause de la pandémie Covid-19.
Le constat est là : les conditions d’entrée des jeunes dans la vie adulte se sont encore durcies à l’occasion de la crise sanitaire.
Le taux de chômage qui était déjà le double de la moyenne nationale a bondi de 16% en un an pour les 15-24 ans.
Les moins de 30 ans représentent plus de 50 % des pauvres, avec un taux de pauvreté trois plus important que les plus de 60 ans.
C’est pourquoi votre refus obstiné d’ouvrir le Revenu de Solidarité Active aux moins de 25 ans comme le demande les organisations de jeunesse est incompréhensible. Une Proposition de Loi sera d’ailleurs examinée dans quelques jours au Sénat.
L’aide financière du RSA, un filet social minimum, n’exclue pas l’accompagnement vers l’emploi comme le montre les dispositifs déployés par les Conseils Départementaux
Vous avez évoqué il y a quelques jours l’extension de la garantie jeunes vers une garantie jeunes « universelle ». Nous avons voté l’expérimentation dans une dizaine de territoires de la garantie jeunes en 2013 et sa généralisation en 2017.
Si ce dispositif qui a été évalué positivement à deux reprises par la Cour des Comptes et la DARES est efficace, c’est parce que précisément il cible les moyens d’accompagnement sur les jeunes les plus en difficultés, ni scolarisés, ni en études, ni en formation, ni en emploi de 16 à 25 ans.
Il n’a pas vocation à couvrir toutes les situations de pauvreté et de précarité des jeunes.
Madame la Ministre, allez-vous enfin donner aux jeunes les moyens de leur autonomie qui passent au vu de l’urgence, par l’élargissement du RSA au moins de 25 ans ou encore la mise en place d’un revenu de base ou d’une dotation universelle à 18 ans comme le groupe socialistes et Apparentés le propose, voire d’un revenu universel qui pourrait être expérimenté afin de permettre à tous les jeunes de s’épanouir au travers de leurs projets personnels et professionnels ?
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