Après la visite du lycée Albert Thomas vendredi 3 juillet à Roanne où nous avons été accueillis par la proviseure Corinne Benucci et son équipe pour un échange sur l’orientation des lycéens, nous nous sommes rendus le lundi 6 juillet avec ma collègue Nathalie Sarles au lycée Simone Weil de Saint-Priest-en-Jarez pour une rencontre avec le proviseur Abdelmadjid Benabida et des enseignants en charge de l’orientation.
Le lycée Simone Weil est un lycée général et technologique qui comporte 24 divisions dont 4 technologiques STMG, en plus des BTS. Le lycée forme à l’enseignement supérieur et recrute aussi des élèves du supérieur. Il compte 920 élèves, le nombre progresse chaque année, il est pratiquement à sa capacité maximale d’accueil. L’établissement est attractif, très demandé, ce qui peut entraîner des soucis d’affectation pour combler toutes les demandes des élèves du secteur. Le lycée a un excellent taux de réussite aux examens : entre 93 et 95%. L’équipe professorale s’élève à 80 professeurs environ.
Le lycée depuis les réformes ?: ?2 professeurs principaux par classe.
Ce sont des enseignants pour la plupart mais aussi des professeurs documentalistes, souvent les mêmes professeurs qui s’en occupent. Le travail d’orientation sur Parcoursup est colossale. Sur la ?mise en place des 54 heures, ?diverses actions sont réalisées dans différents temps. Les 54 heures ne sont pas effectives dans l’emploi du temps dû à la complexité de leur mise en place. Il est difficile de mettre des heures sur le fonctionnement de l’établissement. ?1h d’accompagnement personnalisé par classe de terminale est prévue dès l’année prochaine. Le proviseur envisage de dégager des plages horaires pour ces heures.Les ?54 heures se divise entre des manifestations extérieures (forums, portes ouvertes…), et des manifestations internes : présentation de science po et des CPGE qui viennent (comme celle de Fauriel), tout comme l’IAE et PACES. Pour les STMG, les trois filières en IUT sont venues également présenter leur parcours. Des ?réunions avec les parents sont organisées aussi car ils sont très demandeurs, notamment pour leur présenter le fonctionnement de la plateforme Parcoursup.
Le plus grand frein à une orientation choisie des élèves reste la lourdeur des programmes qui ne permet pas d’avoir un nombre d’heures conséquentes consacrées à l’orientation.
Quelles sont les incertitudes pour l’année prochaine : ?avec la suppression des filières, ?les professeurs ne connaissent plus les critères des établissements d’enseignement supérieur, ils n’ont aucun recul et cela pose un problème pour bien conseiller les élèves. En outre, les attendus sont locaux et flous.
En classe de première ?cette année les professeurs principaux n’ont pas eu l’ensemble des élèves à cause des spécialités. Des profs n’avaient pas la possibilité dans leur emploi du temps de réunir tous les élèves. Par exemple, un professeur principal avait 36 élèves mais ne voyait que fréquemment seulement 4 d’entre eux. L’accompagnement est efficace lorsque le professeur connaît l’individu et qu’il y a un contact quasiment permanent entre l’élève et le professeur. Sans connaître les élèves c’est difficile de bien les conseiller et les accompagner.
Moyens concrets déployés pour accompagner l’orientation des élèves ?: le professeur affirme qu’il a pris une heure sur ses cours pour l’orientation, sur un programme lourd. Il fait un point régulier avec ses élèves sur une messagerie whatsapp. Les élèves en sont demandeurs, acteurs, ils la modèrent. Cela a permis de résoudre des points et d’avoir d’autres modes de contact hors sentier pédagogique et de répondre directement aux élèves.
L’orientation est une implication forte dans le quotidien des professeurs : problème de temps sur l’orientation donc ils prennent ce temps sur les heures de cours. Ils prennent aussi des heures en dehors de leur emploi du temps, pour conseiller et aider les élèves dans leurs choix. En outre, Parcoursup fait qu’ils doivent être investi constamment. Suite à l’inscription des élèves sur la plateforme, ils prononcent ensuite leurs voeux puis attendent les réponses. Tout cela se déroule dans des délais précis qu’il faut respecter. Les professeurs doivent s’assurer qu’aucun de leurs élèves ne manquent des échéances. Il y a donc un suivi des dossiers pour s’assurer que tous les élèves ont bien rempli les leurs.
Auparavant sur APB, la réponse se faisait que sur un vœu alors que maintenant la réponse est progressive. Il faut la confirmer dans un délai précis donc les professeurs doivent conseiller les élèves sur ces réponses, leur rappeler également qu’il faut qu’ils confirment leurs vœux dans les délais. Gérer le stress d’élèves en liste d’attente aussi.
Nouveauté de l’an dernier par rapport au lycée général : les ?élèves généraux n’ont plus vraiment d’accès à des études courtes alors même que désormais l’orientation se joue en seconde. C’est prématuré de demander à des secondes de se projeter. Dès que les élèves l’apprennent, ils peuvent ressentir un sentiment d’injustice. ?Un autre problème qui concerne les élèves très bons : ils ne sont pas pris en faculté et ce phénomène est de plus en plus fréquent (à cause des quotas). Concernant les élèves avec un mauvais dossier scolaire, ils ne sont pas pris en BTS ni en IUT ni dans les filières en université sous tension. De fait, il faut inciter les élèves à se tourner vers les filières technologiques qui sont aussi des filières d’excellence.
Avantages de Parcoursup? :
– Abandon du classement. Les élèves peuvent désormais changer d’avis, cela leur enlève de l’anxiété car dès les premiers résultats ils ont pu établir leur vœu préféré ;
– Réactivité des services de Parcoursup pour les élèves et les équipes pédagogiques, facilité d’utilisation de la plateforme.
Inconvénients :
– les interfaces de la plateforme sont différentes entre les élèves et les profs. Même pour les conseils sans la même interface c’est plus difficile.
Autres remarques :
– Parcoursup est un bon outil qui ne marche pas sans un accompagnement de l’inscription jusqu’aux résultats des vœux. Sans cela, des dommages collatéraux vont être constatés pour les élèves. Il faut laisser du temps pour la stratégie de l’orientation dès le début de la seconde jusqu’au dernier jour de la terminale.
– Accès aux écoles d’infirmier sur Parcoursup c’est très délicat et opaque : l’année dernière, des bugs de la plateforme ont fait croire à des élèves qu’ils étaient pris alors que non : pas évident à vivre pour les élèves.
– Idée quotas DUT/BTS : l’enseignement supérieur est très stéréotypé : le bon élève fera des études longues, l’élève moyen fera un DUT, un élève encore moins bon fera un BTS alors que les parcours sont beaucoup plus diversifiés aujourd’hui. Impression que Parcoursup raisonne encore comme ça. Freins avec les quotas qui sont un peu stéréotypé. Des élèves abandonnent car que pris en première année de licence. ?Pas de marge de manœuvre dans les quotas, il y a un pourcentage à respecter, déterminé par le recteur.
– Sur les professeurs principaux, ?la formation est demandée?. Le ?système de doublement est efficace pour remplir la fiche de Parcoursup : ?plus équitable pour l’élève et partage de travail apprécié.
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