Dans le cadre de nos auditions du groupe de travail « vie associative et crise sanitaire » à l’Assemblée Nationale avec Fabienne Colboc, nous avons échangé en visio-conférence avec Jacques Bailet, président national de la fédération des Banques Alimentaires.
Jacques Bailet, président national de la fédération des Banques Alimentaires nous a alerté à l’occasion d’une audition du groupe de travail « vie associative et crise sanitaire » à l’Assemblée Nationale : « les associations de solidarité qui ont tenu bon depuis le début de la crise sanitaire vont avoir besoin de tous leurs bras, des bénévoles qui sont aujourd’hui les premiers de tranchée » !
Selon une enquête nationale du Mouvement Associatif et de Recherches et Solidarités, 65% des associations ont complètement cessé leurs activités. Mais la grande majorité des associations de solidarité qui viennent au secours des personnes les plus fragiles, les plus vulnérables (SDF, sans-logement, demandeurs d’asile,…) poursuivent fort heureusement leurs missions.
Les Banques Alimentaires qui distribuent chaque année 110 000 tonnes d’aide alimentaire aux plus démunis ont adapté leur organisation sur le terrain : un ou deux bénévoles maximum dans les camions, regroupement des points de collecte et de livraison, port du masque, gel hydro-alcoolique, fréquence des ramasses dans les grandes surfaces moins importante…
Ces associations de solidarité souffrent. Les dons et le mécénat se font plus rares comme on le voit avec la Communauté Emmaüs. Les Banques Alimentaires manquent de produits frais, de lait et les collectes alimentaires du printemps n’ont pas pu être réalisées.
Cette continuité des activités pour les associations de solidarité est possible grâce à la mobilisation de bénévoles actifs, plus jeunes et la plupart du temps en chômage partiel (10 sur 30 bénévoles dans la Loire) ou des jeunes volontaires en service civique qui suppléent les bénévoles habituels, plus âgés qui sont logiquement confinés.
La situation pour cet été et la rentrée de septembre suscite de grandes inquiétudes, avec des stocks de denrées qui seront entamés, alors que le recours à l’aide alimentaire sera en forte progression avec les multiples pertes d’emploi, la progression de la précarité et de la pauvreté inéluctables.
Avec le déconfinement progressif, les bénévoles actifs vont devoir reprendre leurs activités professionnelles… Ils devront être remplacés par les bénévoles seniors au risque d’aggraver la crise sanitaire et sociale à venir
La vie associative est d’une formidable richesse ! Elle est forte de l’engagement de 18 millions de bénévoles dans plus d’1 million d’associations. Mais sans les retraités, il n’y aurait pas de vie associative dans notre pays !
40% des plus de 60 ans, sont membres d’une association. Ce taux de participation culmine entre 60 et 70 ans à 45%. Mieux encore, en ce qui concerne le bénévolat responsable, 50% des présidents d’association sont des retraités, le tiers a plus de 65 ans.
Après le 11 mai, les seniors ne seront pas contraints de rester chez eux. Cette décision relèvera de leur responsabilité individuelle. Les bénévoles seniors sont indispensables au bon fonctionnement des associations de terrain.
Mais nous devons aussi protéger cette population si elle doit reprendre ses activités bénévoles. Les plus de 65 ans représentent 70% des hospitalisations et 90% des décès suite au Covid-19.
Par le respect des gestes barrières, une évidence pour tous à présent mais aussi par un test de dépistage au Covid-19 de façon à protéger les populations qui seront au contact -même à distance- de ces volontaires et aussi les autres bénévoles.
Je propose que les bénévoles seniors qui souhaitent reprendre leur engagement à partir du 11 mai puissent bénéficier en priorité d’un test de dépistage au Covid-19.
Lors de l’audition de Jean-Michel Blanquer en Commission des Affaires Culturelles et de l’Education, j’ai interrogé le Ministre de l’Education nationale sur la possibilité de tester les bénévoles “séniors” indispensables au fonctionnement des associations de solidarité.
Le détail de mon intervention :
Monsieur le Ministre,
Vous avez évoqué tout à l’heure les 12000 missions de service public dans l’éducation nationale pouvez vous nous évoquer aussi les autres missions de service civique et leur rôle dans la periode de déconfinement et pouvez vous nous dire ce que deviennent les sessions de service national universel qui étaient prévues en juin et en juillet dans nos territoires ?
Il y a une deuxieme question pour le Ministre de l’engagement et de la vie associative. Vous savez qu’il y a des associations de solidarité comme la Banque alimentaire qui fonctionnent avec les jeunes actifs qui ont remplacé les bénévoles séniors, confinés par précaution. Ces jeunes actifs vont devoir reprendre leurs activités. Est-il envisageable à partir du 11 mai qu’il y ait un test de dépistage automatique de ces séniors pour qu’ils puissent reprendre leurs activités ?
La réponse du Ministre :
Sur les questions du Député Juanico. Là encore, beaucoup de choses à dire. Oui, effectivement la mobilisation des Services Civiques va au-delà des 12.000, ne serait-ce que parce qu’un certain nombre de Services Civiques se trouvent sans affectation, du fait des circonstances. Nous pouvons les réaffecter sur l’Education, ça fait partie du travail qui est mené actuellement dans l’Agence du Service Civique.
Sur le SNU, c’est vrai qu’il est modifié, que sa configuration est forcément touchée par ce qui se passe. Mais l’esprit SNU est plus que jamais nécessaire. Nous avons besoin de civisme, nous avons besoin de capacités. Vous vous souvenez que dans l’exposé des motifs, il y a la capacité à résister, la capacité de résilience du pays à des crises comme les crises sanitaires. ? Si nous réussissons à former chaque génération à ce qui est une façon de réagir, collectivement et aux façons de servir autrui dans des circonstances comme celle-là : nous préparons notre société aux circonstances qui peuvent exister dans toute société en tout temps, en cas de crise.
Donc avec Gabriel Attal, nous nous expliquerons sur le SNU, dans les prochains temps. Nous allons probablement inverser les périodes, c’est-à-dire que les périodes qui étaient prévues fin juin pour les élèves de 16 ans, risquent d’être reportées à la fin de l’année civile, en fonction des circonstances sanitaires. Mais nous ferons vivre l’esprit SNU dès les mois de juin-juillet, à travers du volontariat des élèves pour des missions d’intérêt général, dans le contexte de crise que nous connaissons. Et ce sera d’ailleurs à articuler avec le Service Civique.
Sur les associations de solidarité, vous avez demandé si les bénévoles peuvent avoir un test. La réponse à cette question viendra de la théorie, de la doctrine générale élaborée par le Député Jean Castex et elle [concernera] le Premier-Ministre sur les tests dans la population française. Et donc il s’exprimera le moment venu, sur ce point.
Et donc dans ce dispositif de 2S2C dont je parlais, vous demandez s’il y a une forte inclusion du monde associatif. Je le redis : Oui, très fortement ! Et autant que possible, d’autant plus que ça a été dit par vous et par plusieurs d’entre vous, on a besoin de remettre en selle, si je puis dire, le monde associatif, très fortement touché comme le monde économique, par la période de confinement que nous sommes en train de vivre.
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Il me semble que des sérologies seraient plus adaptées, en la circonstance.
Etant moi-même concerné, j’approuve pleinement l’initiative de Régis JUANICO et espère vivement qu’elle soit suivie d’effet par le gouvernement de manière à permettre aux seniors, dont je fais partie, de pouvoir avoir à compter du 11 mai prochain, une capacité d’activité plus conforme, aux responsabilités associatives qu’ils exercent.
C’est sympa de penser aux bénévoles associatifs, d’autant plus à ceux qui interviennent dans l’humanitaire et l’alimentaire.
Le gouvernement n’y pense pas beaucoup