J’étais, ce mercredi 2 mars, invité à m’exprimer sur l’actualité dans l’émission Parlement’Air sur La Chaîne Parlementaire – LCP. J’ai ainsi été amené à répondre aux questions de la journaliste Marion Lefebvre-Becker, face à la députée Les Républicains d’Ille-et-Vilaine Isabelle Le Callennec.
En cette semaine du Salon de l’Agriculture, la question de la crise que traversent les agriculteurs a été bien sûr centrale. Au lendemain du lancement symbolique du plan d’urgence de formation des chômeurs, je suis également revenu sur la nécessité de conduire une politique de l’emploi véritablement efficace, tenant compte du bilan des actions menées, avant de légiférer à nouveau sur le travail. Enfin, nous avons terminé sur la question de l’interdiction de l’exploitation et de l’exploration des gaz de schistes.
Aujourd’hui, le constat est partagé par tous : les agriculteurs souffrent d’une crise qui n’est pas simplement conjoncturelle mais structurelle. Celle-ci est d’une double nature :
Quoi qu’il en soit la réponse n’est pas à chercher du côté d’une course à la compétitivité avec nos voisins allemands par exemple. Nous voulons promouvoir un autre modèle d’agriculture, non pas fondé sur le productivisme, mais sur la qualité, la diversité et le proximité. Nous souhaitons ainsi favoriser les circuits courts en particulier dans la restauration collective, le “patriotisme alimentaire” et la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Il faut également revenir sur la loi de modernisation de l’économie (LME), loi que je n’avais pas votée en 2008, et qui favorise dans les négociations les distributeurs et les industriels au détriment des producteurs.
L’introduction de prix planchers peut permettre de rééquilibrer ces négociations. Il faut aussi davantage de transparence : il est étonnant que des grands groupes comme Lactalis ou Bigard ne publient pas leurs bilans financiers. Pour que les députés puissent avoir une vision claire de ce qu’il se passe, il a fallu que la rapporteure du budget, Valérie Rabault se rende à Bercy pour avoir connaissance de leurs comptes. Ces données sont indispensables pour comprendre où sont les marges financières car aujourd’hui la grande distribution et les transformateurs ne cessent de se renvoyer la balle. Et, au final, ce sont toujours les mêmes qui paient les pots cassés : les producteurs. Il faut donc des outils pour permettre aux agriculteurs de vivre décemment de leur travail.
Avec le plan d’urgence de formation des chômeurs, le gouvernement souhaite former 500 000 demandeurs d’emploi en mettant pour cela 1 milliard d’euros sur la table. Les Régions co-financeront ce plan, mais sans aller au-delà de leurs fonds propres.
A mon sens, il manque une politique de l’emploi qui soit réellement efficace car aujourd’hui nous sommes en échec. Il y a aujourd’hui entre 600 et 700 000 chômeurs de plus depuis 4 ans que nous sommes au gouvernement. Au lieu de faire de nouveaux textes sur le travail, comme on s’y prépare (et sans parler des reculs), il serait plus utile de consacrer la fin de la mandature à évaluer l’efficacité des politiques publiques existantes, majorité et opposition ensemble. Je pense notamment au Pacte de Responsabilité : 40 milliards d’euros et pour quelles contreparties ? En face, nous n’avons pas les résultats de ce qu’auraient pu faire les entreprises en termes de création d’emplois.
Quant au plan de formation des chômeurs, il faut également s’interroger, l’UNEDIC annonçant qu’il engendrerait seulement 25 000 créations d’emplois. Les chefs d’entreprises sont-ils prêts à jouer le jeu derrière, en termes d’embauches et de création d’emplois ?
L’enjeu, à ce stade, n’est plus de légiférer à la va-vite comme le gouvernement a commencé à le faire avec la loi El Khomri mais bien de regarder l’efficacité de ce que nous avons et de corriger ce qui ne fonctionne pas. Par exemple, l’extension du travail du dimanche, contenue dans la loi Macron, on voit que c’est un dispositif qui ne marche pas sur le terrain. Alors qu’est-ce qu’on en fait ? Il y a eu tout un tas d’assouplissements sur le temps de travail, il faut regarder si c’est vraiment un levier pour créer de l’emploi, ce que je ne pense pas.
Enfin, sur les gaz de schistes, nous avions voté une loi en 2011 une loi interdisant la fracturation hydraulique ce qui était une première avancée. L’actualité sur cette question, c’est la vaste mobilisation qu’il y a eu dans le Gard suite à la suspension par la justice de l’interdiction faite à Total de rechercher du gaz de schiste dans une zone de 4 000 km², qui concerne notamment deux départements de notre région : l’Ardèche et la Drôme. Le ministère de l’écologié a fait appel de cette décision, donc l’histoire n’est pas terminée.
Et puis, il y a un engagement très clair du gouvernement d’interdire, dans le cadre de la réforme du code minier actuellement en cours de finalisation, toute délivrance de permis de recherche et d’exploration des gaz de schiste.
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