Mon collègue, Christian Bataille, a réagi aujourd’hui au nom du Groupe Socialiste suite aux déclarations du chef de l’Etat lors de sa visite au Vatican. Ces déclarations constituent une violation sans précédent des principes républicains fondamentaux rappelés dans l’article 1 de notre Constitution : “La République française est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale”
En effet, celui-ci a déclaré que nous devions assumer nos « racines chrétiennes » mais surtout que « La morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini. Ensuite parce qu’une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité. »
Il a ensuite prôné ce qu’il appelle une laïcité « positive » dans laquelle l’Etat faciliterait la vie des organisations cultuelles.
Cette conception soit-disant « ouverte » et « positive » de la laïcité, plus favorable aux mouvements religieux, quels qu’ils soient, est calquée sur les modèles anglo-saxons et fait frémir les associations de lutte contre les sectes. Rappelez-vous la rencontre de Nicolas Sarkozy avec Tom Cruise, apôtre convaincu de l’église de scientologie, régulièrement pointée du doigt et dénoncée pour ses dérives.
Non, la laïcité ne doit pas être ouverte ou fermée, positive ou négative, elle doit être simplement défendue comme ciment de notre pacte républicain. La république française est laïque, c’est à dire qu’elle laisse le droit à chacun de croire ou de ne pas croire, à partir du moment où cela reste cantonné dans la sphère privée. La garantie de ce droit nous permet d’avancer ensemble avec comme idéaux la fraternité et la liberté, et non la foi dans une transcendance, quelle qu’elle soit.
Nicolas Sarkozy a pleinement le droit de croire et de pratiquer sa religion, mais le Président de la République Française ne doit pas afficher ses convictions religieuses. Et c’est bien ce qu’il fait, quand, lors d’un voyage officiel, on le voit réciter ostensiblement ses prières.
Croyants ou non, notre République s’est construite en nous garantissant cette liberté. Réaffirmer ces principes, ce n’est pas bafouer ou insulter les croyances des uns ou des autres, c’est bien au contraire leur garantir le respect, sans prééminence d’une pratique sur l’autre.
Ces attaques sont particulièrement graves car elles préparent le terrain à une future « réforme » de la loi de 1905. Et comme à son habitude, le Gouvernement utilise le mot « réforme » pour maquiller reculs et renoncements. Comme Michèle Alliot-Marie a refusé de nous expliquer de quelle manière elle voyait l’évolution future de la loi de 1905, nous devons nous préparer au pire. Le combat pour la défense de la laïcité est d’une actualité brûlante et nous ne devons avoir de cesse que de la défendre contre tout les obscurantismes.