Le mardi 23 octobre, j’ai voté, avec mon groupe, contre le projet de loi de finances pour l’année 2008.
Ci-joint l’explication de vote du groupe socialiste radical et citoyen.
“Beaucoup le craignaient, aujourd’hui nous en sommes certains : les 15 milliards de cadeaux fiscaux, voulus par le Gouvernement et votés par la majorité alors qu’ils n’étaient ni financés ni gagés, ne le seront pas davantage par ce budget. C’est donc un budget inconséquent ; ne serait-ce que pour cette raison, le groupe socialiste ne le votera pas.
Mais il y a plus grave : ce budget est celui des promesses oubliées. Le candidat Nicolas
Sarkozy avait promis que ceux qui le souhaitaient pourraient travailler plus ; or le volume d’heures supplémentaires prévu est le même que celui de l’année dernière. Il s’était engagé à ce que les Français puissent gagner plus ; or les documents budgétaires, fournis par Bercy, prévoient que la progression du pouvoir d’achat sera moindre que celle envisagée en 2006, dans le dernier budget du gouvernement Villepin. « Travailler plus pour gagner plus » ne sera pas possible en 2008.
Il avait également été promis que les personnes ayant acheté leur résidence principale pourraient déduire les intérêts d’emprunt de leurs revenus imposables pendant cinq ans. Mais seuls ceux qui ont contracté un emprunt après le 6 mai seront concernés. C’était une promesse juridiquement intenable – rendons hommage à Éric Woerth d’avoir été l’un des premiers à le souligner…
Le candidat avait évoqué à Agen les « patrons voyous », s’engageant à mettre fin aux avantages invraisemblables que certains s’octroient sous la forme de stock options, retraites dorées et parachutes du même ton. Malheureusement, Mme Lagarde et M. Woerth n’ont pas dû assister à cette réunion, car ils se sont refusés à toute mesure permettant de mettre un terme à ces pratiques indignes.
Il avait été dit que les efforts pour redresser le pays seraient partagés. La semaine dernière, la majorité a refusé de taxer les compagnies pétrolières ; cette semaine, elle votera l’instauration des franchises médicales.
Enfin, la dette publique devait baisser. Il n’en sera rien, car ce budget est fondé sur un taux de croissance irréaliste. Au nom de quoi notre pays serait-il le seul épargné par une crise financière, quand nos principaux partenaires, telle l’Allemagne, révisent à la baisse leurs prévisions de croissance ? Nicolas Sarkozy dit vouloir 3 % de croissance, mais la parole présidentielle ne suffira pas à nous prémunir contre la crise, et elle cèdera, comme la ligne Maginot, dès les premières attaques.
Pis encore, ce budget est celui des reniements programmés. Certes, les crédits pour l’enseignement supérieur, la recherche et la justice sont privilégiés, mais ils seront les premières victimes des régulations budgétaires. S’agissant des prélèvements obligatoires, la fiscalité écologique ne se substituera pas aux taxes existantes, mais s’y ajoutera. Quant à la CRDS, la CSG et la TVA, la question n’est pas de savoir si elles augmenteront, mais quand ! Certainement après les élections municipales – mais avant la présidence de l’Union, car le chef de l’État ne pourra se prévaloir d’une quelconque autorité si les finances du pays vont à vau-l’eau !
Budget inconséquent, budget des promesses oubliées et des reniements programmés : le groupe socialiste votera contre.”