François Bayrou a parlé cet après-midi. Le débouché qu’il donne aujourd’hui au score qu’il a réalisé le 22 avril peut apparaître frustrant pour tous ceux qui en toute sincérité ont voté pour lui, avec comme première motivation une volonté de changement politique… La réponse apportée à l’appel d’air frais est on ne peut plus classique : la création d’un appareil politique, le Parti Démocrate, l’annonce qu’il présentera des candidats de ce parti aux élections législatives dans les 577 circonscriptions et aux élections municipales. Il a surtout donner rendez-vous à ses électeurs en 2012, en enjambant allègrement l’enjeu et l’issue de la confrontation démocratique du 6 mai.
Et pourtant, si comme prévu, il n’a pas donné de consigne de vote explicite pour le second tour, son message plus ou moins “subliminal” est très clair pour l’électeur du 1er tour qui se donne la peine de lire entre les lignes.
Il a tout d’abord accepté la proposition d’un débat sur les idées devant tous les Français que lui a proposé Ségolène Royal en début de semaine. Nicolas Sarkozy a refusé net un tel débat.
François Bayrou a eu des mots très durs vis-à-vis de Nicolas Sarkozy: “il risque d’aggraver les déchirures du tissu social” sur ses méthodes, son comportement démocratique : “son goût pour l’intimidation et la menace”, sa proximité avec les milieux d’affaire et les puissances médiatiques: “il va concentrer les pouvoirs comme jamais”. Il a comparé Sarkozy à Silvio Berlusconi (et il y a quelques mois, lors des élections générales en Italie, il avait défendu la candidature de Prodi contre Berlusconi).
Bref, cet après-midi, Bayrou a très clairement laissé entendre qu’il ne voterait pas Nicolas Sarkozy.
Le vote en faveur de Ségolène Royal est le débouché naturel pour une grande partie des électeurs qui ont voté Bayrou. Nicolas Sarkozy dans cette campagne s’est considérablement déporté vers la droite. Il dessine une France conservatrice, autoritaire, dure avec les plus faibles, une société fermée avec des relents xénophobes. Ségolène Royal incarne une France rassemblée, humaniste, fondée sur l’égalité des chances, une société ouverte. Il nous faut donc déployer le pacte présidentiel en insistant sur l’école, la priorité à la recherche et l’innovation, sur l’emploi des jeunes, sur sa dimension sociale (la lutte contre les inégalités), sa dimension institutionnelle (la rénovation démocratique), sa dimension écologique (l’excellence environnementale) et enfin sa dimension européenne (la relance économique et institutionnelle).