Dans le cadre de son projet “Comédie des Villes”, La Comédie de Saint-Etienne part chaque année à la rencontre des habitants de Saint-Etienne dans sept quartiers stéphanois.
Je suis allé voir la semaine dernière à l’Amicale Laïque du Soleil la pièce “Chaque pas que fait le soleil” écrite par l’algérienne Maïssa Bey, mise en scène par Yves Bombay et interprétée par deux acteurs talentueux Sophie Barboyon et Antoine Sastre.
Le thème de la pièce est la captivité. Prise dans la tourmente du monde, une femme est prisonnière d’un groupe armé. Elle est journaliste ou romancière. Pour assouvir son besoin d’écriture, elle se procure, avec l’aide de son gardien, des feuilles de papier qu’elle noircit de mots dans le secret de sa détention. En échange, elle lui lit ses textes, lui offrant ainsi quelques moments d’évasion vers un monde où les choses ont une couleur, une saveur, et sont encore irriguées par la vie. Sa quête à elle, otage recluse : se souvenir de « l’odeur de la terre après la pluie » ou « retrouver la lumière qui vacille au bord de la mémoire »…
Ambiance oppressante, haletante pendant les cinquante minutes de représentation servie par un superbe texte : on ne peut s’empêcher de penser aux conditions de la captivité d’Ingrid Betencourt ou de Florence Aubenas hier.
J’ai déjà eu l’occasion en début d’année devant mes collègues du Conseil Général de souligner le caractère exemplaire des actions menées dans le cadre de la Comédie des villes qui a le mérite de renouer avec la tradition du théâtre décentralisé et populaire du maitre Jean Dasté. Rencontres conviviales avec l’équipe artistique de la Comédie avant et après le spectacle, répétitions ouvertes au public, tarif préférentiel, ouverture aux jeune scolaires, travail des acteurs en “résidence” sur l’identité et la mémoire des quartiers stéphanois : tous les ingrédients d’une culture populaire de qualité, accessible à tous sont réunis. Bonne nouvelle : deux quartiers supplémentaires de Saint-Etienne pourront bientôt en profiter !