Je suis allé voir récemment « Indigènes » de Rachid Bouchareb. Les acteurs, Djamel Debbouze (Saïd), Samy Naceri (Yassir), Roschdy Zem (Messaoud), Sami Bouajila (Abdelkader) et Bernard Blancan (Martinez) y jouent remarquablement bien. Le prix d’interprétation masculine remporté à Cannes cette année est amplement mérité.
Ce film de guerre qui rend -enfin- hommage aux tirailleurs maghrébins et africains qui se sont engagés à l’été 1943 aux côtés des troupes de la France Combattante pour libérer la France du joug nazi devrait être projeté dans tous les collèges. On y voit les discriminations faites à ces soldats de l’Armée d’Afrique (permissions, nourriture, promotion…) en même temps que leur extrême bravoure au combat (il est bien connu que le commandement les envoyait souvent en 1ère ligne…).
La sortie du film de Rachid Bouchareb a également permis de mettre fin à une injustice vieille de 40 ans : celle née d’une décision du Général de Gaulle de geler les pensions des anciens combattants issus des colonies qui touchaient depuis lors 3 à 10 fois moins que leurs frères d’armes Français. Même si aucun arriéré ne sera versé et que l’effort de rattrapage ne sera « que » de 110 millions d’euros par an, j’aurais souhaité que ce geste de reconnaissance vienne en son temps d’un gouvernement de gauche. Celui-ci avait été condamné pour discrimination par le Conseil d’Etat en 2001 mais avait renoncé devant le montant financier estimé (2 milliards d’euros !) de la revalorisation des pensions.