La commission d’enquête du Sénat « sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques » a mis en évidence qu’en 2021, les dépenses de l’Etat en cabinets de conseil ont dépassé le milliard d’euros. il a fortement augmenté pendant le quinquennat Macron puisqu’en 2018, les dépenses de conseil des ministères se limitaient à 379,1 millions d’euros.
Depuis les années 2000, on observe un recours croissant aux consultants du secteur privé qui se sont rendues irremplaçables dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. Ce sont des grands cabinets de conseil comme Accenture, Bain, Boston Consulting Group (BCG), Capgemini, Eurogroup, EY, Wavestone, PwC, Roland Berger ou encore McKinsey.
Leur présence touche tous les secteurs de l’action publique. La santé, l’éducation et l’hôpital n’y échappent pas.
Ce recours croissant au privé traduit défiance de plus en plus en grande au sommet de l’Etat et de l’élite technocratique à l’égard des fonctionnaires de terrain. Ces derniers sont souvent vus comme des facteurs de résistance au changement.
Elle est le signe aussi d’une porosité grandissante d’une «hybridation» entre l’élite de la haute fonction publique et l’élite du secteur privé à l’instar des nombreuses connexions entre les anciens de McKinsey, les cabinets ministériels et les équipes de Macron. Entre ces deux sphères, les «portes tambours» (revolving doors) fonctionnent à plein. Ces allers-retours de hauts fonctionnaires entre le public et le privé participent de l’externalisation de la réforme de l’Etat à des structures privées.
On est face à une dépendance structurelle : les cabinets de conseil plaident pour l’amaigrissement de l’Etat par l’intermédiaire d’une baisse des fonctionnaires. Pour parer ensuite au manque de fonctionnaires, ils proposent leurs propres services à l’Etat.
Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux -et les effets pervers de mécanismes tels que les plafonds d’emploi- a amplifié le recours un prestataire externe, faute de ressources internes à la fonction publique.
On coupe désormais dans les services centraux tant l’administration territoriale a souffert depuis plus de dix ans.
La réforme de la haute fonction publique voulue par Macron se traduit notamment par la fin de certains grands corps préfectoraux, diplomatiques et l’arrêt du recrutement direct à la sortie de l’ENA – devenue Institut national du service public le 1er janvier.
Il est paradoxal de faire toujours plus appel à des cabinets de conseil sur des questions stratégiques tout en affaiblissant les inspections générales, qui consacrent pourtant 70 % de leur temps à faire du conseil et du contrôle… le tout « gratuitement ».
On appelle cela le «new public management», des logiques néolibérales appliquées en entreprise qui ont peu à peu gagné le secteur public. En marche est symptomatique de cet avènement de la république des managers.
McKinsey est devenu le symbole de la polémique qui enfle. Le sujet est revenu sur le devant de la scène politique le mardi 18 janvier. Quand deux directeurs associés de McKinsey en France, Karim Tadjeddine et Thomas London, se sont montrés incapables de justifier, lors d’une audition, devant la commission d’enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseil, le rôle que l’on prête au leur auprès de l’Etat dans sa gestion de crise sanitaire.
Le cabinet américain a géré la « bascule informatique » dans le cadre de la réforme des APL avec quatre missions pour un montant de 3,88 millions d’euros (M€). Il a aussi été très actif dans la gestion de la crise sanitaire, empochant, pour diverses missions, 12,33 M€. L’intérêt de plusieurs prestations est remis en cause : un travail à près de 1 M€ pour une réforme des retraites avortée, 330 000€ pour la réforme de l’assurance chômage, 500 000 euros pour la contribution à un colloque qui n’a jamais eu lieu ou des études dont le ministère de l’Éducation est incapable de dire si elles ont été utiles…
Le montant de ces mission a parfois été évalué à 50 000 euros par jour.
En transférant ses fonds vers le Delaware, un paradis fiscal aux Etats-Unis, McKinsey échappe à toute imposition sur ses bénéfices en France depuis une dizaine d’années grâce à de l’optimisation fiscale, alors qu’il a perçu des millions d’euros du gouvernement pour ses différentes missions.
Il suffit de consulter les comptes déposés au greffe de McKinsey & Company SAS, filiale française du géant américain dont le siège social parisien est domicilié 90, avenue des Champs-Elysées, pour s’en rendre compte : elle ne paie pas le moindre Impôt sur les Sociétés depuis des années tout simplement parce que ses bénéfices affichés sont négatifs : 596 326 euros en 2020, après une perte de 1,09 million en 2019.
Le chiffre d’affaires total français de McKinsey est pourtant de 329 millions d’euros en 2020.
Il existe toutefois une autre entité locale, unique associé de la précédente : McKinsey & Company Inc. France. Elle aussi formellement domiciliée sur les Champs-Elysées, sauf que son véritable siège social a été transféré en mars 2021 dans l’Etat américain du Delaware, siège mondial de la firme, paradis fiscal logé au sein des Etats-Unis et berceau électoral du président Joe Biden. McKinsey Inc. France n’est donc plus tenue de publier ses comptes dans l’Hexagone : opacité garantie.
Selon Le Canard enchaîné, McKinsey n’aurait pas sollicité d’accord préalable pour ces montages décrits par le Sénat comme un « exemple caricatural d’optimisation fiscale ». Et le fisc n’aurait pas adressé de demande d’information ni lancé de contrôle fiscal avant l’automne 2021, malgré des déficits répétés dans l’Hexagone…
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Je suis scandalisée par tout ce que l’on entend. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Moi je paye des impôts sur ma retraite et j’ai cotisée 42 ans. Toutes ses sociétés s’enrichissent sur notre dos. Plus de fonctionnaires. pour une demande d APL il faut attendre 10 mois avant d’avoir une réponse qui vous dit qu’il manque des documents. Nous sommes dans un monde de sourds. Je pense qu’aucun candidat ne pourra remédier à tous nos problèmes.
J’ai bien une solution pour le prochain candidat “augmenter nos impôts”. Mais pour cela faudra t’il encore payer une société étrangère qui fera une étude….