A l’occasion de l’ouverture du 45e congrès de l’Anestaps (Association Nationale des Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) à la halle Jean Pellez d’Aubière -antre de l’athlétisme régional-devant 500 étudiants venus de toute la France hier soir, j’ai eu l’honneur d’inaugurer la première friperie solidaire d’équipements sportifs.
Ce lieu au cœur de la Maison de la vie étudiante permettra aux étudiants de bénéficier de prêt ou d’achat à prix très réduit d’équipements pour la pratique sportive.
Nous avons tous été choqué par les images des étudiants dans les files d’attente des banques alimentaires au cours de la crise sanitaire, la précarité et la pauvreté qui touche les étudiants en très grande fragilité physique et psychologique avec la pandémie de la Covid-19. L’ANESTAPS avec la FAGE anime de très nombreuses épicerie solidaire Agoraé comme à Saint-Etienne.
Comme je n’ai cessé de le répéter à Frédérique Vidal depuis vingt mois, les étudiants en STAPS sont une force de frappe considérable en matière de solidarité et d’entraide au sein des universités.
L’activité physique en plein air encadrée aurait pu constituer une bouffée d’oxygène collective pour des étudiants isolés. A part quelques initiatives isolées, aucune impulsion n’a été donnée par le Ministère. Quel gâchis !
J’ai formulé trois propositions simples issues de mon rapport pour lutter contre la sédentarité pour alimenter « l’Educathon sport-santé » de l’ANESTAPS :
1. Généraliser des tests de condition physique régulier à l’université sur le modèle de l’application « Tous en Forme » proposée par l’Université de Paris
2. Créer une Unité d’Enseignement libre d’activité physique et Sportive obligatoire dans l’enseignement supérieur
3. Promouvoir des campus « actif » promoteurs de la santé, à l’image des expériences menées dans l’enseignement supérieur au Canada.
Pour rappel, j’ai déjà fais part de mon positionnement pour éviter que les futurs professionnels du sport formés à l’université ne soient les sacrifiés de l’enseignement supérieur !
J’apporte mon soutien aux étudiants et aux enseignants de la filière STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques » qui se sont fortement mobilisés dans la rue à Paris et partout en France, mercredi 13 octobre, pour défendre leur conditions d’études, de travail et demander des moyens financiers, humains supplémentaires.
J’avais déjà interpellé Frédérique Vidal le 28 septembre à ce sujet.
A l’Assemblée Nationale, j’ai interrogé à ce sujet le président de la Conférence des Présidents d’Université, Manuel Tunon de Lara :
Le détail de mon intervention :
« Mr le Président de la CPU,
Je souhaite évoquer avec vous l’activité physique et sportive au sein de l’enseignement supérieur.
Seulement 20% des étudiants pratiquent régulièrement une activité physique au sein de leur université alors que 70% souhaiteraient le faire. 60% des jeunes qui sont licenciés dans une association sportive dans le secondaire contre seulement 13% de licenciés à l’université.
Plusieurs explications à cette faible pratique : Une offre sportive peut-être non adaptée à leurs besoins, leurs emplois du temps mais aussi des infrastructures vieillissantes effectivement, et parfois en mauvais état.
Comme je l’ai dit à la Ministre Frédérique Vidal, la semaine dernière, la crise sanitaire aurait pu être l’occasion pour les étudiants isolés, en grande fragilité physique et psychologique, de se retrouver en présentiel, en collectif, avec des activités physiques adaptées de plein air, pour leur santé. D’autant plus que l’encadrement existe avec les SUAPS et les STAPS.
Nous avons fait deux propositions avec Marie Tamarelle dans notre rapport sur la sédentarité, pour les universités.
La première, c’est des tests de conditions physiques généralisés comme cela se fait à l’université de Paris avec le professeur Thierry Barrière, les tests « Tous en forme ! » qui touchent aujourd’hui 25 000 étudiants dans l’ensemble des universités. Il faut les généraliser.
Et la deuxième proposition, c’est d’instaurer une unité d’enseignement libre d’activité physique et sportive pour chaque étudiant.
Qu’en pensez-vous ?
Deuxièmement, J’aimerai évoquer la filière STAPS.
Depuis l’autonomie des universités en 2007, vous gérez vos établissements. C’est donc les universités qui organisent, eux-mêmes, la répartition budgétaire interne.
Comment expliquez-vous dans ce cas, les taux d’encadrement très différents. Dans l’enseignement supérieur : 1 enseignant pour 17 étudiants. En filière STAPS 1 enseignant pour 35 étudiants, parfois 1 pour 45 !
Un fléchage budgétaire de la part du ministère, vous l’évoquiez à l’instant, a été réalisé à hauteur de 13,5 millions d’euros. Seulement 50% est arrivé dans les composantes UFR STAPS. Comment peut-on l’expliquer ?
Enfin, Mr le président de la CPU, cet après-midi, des milliers d’étudiants et d’enseignants de STAPS vont se mobiliser dans toute la France pour témoigner du manque de considération à leur égard.
Ma question est simple, comment faire un plan de rattrapage en direction des filières STAPS ? »
Réponse sur l’activité physique dans l’enseignement supérieur de Mr Tunon de Lara (CPU) :
« J’en viens à la question de la santé et du sport.
Effectivement vous avez raison sur l’analyse de l’activité sportive. Elle est extrêmement hétérogène. Si vous regardez simplement les infrastructures sportives, je ne veux pas dire ici de chiffres parce que je pourrai me tromper, mais je sais que vous avez 50% des infrastructures sportives qui se distribuent dans un nombre assez limité d’universités. C’est vous dire cette hétérogénéité et les infrastructures sportives n’ont pas fait toujours l’objet des plans de rénovation. Tout à l’heure, je parlais de l’immobilier universitaire, un des plus important de l’État, n’ont pas fait toujours l’objet de rénovation dans le sens d’une priorité qu’il faudrait avoir. Parce qu’effectivement on a une priorité d’activité sportive au niveau du pays. Alors certains le font, on a beaucoup de campus qui le font. Il y a une pratique sportive qui a changé.
Moi sur les propositions que vous évoquez, vous avez évoqué la proposition le test qui est fait à l’université de Paris, vous avez évoqué aussi la formation. Moi je pense que beaucoup d’initiatives dans le sport, il faut laisser les établissements faire. On est à la veille des jeux olympiques aussi, il y a toute la question sport de haut niveau, vous avez vu, universitaire on a une ambition qu’il faut pouvoir accompagner.
Mais moi je crois que l’approche qu’il serait très important d’avoir, c’est que le sport est une partie de la santé des étudiants. Et je pense que ce qu’à révéler la crise, c’est que nos étudiants, la jeunesse effectivement, on a l’impression que c’est un synonyme de bonne santé.
Mais les études avant la crise montraient des indicateurs sur l’activité sportive, sur l’alimentation, sur la santé mentale, sur les indicateurs de l’angoisse et la dépression. Que la santé de cette tranche d’âge, elle n’est pas indemne d’un certain nombre de sujets qu’il faudrait appréhender.
Lorsque vous regardez l’encadrement en termes de nombre de médecins, de psychologues, en termes de centres de santé, elle n’est probablement pas suffisante. Et moi je pense que les campus aient une politique volontariste et ambitieuse dans le domaine de la santé, du sport est une opportunité majeure pour le pays.
Parce qu’il faut se rendre compte que cette classe d’âge, aussi sur le plan de l’éducation, ce sont les parents des futures générations. Donc les habitudes sportives, les habitudes alimentaires, le rapport à l’exercice physique, sont des choses qui pourraient faire partie de, je ne vais pas dire ce que l’on apprend à l’université mais c’est en tout cas, l’environnement dans lequel on est plongé pendant ses études, ça me paraît très important.
Donc moi je suis, je pense la CPU, est très favorable à la multiplication de ces initiatives et la commission vie universitaire se penche et continuera à se pencher sur ces propositions. » https://www.youtube.com/embed/o0YA5Q-MYPg?feature=oembed
Réponse sur la filière STAPS de Mr Tunon de Lara (CPU) :
« STAPS, je l’avais dit un petit peu avant que vous posiez votre question mais je peux le redire.
D’abord, on n’a pas rien fait dans STAPS, il faut faire attention à ça.
Donc effectivement il y avait un financement. Je pense qu’il y a eu une création environ d’une cinquantaine de poste. L’ambition devait être plus forte, d’une centaine.
Alors, il y a deux questions. Il y a une question d’abord, l’augmentation des places en STAPS de mon point de vue ne peut se faire que si on a une réflexion nationale sur l’insertion par les gens qui sont formés par les STAPS. Donc je comprends complètement que l’État puisse se dire, voilà sur des politiques de sport, de santé, d’accompagnement, voilà. On a des orientations, on les exprime et on donne cette orientation aux universités qui forment les étudiants dans ce domaine.
Maintenant, techniquement, quand vous posez la question pourquoi la totalité du budget n’a pas été utilisé pour financer les places en STAPS. Et bien c’est assez simple, c’est parce qu’un certain nombre d’établissement sont dans une situation financière qui ne leur permet pas de créer des emplois dans ces disciplines-là.
Quand vous avez, ce qui est le cas de beaucoup d’établissements, je ne veux pas redire ici encore, la question qui se pose encore sur les GVT (glissement vieillesse technicité) et l’évolution de la masse salariale. Et chaque université, beaucoup d’universités doit aller chercher une partie de son financement pour assurer l’équilibre financier de sa masse salariale. Donc, quand il reçoit une dotation sur des emplois, c’est parfois très compliqué de flécher sur telle ou telle discipline alors qu’on n’est pas en mesure de payer la masse salariale des emplois qui sont déjà à l’université. La question de mon point de vue, elle est là. Et je pense que c’est, je le disais en fin de mon introduction, il n’est pas stratégique de ne pas assurer ce financement là, ce socle-là. C’est très compliqué, parce qu’effectivement, les mesures fléchées, et bien, elles perdent beaucoup leur impact si la situation des universités n’est pas assuré de ce point de vue-là.
Je peux vous donner l’exemple de mon université, chaque année je vais chercher entre 2 et 3 millions, faut que j’aille piocher entre 2 et 3 millions pour équilibrer mon budget d’emploi et la progression de mes salaires. Les professeurs qui progressent, voilà.
Si en parallèle, on flèche une dotation des emplois dans telle ou telle discipline, vous n’allez pas pouvoir forcément de le faire, c’est une réelle difficulté. C’est je pense l’explication, ce n’est pas de la mauvaise volonté de la part des établissements qui ont dit tiens, je ne fais pas attention à telle ou telle orientation. C’est une difficulté à laquelle ils sont confrontés.
Alors je pense que ça, comment on le solutionne ? Donc vous avez posé la question. On est en train de le voir et la Ministre l’a confirmé. Avec les dialogues stratégiques qu’on a au niveau des universités, des rectorats. A condition que ces dialogues stratégiques soient de vrais dialogues stratégiques sur la gestion pluriannuelle des emplois et qu’on puisse y intégrer là des priorités que le gouvernement souhaite afficher. Et ça, c’est à mon avis, tout à fait essentiel. »
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