Semaine du 23 au 29 mai

On déplore au moins sept noyades en 24 heures sur le littoral aquitain, en Bretagne, en Île-de-France et en Normandie lors de ce week-end du 15 août.
Cette succession de tragédies sont dues non seulement à la hausse des températures mais aussi aux baïnes, ces courants qui emportent les nageurs loin de la plage.
Selon Santé publique France quelque 700 noyades accidentelles, dont 168 mortelles, sont survenues en France entre juin et début août, un chiffre en diminution de 22% par rapport à 2018 qui pourrait être liée aux conditions climatiques beaucoup moins favorables à la baignade.
Mais l’été n’est pas fini, et les fortes chaleurs de ces derniers jours ainsi que celles à venir, prévues pour la seconde partie d’août, pourraient inverser cette tendance.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à 236 000 le nombre de vies perdues l’an passé par noyade.
Les statistiques ne sont pas bonnes en France depuis plusieurs années : entre 2015 et 2018, le nombre de noyades accidentelles a bondi de 36 % (1 649 contre 1 266).
Chez les moins de 13 ans, la courbe est même dramatique : +77 %. Les moins de six ans représentent 28 % des noyades accidentelles, et entre les différentes structures, c’est dans les piscines que la tendance est la plus inquiétante : +65 % d’augmentation entre 2015 et 2018.
Les noyades en mer représentent la moitié des noyades.
57% des morts sont survenues chez les personnes âgées de 45 ans et plus. Et contrairement à 2018, les décès dans les cours et plans d’eau n’ont pas concerné que les adultes, mais également les enfants et adolescents.
La noyade est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 14 ans. Or ces drames sont parfaitement évitables.
Ces nombreuses noyades sont aussi des conséquences indirectes de la pandémie de la Covid-19. Non seulement 800 000 enfants n’ont pas pu apprendre à nager à l’école correctement, les piscines ayant fermé plusieurs mois, au printemps 2020 puis entre janvier et mai 2021, mais certains adultes ont été sevrés d’activité physique.
La fermeture des bassins d’intérieur a été une erreur dans une période où leur ouverture aurait pu jouer un rôle préservant la santé et encourageant l’activité physique.
D’autres facteurs jouent au-delà du retard d‘apprentissage : le déconfinement qui augmente les comportements à risque et l’engouement des Français pour les piscines privées, par définition non surveillées (3 millions !).
Pour lutter contre les noyades et renforcer l’accès à la natation, un plan prévention des noyades a été engagé par le gouvernement qui comprend
– un programme aisance aquatique dès 3-4 ans,
– l’élargissement du programme « J’apprends à nager » pour les 6-12 ans,
– un programme de rénovation et de construction de bassins en priorité dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV) et dans les zones rurales (47 millions depuis 2019),
– une campagne de prévention des noyades cet été « Vous tenez à eux, ne les quittez pas des yeux » et des opérations de terrain.
Lancé en 2019, le programme « aisance aquatique » a d’abord fait l’objet d’une expérimentation dans le cadre d’appels à projets lancés par l’Agence nationale du sport (ANS) qui ont permis de financer la formation de 760 intervenants ou formateurs de formateurs et des « classes bleues » pour les enfants de 4 à 6 ans « sous forme de stage » avec 8 séances dans l’eau, réparties sur 1 ou 2 semaines.
L’objectif est d’avoir formé 90 000 enfants d’ici 2022 et 450 000 en 2024…
Mais comme nous l’avons relevé avec Marie Tamarelle-Verhaeghe dans notre rapport sur les dangers de la sédentarité paru le 21 juillet dernier, en 2019 et 2020, seulement 18 000 enfants ont été concernés par le plan « Aisance aquatique », ce qui, en tenant compte de la fermeture des piscines pendant l’essentiel de l’année écoulée, demeure une très faible proportion des élèves (12 millions).
Notre rapport « Sédentarité : désamorcer une bombe sanitaire à retardement »
Déjà, en septembre 2018, j’appelais à l’occasion d’une tribune dans le JDD à faire du savoir-nager une grande priorité des politiques publiques sportives
Dans ce texte, je proposais de revaloriser la formation des maîtres-nageurs et je m’opposais à la volonté du gouvernement de supprimer les CRS des plages. Je faisais également quatre propositions pour faire du savoir-nager une priorité :
1. Fixer l’objectif de l’attribution de l’attestation scolaire du savoir nager pour 100% des élèves du cycle 3 (CM1-CM2-6e) et en faire une priorité d’action dans les académies pour les directeurs des services de l’Education Nationale.
2. Pour lutter contre de fortes disparités d’accès, mettre en oeuvre sur les territoires déficitaires en bassins nautiques couverts et dans le cadre des intercommunalités un plan spécifique de construction de piscines, ce qui suppose des moyens financiers spécifiques, dans le cadre de l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
3. Outre ce plan de résorption des zones blanches, il est nécessaire d’avoir recours aux autres plans d’eau (lacs…) pour organiser des cycles d’apprentissage concentrées sur le cycle 3 en milieu naturel en fin d’année, le week-end ou lors des vacances.
4. Donner réellement des moyens financiers au plan « J’apprends à nager » (218 000 enfants formés en complément des apprentissages dans le cadre du temps scolaire depuis 2018), en lien avec les clubs de natation dans les territoires.
5. Ajouter à la maîtrise des compétences en milieu aquatique de l’ASSN permettant de nager en sécurité dans les établissements de bains (piscines, plan d’eau calme…), des éléments d’apprentissage des gestes fondamentaux de sauvetage (savoir-sauver)
Aujourd’hui l’ANS ne consacre que 17 millions d’euros sur un budget total de 400 au plan de prévention des noyades et à l’apprentissage du savoir-nager.C’est clairement insuffisant.
Ma tribune dans le JDD du 2 septembre 2018
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.
Laisser un commentaire