J’étais, ce mardi, en soutien du rassemblement organisé dans l’après-midi, place Jean-Jaurès, à Saint-Étienne, à l’initiative de la Fédération des Associations Étudiantes de Saint-Etienne (FASEE) !
Les annonces du gouvernement en soutien des étudiants sont largement insuffisantes !
Je l’ai rappelé à l’occasion de l’audition de la Ministre de l’Enseignement Supérieur, mercredi, en Commission des Affaires Culturelles et de l’Education.
Certaines mesures vont dans le bon sens, comme les deux repas à 1€ pour tous les étudiants, que nous avions propsé cet automne dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances…
D’autres mesures laissent dubitatifs comme le retour en presentiel un jour par semaine dans la limite de 20% des places pour tous les étudiants qui le souhaitent : nous connaissons l’état des moyens de nos universités actuellement et elles sont dans l’incapacité de proposer des cours en hybride (une partie en distanciel et en présentiel en simultanée).
Enfin, la mise en place d’un chèque-psy à partir du 1er février est clairement insuffisante au regard des besoins des étudiants aujourd’hui.
Si cela représente une aide financière pour consulter un professionnel en dehors de l’université, la simple aide financière ne suffîra pas et la question du temps de délai pour avoir une consultation se pose.
Quelques chiffres issus des travaux de la commission d’enquête sur les effets de la Covid sur la jeunesse pour bien prendre la mesure de la détresse des etudiants depuis le début de la crise sanitaire :
? 21,2% des jeunes sont au chômage en France
? 1 jeune sur 6 a arrêté ses études « après la crise »
? 43% des non diplômés n’ont pas accès à internet
? 38% des jeunes travaillent dans le cadre d’un contrat précaire : sans contrat, CDD, auto-entreprenariat.
? 46% des étudiants ont un activité rémunérée en parallèle.
? 38% de ces étudiants ont perdu le travail.
? 23,4% ont rencontré des difficultés de connexion internet pendant les examens, 13% des problèmes d’équipement informatique personnel.
? +7,6% de réussite au bac en 2020 par rapport à 2019 soit près de 50 000 étudiants en plus.
? Des projets de mobilités internationales repoussés ou annulés.
? Des inégalités creusées entre les étudiants en classe préparatoires ou écoles de commerces et ceux en université.
? 33% ont rencontrés des difficultés financières pendant le confinement
? 28% des étudiants sont aidés par leur parents (financement ou matériels)
? + de 40% des appels reçus par Nightline depuis la rentrée (association de bénévoles pour accompagner psychologiquement les étudiants).
? 27,5% des étudiants haut niveau d’anxiété, 24,7% un stress intense, 22,4% une détresse importante, 16,1% une dépression sévère et 11,4% des idées suicidaires.
? 42% en difficulté pour payer leurs frais médicaux.
? Les créneaux de consultations universitaires sont rares.
? 1 psychologue pour 30 000 étudiants. Recommandations internationales : 1 pour 1000 à 1500.
? Un flou omniprésent sur les prochaines échéances (report des concours, examens, etc..)
? 31% des étudiants ont souffert de solitude ou d’isolement au 1er confinement
? Étudiants étrangers et d’outre mer bloqués seuls en France lors de la crise pour nombreux d’entre eux, loin de leur famille.
? ¾ des étudiants ont passé leur confinement avec au moins un parent.
? 50 000 étudiants ont passé leur confinement dans les logements CROUS
? Certains étudiants n’ont pas ou peu eu de cours en présentiel depuis 10 mois (16 mars 2020)
En novembre dernier, nous avions proposé le plan en soutien à la vie étudiante suivant :
• Aide de 350€ pour les anciens boursiers en recherche d’emploi (393 M€)
• Prime de 300€ pour les étudiants boursiers et moins de 25 ans (330 M€)
• Aide de 500€ pour jeunes ayant perdu leur emploi étudiant (75 M€)
• Création de logements étudiants (400 M€)
• Etendue du ticket resto U à 1€ à tous les étudiants (75 M€)
• Pass’sport et chèque sport (expérimentation à 200 M€ chacun)
La réponse publique à apporter se doit d’être beaucoup plus ambitieuse pour donner à tous les jeunes, en particulier les étudiants, les moyens de leur autonomie.
Elle passe au vu de l’urgence par la mise en place d’un revenu de base, voire d’un revenu universel qui pourrait être expérimenté afin de permettre à tous les jeunes de s’épanouir dans leurs projets personnels et professionnels.
Le détail de mon intervention :
Madame la Ministre, comme nous l’avons mis en évidence dans le rapport de la Commission d’enquête avec notre collègue rapporteure Marie-George Buffet et présidée par Sandrine Mörch sur les effets de la Covid 19 sur la jeunesse, la détresse des étudiants, ce n’est pas simplement une détresse financière : elle est très importante et vous n’y répondez pas !
C’est une détresse qui est aussi psychologique et là aussi, les moyens pour y répondre ne sont pas suffisants.
Mais c’est aussi une détresse en terme de santé physique et des conséquences de la sédentarité !
La diminution de l’activité physique, de l’exposition qui est aujourd’hui démultipliée sur les temps d’écrans, avec les troubles de l’alimentation et du sommeil qui sont associés ont des conséquences dramatiques sur la santé des étudiants.
Aujourd’hui, on a des étudiants qui ont la volonté d’avoir plus de présentiel dans leur établissement d’enseignement supérieur, d’avoir plus de vie sociale et de liens humains et vous n’y avez pas du tout répondu depuis un an !
Vous n’avez rien organisé en terme d’activités physiques ! Alors qu’il y a des étudiants en STAPS qui sont disponibles, alors que nous avons aujourd’hui des services universitaires des activités physiques et sportives (SUAPS) qui sont disponibles : rien n’est organisé pour faire des exercices par exemple collectifs !
Qu’attendez-vous pour agir Madame la Ministre, il y a urgence pour la santé des étudiants ?
La réponse de la Ministre :
« Je vous réponds sur le rôle de l’activité physique Monsieur Juanico.
Alors vous le savez, toutes les salles de sport sont fermées et l’activité physique, sportive est interdite en intérieur et elle est autorisée en extérieur et seule dérogation, si je puis dire : les étudiants des filières STAPS qui ont des cours liés à des activités physiques qui donnent lieu à des notes et à des crédits pour obtenir leur diplôme.
C’est la seule exception, donc ça c’est la règle. Quand on était en période de confinement, on avait le droit de s’organiser pour aller prendre l’air si je puis dire, une heure par jour, là on n’est plus en période de confinement, on peut décider qu’à 2 ou 3, on va faire du sport à l’extérieur.
Je veux bien essayer de proposer que ce soit organisé … etc mais il n’y a personne, enfin il n’y avait personne jusqu’à présent sur les campus, c’est un petit peu difficile de dire aux étudiants qu’ils ne pouvaient pas venir sur les campus pour étudier mais qu’ils pouvaient venir pour faire du sport, c’est quand même étrange !
Mais là avec la reprise en présentiel, c’est vrai qu’on a la possibilité, non pas d’organiser des séances de sport dans les établissements, parce ça, ça n’est pas possible !
Mais peut-être de mobiliser pour qu’à 2 ou à 3, les étudiants qui ont envie d’aller se bouger un peu ensemble, parce que cela va les motiver de le faire, mais en tout cas la pratique d’une activité physique interdite.
Simplement, il faut la faire en extérieur et après, ça dépend aussi où on habite, il y a des endroits où il fait plus froid que d’autres, d’autres où c’est plus simple que d’autres.
Voilà ! Mais, je prends le point et je vais voir avec… je vais voir avec les présidents d’établissements … comment ils pourraient réorganiser cela, même si très sincèrement, je pense que ça ne peut pas prendre une forme organisée, alors que la pratique sportive indoor est interdite ! Ce sera forcément de l’outdoor.
Voilà ! Mais après, évidemment, je ne peux qu’être d’accord avec vous sur le fait que c’est important de conserver néanmoins une activité physique. »
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Quelle réponse! quelle tristesse!
la ministre de l’enseignement supérieur s’exprime dans un français très approximatif et d’une grande pauvreté.
Même si la question de monsieur Juanico porte beaucup sur la difficulté pour les étuduants de pratiquer une activité physique actuellement, les problèmes de la jeunesse sont beaucoup plus étendus et on peut regretter que la ministre, dans sa réponse s’en soit tenue à ce seul aspect.
Les questions actuelles concernant la jeunesse doivent être prises en compte dans un cadre interministériel.
Quid de la secrétaire d’Etat à la jeunesse et à l’engagement? Quand elle s’exprime, c’est pour mettre en cause la vie associative (voir la fédération nationale des centres sociaux qui fait l’objet d’un contrôle par l’inspection générale), ou pour parler du SNU qui serait la solution à tous les maux. Ce programme qui n’a vu le jour que de manière expérimentale en 2019, généralisé cette année (mais on peut douter de sa réelle mise en place) utlise la quasi totalité des crédits “jeunesse” du ministère au détriment d’un vrai projet politique en direction des jeunes.
Quid des ministres du travail, de la justice (PJJ), de l’agriculture (enseignement, précarisation des jeunes agriculteurs, de la culture, des affaires sociales…..
La jeunesse dans son ensemble est dans une difficulté jamais connue et n’arrive plus à se projeter.
La jeunesse est l’avenir de notre société, il faut la protéger et l’aider à se réaliser, et non à en avoir peur, à la craindre, la stigmatiser, la mépriser.
Il y a urgence à mettre en place des mesures de soutien comme le RSA quel qu’en soit le nom.
Ces questions spécifiques de la jeunesse doint être prises en compte par le gouvernement.
Existe-t-il un conseil interministériel à la jeunesse? si non il est urgent de le créer.