A l’occasion d’une séance de Questions Orales Sans Débat, le mardi 24 novembre, j’ai souhaité attirer l’attention de Madame la Ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, sur la question de la demi-part fiscale dont peuvent bénéficier les veuves des Anciens Combattants.
A la suite d’un vote historique l’an dernier, toutes les veuves, ayant atteint l’âge de 74 ans, peuvent bénéficier d’une demi-part fiscale supplémentaire, à partir du moment où leur mari a été titulaire de la carte du combattant ou d’une pension servie en vertu des dispositions du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre.
A l’instar de la FNACA, principale association représentant le monde combattant, je considère qu’il faut aujourd’hui aller plus loin et compléter cette mesure, en permettant à toutes ces veuves de bénéficier de cette demi-part fiscale, même si le décès de leur conjoint est antérieur à 65 ans.
Il s’agit-là d’une mesure d’équité et de solidarité vis-à-vis des Anciens Combattants et de leurs familles, qui règlerait définitivement ce point du contentieux.
Le détail de l’échange :
« Madame la Présidente, Madame la Ministre, je souhaite vous interroger sur la question de la demi-part fiscale supplémentaire dont peuvent bénéficier les veuves d’anciens combattants. Il y a un an, dans cet hémicycle, avait lieu sur ce sujet un vote historique : l’amendement de la Commission des Finances, de notre collègue Jean-Paul Dufrègne et celui identique, déposé par le groupe socialiste et apparentés, dont j’étais le premier signataire, était adopté à la quasi-unanimité par 105 voix pour, 1 voix contre.
Cet amendement de réparation mettait à fin à une injustice majeure entre les veuves d’anciens combattants en élargissant aux veuves ayant atteint l’âge de 74 ans, le bénéfice d’une demi-part fiscale supplémentaire à la condition que leur mari décédé, soit lui-même titulaire de la carte du combattant ou d’une retraite du combattant, à partir de 65 ans. Cette avancée pour le monde combattant doit bénéficier à 50.000 veuves aux revenus souvent modestes à partir du 1er janvier 2021, pour un coût budgétaire de 30 millions d’euros.
Mais il demeure une autre injustice entre veuves d’anciens combattants, pour celles dont le conjoint titulaire de la carte du combattant est décédé avant 65 ans ! Je demande donc au Gouvernement s’il envisage désormais de compléter la mesure adoptée l’an dernier en permettant à toutes ces veuves de bénéficier de cette demi-part fiscale, quel que soit l’âge de décès de leur conjoint. Il s’agirait là d’une mesure d’équité, de solidarité vis-à-vis des anciens combattants et de leur famille, pour un coût modeste de 18 millions d’euros, qui pourrait bénéficier à 8 000 veuves supplémentaires.
Je souhaite également appeler Madame la Ministre, votre attention, sur les veuves d’anciens combattants dont le conjoint est décédé avant 65 ans, qui sont titulaires d’une attestation précisant que leur époux aurait pu de son vivant prétendre à la carte du combattant. La commission départementale des anciens combattants et des victimes de guerre avait, il y a quelques années, la possibilité de délivrer à la veuve d’un ancien combattant, une attestation établissant que son époux remplissait les conditions requises pour se voir reconnaître la qualité de combattant.
Madame la Ministre, allez-vous faciliter les démarches administratives de ces veuves, de façon à leur permettre de bénéficier de la demi-part fiscale ? Merci.”
Réponse de Geneviève Darrieussecq :
« Merci Madame la Présidente, Monsieur le Député, comme vous l’avez souligné, une avancée importante a été votée dans la Loi de Finances de l’an dernier et entrera en vigueur à compter du 1er janvier 2021.
A partir du 1er janvier donc, tous les conjoints survivants d’anciens combattants pourront bénéficier de la demi-part fiscale, à compter de leurs 74 ans, même si l’ancien combattant est décédé entre 65 ans et 74 ans et ce que vous souhaitez aujourd’hui, c’est que tous les conjoints survivants d’anciens combattants bénéficient de cette mesure, quel que soit l’âge du décès de l’ancien combattant. Alors Monsieur le Député, je n’y suis pas favorable.
En premier lieu, la demi-part fiscale supplémentaire accordée aux anciens combattants constitue une importante exception au principe de quotient familial, qui a pour objet de proportionner l’impôt aux charges de famille du contribuable. Cet avantage fiscal qui est la reconnaissance de la Nation pour ses combattants a un caractère exceptionnel et c’est pour cela qu’il est lié au bénéfice de la retraite du combattant qui elle est versée à partir de 65 ans.
Je dois rappeler que ce type de dispositif bénéfice en priorité à ceux qui sont assujettis à l’impôt sur le revenu, ceux-ci ont pour la plupart bénéficié aussi de toutes les baisses d’impôts décidées par le Gouvernement, ces dernières années. Je pense à la baisse de l’impôt sur le revenu l’an dernier et à la suppression progressive de la taxe d’habitation. Et je dois vous dire que mon engagement a toujours été de privilégier des mesures ciblées pour les plus fragiles afin de répondre justement à des situations sociales et personnelles bien souvent difficiles, et je dois vous dire que les plus fragiles ne sont pas assujettis à l’impôt sur le revenu. Enfin, je veux vous confirmer que tous les conjoints survivants d’anciens combattants, quel que soit leur âge et quelle que soit leur situation, ont accès à l’aide sociale dispensée par l’ONACVG (Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre) sans critère bien-sûr d’âge de décès de l’ancien combattant. C’est véritablement un soutien aux plus fragiles et je m’efforce de maintenir des crédits élevés pour l’aide sociale, malgré d’ailleurs le nombre d’anciens combattants qui diminue régulièrement. Donc nous maintenons ces dispositifs pour les plus fragiles. Enfin, faciliter les démarches d’attestation, oui bien-sûr, et d’ailleurs il n’y a plus beaucoup à l’heure actuelle de personnes qui seraient en manque de ce type d’attestation. »
Ma réplique :
« Présidente, simplement, je veux prendre acte et regretter que la Ministre ne soit pas favorable à cette mesure de justice pour ces 8 000 veuves. C’est une revendication majeure de la FNACA, première organisation du monde combattant et nous ne sommes pas dans le cadre d’une niche fiscale ou d’un avantage exceptionnel, mais bien dans le droit à la réparation. Il y aurait une mesure réglementaire très simple à prendre, sans même repasser par la Loi, revenir à la circulaire qui avait été édictée par votre Ministère en 2005, indiquant aux Directions Départementales des Finances Publiques qu’elles avaient toute latitude envers les veuves d’anciens combattants. Il suffirait alors à celles-ci de produire une attestation de leur qualité de conjoint de titulaire de la carte du combattant pour bénéficier de la demi-part. [C’est à] cette tolérance [à laquelle] je vous appelle et [où] il faudrait revenir. »
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