En tant que député, je suis signataire avec de nombreux soignants et élu(e)s de toutes sensibilités la pétition, à l’initiative du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes et du Planning familial, concernant le respect du droit à l’interruption volontaire de grossesse en période de confinement.
Comme le relate l’article du Progrès en date du 9 avril, les difficultés d’accès à l’IVG sont aussi locales.
Saisie en urgence la semaine passée par le ministre de la Santé, la Haute Autorité de santé a déjà validé la prolongation du délai pour les IVG médicamenteuses réalisées à domicile à 9 semaines d’aménorrhée (point 1 ci-dessous). Il s’agit à présent de pouvoir, à titre exceptionnel pendant la durée du confinement, réaliser des aspirations jusqu’à 16 semaines d’aménorrhée contre 14 aujourd’hui. Le ministre de la santé est en réflexion et n’a pasopposé une fin de non recevoir à cette demande.
Soutenez l’appel et retrouvez tous les signataires !
L’épidémie que nous traversons met à l’épreuve notre système de santé et en révèle cruellement les failles. Toutes les forces des personnels hospitaliers sont actuellement dédiées à la prise en charge des malades du Covid et au maintien des interventions urgentes.
Les professionnel·les de l’IVG, ont dès le début de l’épidémie réorganisé la prise en charge des femmes afin de pouvoir répondre à toutes les demandes dans le délai le plus bref et en limitant au maximum tout déplacement. Ainsi, nous avons maintenu ouvertes les consultations et favorisé chaque fois que c’était possible les IVG médicamenteuses à domicile.
Ces professionnels ont également augmenté les capacités pour les avortements sous anesthésie locale car les blocs opératoires de tous les établissements ont été transformés en salles de réanimation, et organisé des partenariats avec des structures privées pour la prise en charge des avortements sous anesthésie générale.
Malgré cette organisation ultra-précoce et malgré cet investissement collectif, nous sommes confrontés aujourd’hui à 3 problèmes dont les femmes sont les premières victimes :
1/ Le premier est lié aux questions de ressources humaines avec des soignant·es également malades, ce qui met les équipes en tension. Pour limiter la sollicitation des équipes hospitalières, nous souhaitons que les avortements puissent être autorisés par voie médicamenteuse au domicile jusqu’à 9 semaines d’aménorrhée, soit 7 semaines de grossesse.
Cette option est validée par l’OMS et ne présente pas de danger particulier
2/ Le 2ème est la limitation des déplacements des femmes lors de leur IVG. Pour la respecter au mieux, nous demandons à ce que les mineures, soient dispensées du délai de 48h qui leur est actuellement imposé avant leur IVG et puissent bénéficier d’une IVG dans la foulée de leur première consultation
3/ Enfin, le confinement aggrave les situations de violences et rend encore plus difficile les possibilités de consultation pour les femmes qui vivent dans un environnement dangereux. Il s’ensuit des retards de diagnostic et des demandes hors délais.
Ces situations donnent en général lieu à une prise en charge à l’étranger (Hollande principalement) à condition que les patientes aient les moyens de se la payer (le coût de cet avortement est d’environ 1200 euros, ce qui exclut d’emblée les patientes les moins fortunées), mais cette solution n’est même plus envisageable du fait de la fermeture des frontières.
On peut également organiser une interruption médicale de grossesse si la demande est validée, solution qui consomme des ressources hospitalières déjà insuffisantes en cette période.
Ces difficultés vont obliger nombre de femmes à conserver leur grossesse contre leur gré, mettant en danger leur autonomie et l’avenir des enfants nés dans ces conditions. Nous souhaitons pouvoir, à titre exceptionnel pendant la durée du confinement, réaliser des aspirations jusqu’à 16 semaines d’aménorrhée soit 14 semaines de grossesse.
Sans surprise, et comme cela a déjà été rapporté en Chine et en Italie, les situations de violences conjugales ont augmenté de 30%, alors que le confinement n’en est qu’à ses débuts.
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