Derrière la bataille sanitaire mondiale contre le COVID-19 se joue une guerre économique sourde, un grand marché discount ouvert à toutes les prédations. L’Etat doit se doter d’outils de protection des entreprises françaises.
Le coronavirus nous rappelle l’urgence de mieux protéger notre souveraineté économique.
?Viendra le moment du bilan et de la reconstruction, mais dans la crise déjà, se joue l’après, comme hier se jouait un présent qui s’est fait cruellement le témoin de notre perte de souveraineté industrielle sur la chaîne du médicament et des dispositifs médicaux, sur les masques, sur les tests, sur les médicaments, sur les respirateurs…
Car derrière la guerre mondiale contre le COVID 19, singulièrement faite de solidarités internationales et d’égoïsmes nationaux, se jouent une guerre économique sourde sur fond de pertes abyssales de valeurs boursières. Un grand marché discount ouvert à toutes les prédations.
?
?Au premier trimestre 2020, les entreprises du CAC 40 ont effacé plus de 450 milliards d’euros de capitalisation boursière. Sur la même période, le SBF 120 a connu une baisse de près de 30 %. Des entreprises comme Safran ou PSA ont perdu plus de 40 % de leur valeur, Renault et Airbus plus de 50 %.
?Dans ce contexte, les entreprises françaises cotées sont plus que jamais vulnérables face aux investisseurs étrangers, qu’ils soient des industriels concurrents, des investisseurs financiers ou des fonds dits « vautours ».
D’autant que pour nombre d’entre elles, la part du capital flottant demeure importante. Le risque est donc une multiplication des Offres Publiques d’Achat (OPA) hostiles à l’encontre de nos grandes entreprises dans les semaines et mois prochains.
Et s’il ne s’agit pas de rachats agressifs, la perte de nos fleurons industriels pourrait résulter de la fragilisation financière d’entreprises qui n’auront d’autre choix pour se sauver que de se vendre, souvent à des conditions tarifaires désavantageuses pour elles.
Nous y perdrions des capacités industrielles, mais aussi de précieux brevets. Y succomber serait hypothéquer un peu plus encore l’avenir.
?Il y a donc urgence à protéger notre souveraineté économique durant cette crise qui n’est plus simplement sanitaire et aller au-delà des mesures, justes et nécessaires, prises par le gouvernement en matière de trésorerie des entreprises ou de chômage partiel.
Comme en Allemagne, qui a mis en place un fonds de 100 milliards d’euros de prêt et e prises de participations dans les entreprises, la France doit se doter sans délai d’un fonds d’investissement massivement doté.
?Il y a également urgence à renforcer notre arsenal législatif, bien moins protecteur que dans d’autres pays, pour protéger nos entreprises d’éventuels investissements étrangers hostiles.
L’État doit se doter d’outils de protection des entreprises françaises et des brevets français, équivalents par leur force de frappe à ceux dont disposent par exemple les gouvernements américain et allemand.
Dans le prolongement de ce qui avait été fait en 2014, il faut étendre la liste des investissements étrangers soumis à autorisation préalable du ministre chargé de l’Économie.
En temps d’état d’urgence sanitaire, l’obligation d’autorisation préalable devrait même s’appliquer à tous les secteurs de notre économie.
C’est le sens de la proposition de loi que nous avons déposée et dont nous demandons au Gouvernement de l’inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.
Ces derniers jours et semaines ont montré que nos entreprises étaient au rendez-vous. Leur mobilisation s’est avérée exemplaire : production de masques, d’appareils respiratoires et de gels hydroalcooliques.
Elles ont su restructurer leur mode de production et innover pour s’adapter à l’urgence sanitaire et répondre aux besoins du pays.
La crise sanitaire nous montre qu’une autre orientation de notre politique économique et industrielle est nécessaire.
Protéger notre souveraineté économique, relocaliser des activités et remailler notre tissu industriel. Demain commence aujourd’hui.
Cette tribune est soutenue par les députés :
Christine Pires Beaune, Joël Aviragnet, Ericka Bareigts, Marie-Noëlle Battistel, Gisèle Biémouret, Christophe Bouillon, Jean-Louis Bricout, Luc Carvounas, Alain David, Laurence Dumont, Olivier Faure, Guillaume Garot, David Habib, Christian Hutin, Régis Juanico, Serge Letchimy, Marietta Karamanli, Jérôme Lambert, Josette Manin, George Pau-Langevin, Dominique Potier, Joaquim Pueyo, Claudia Rouaux, Hervé Soulignac, Sylvie Tolmont, Cécile Untermaier, Hélène Vainqueur-Christophe, Michèle Victory, membres du groupe Socialistes et Apparentés de l’Assemblée nationale
Les pertes colossales subies par les entreprises françaises, y compris les plus grandes, rendent notre tissu économique… Lire la suite
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
Laisser un commentaire