A l’occasion de l’entrée en vigueur du décret “sport sur ordonnance” le mercredi 1er mars, nous avons publié, avec Benoit Hamon une tribune sur la nécessité d’aller plus loin dans les politiques publiques de prévention et de lutte contre la sédentarité.
Le décret pris en application de l’article 144 de la loi santé votée en 2016 que j’ai fait adopter avec mes collègues députés Valérie Fourneyron, Pascal Deguilhem et Brigitte Bourguigon, prévoit que dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une affection de longue durée, soit 11 millions de Français (maladies cardio-vasculaires, cancers, diabète, alzheimer, Parkinson…), le médecin traitant peut prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient.
Le décret précise les conditions dans lesquelles sont dispensées ces activités physiques adaptées et prévoit les modalités d’intervention des professionnels de santé, des enseignants EPS-APA et des bénévoles formés et les modalités de restitution des informations au médecin traitant.
Lutter contre la sédentarité de nos modes de vies (alimentation trop riche, culture des écrans, diminution des activités physiques) est un impératif de santé publique.
Le coût social de l’obésité avoisinait les 20 milliards d’euros en 2012, l’équivalent du coût de l’alcool et du tabac, dont 17 milliards liés au surpoids. Le coût des maladies chroniques en France, est estimé entre 90 et 95 milliards/an, soit 60% du total des remboursements.
Des complémentaires santé s’engagent dans le remboursement partiel des Activités Physiques Adaptées.
Avec Benoit Hamon, nous souhaitons aller plus loin dans la politique de prévention en particulier des maladies chroniques et des effets de la sédentarité.
– avec le remboursement progressif par la Sécurité Sociale des activités physiques adaptées sur ordonnance pour les patients en ALD (source d’économies pour la Sécurité Sociale et de gains d’espérance de vie en bonne santé),
– en favorisant les investissements des employeurs pour favoriser les activités physiques et sportives sur le lieu de travail (réduction stress, absentéisme, QVT).
La sédentarité serait-elle la pandémie du XXIe siècle dans les pays développés? Facteur de risque d’apparition ou d’aggravation de nombreuses pathologies cardiovasculaires, métaboliques, tumorales ou neuro-dégénératives, l’inactivité physique tend aujourd’hui à tuer davantage que le tabac. En 2009, l’Organisation Mondiale de la Santé jugeait l’inactivité physique responsable de 10% des décès et faisait de l’augmentation de l’activité physique quotidienne sa deuxième recommandation sur neuf.
Comme nous le rappelle, le professeur François Carré, co-fondateur de l’observatoire de la sédentarité, “nous sommes programmés pour bouger”. Nos muscles, nos ligaments, nos os sont faits pour nous permettre de marcher, courir, nager… pas pour rester assis. Nos ancêtres étaient chasseurs-cueilleurs, ils parcouraient 10 à 16 kilomètres à pied par jour contre seulement 2,4 en moyenne pour nous. Pour trouver notre nourriture, nous nous contentons d’aller au supermarché, le plus souvent en voiture. Si nos habitudes ont changé, nos gènes non. Sans entretien, notre corps se dégrade, s’encrasse, au prix de risques accrus de cancers (colon, sein), d’obésité, d’hypertensions, diabète.
Avec 11,2 % de son PIB en dépenses de santé et 37 millions de nos concitoyens considérés comme “sédentaires”, l’activité physique apparaît comme un enjeu économique autant que de santé publique.
Développer l’offre thérapeutique non-médicamenteuse validée, c’est faire le choix de l’innovation. Il y a de multiples façons d’agir.
La loi Santé votée en 2016 encourage la prescription par les médecins d’activités physiques adaptées pour les malades chroniques. Le décret d’application entre en vigueur le 1er mars. C’est une première étape très positive mais il nous faut aller plus loin.
Nous proposons de développer des centres certifiés “Sport et Santé” qui sécurisent la pratique efficace et encadrée d’activités physiques régulières chez le patient.
Dans le cadre du parcours de soins, le médecin pourra prescrire ce soin que l’on nomme l’activité physique adaptée. Puisque c’est un médicament, nous demanderons à l’assurance maladie de rembourser tout ou partie des frais d’inscription dans ces centres. Les mutuelles et complémentaires santé pourraient également être incitées à prendre en charge l’activité physique adaptée.
Dans les maisons de retraite, multiplions les cours d’activité physique pour les séniors, à l’instar de ce que pratique des associations. Imaginons enfin comment demain le sport fera partie inhérente de l’entreprise et des administrations en soutenant celles qui installent des salles de sport pour leurs employés au lieu de distributeurs de sodas.
Nous proposerons un grand mouvement de développement des activités physiques et sportives de la maternelle à l’université en lien avec la candidature de Paris 2024 aux Jeux Olympiques et paralympiques pour donner les bons réflexes dès le plus jeune âge.
Notre conviction est que l’accompagnement de la pratique sportive et de l’activité physique est facteur de bien-être et de réduction des inégalités de santé à tous les âges de la vie. Une prise de conscience générale est nécessaire, les responsables politiques doivent prendre leur part pour qu’ensemble nous fassions le bon choix entre sport-santé versus sédentarité-mortalité. Pour cela, investissons dans le “sport santé”, le retour sur investissement sera bénéfique pour tout le monde.
> Dans la presse :
Le candidat socialiste à l’élection présidentielle Benoît Hamon a annoncé une nouvelle mesure de son programme de santé, réclamant “une lutte organisée contre la sédentarité”, qui passerait par des investissements dans le “sport santé”.
“L’amélioration de notre santé passera par une lutte organisée contre la sédentarité”, assure M.Hamon dans une tribune au Huffington Post, où le candidat à l’Elysée appelle à investir dans le “sport santé”.
Dans le combat “sport santé versus sédentarité-mortalité”, le député PS des Yvelines souhaite que la pratique sportive devienne une offre thérapeutique à part entière, jugeant que “les thérapies reposant sur l’activité physique se révèlent parfois plus efficaces qu’un médicament ou pallient leur absence”.
Cette nouvelle prise en compte de la pratique sportive passerait d’abord par le développement “des centres certifiés +Sport et Santé+ qui sécurisent la pratique efficace et encadrée d’activités physiques régulières chez le patient”.
Et “puisque c’est un médicament, nous demanderons à l’assurance maladie de rembourser tout ou partie des frais d’inscription dans ces centres”, prévoit le candidat socialiste pour qui “les mutuelles et complémentaires santé pourraient également être incitées à prendre en charge” ces activités.
Il entend également soutenir les entreprises et administrations “qui installent des salles de sport pour leurs employés au lieu de distributeurs de sodas”.
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