Mercredi 16 septembre après-midi, en application de l’article 50 de la Constitution, l’Assemblée a entendu une déclaration du Gouvernement sur l’accueil des réfugiés en France et en Europe puis a débattu sur cette déclaration. Le Premier Ministre Manuel Valls a ouvert le débat en réaffirmant l’attachement de la France au droit d’asile et en faisant des annonces concrètes pour permettre l’accueil des réfugiés dans des conditions dignes.
“Il faut du cœur, bien sûr, mais un cœur intelligent. Un cœur ferme. Un cœur lucide” a affirmé le Premier ministre en introduction du débat. Tout en réaffirmant que le gouvernement ne remettrait jamais en cause le droit d’asile “qui est son honneur”, le Premier ministre a rappelé aux députés, que l’émotion “ne peut être le seul guide de l’action publique” et que nous devons agir en « suivant des principes : humanité et solidarité, mais aussi sérieux, fermeté et maîtrise”.
Manuel Valls a annoncé le déblocage de 279 millions d’euros en 2016 pour financer l’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile. En outre, “compte tenu de la charge nouvelle qui pèse sur les services” et “pour ne pas affaiblir les dispositifs liés à la lutte contre le terrorisme et la délinquance, nous avons décidé de renforcer les effectifs de police et de gendarmerie, notamment la police aux frontières, à hauteur de 900 personnels”, a indiqué le Premier ministre.
Le chef du gouvernement a redit la nécessité de distinguer clairement réfugiés et migrants irréguliers “qui doivent retourner dans leur pays d’origine dans le respect du droit”. Face à la pression migratoire qui s’accroit depuis plusieurs mois aux frontières de l’Europe, le Premier ministre a rétabli une vérité. Non, la France, ne s’est pas laissée débordée. La crise a été anticipée bien en amont et dès août 2014 la France proposait un plan global européen qui comprenait un renforcement des contrôles aux frontières de l’Union, une meilleure distinction entre réfugiés et migrants économiques, une politique de retours ferme s’agissant des migrants irréguliers et la mise en place d’une aide humanitaire aux pays de transit.
Le Premier ministre a déploré que « les positions de la France n’aient pas été suffisamment suivies ». Manuel Valls a surtout plaidé pour une réponse européenne à la crise. “Plusieurs pays refusent aujourd’hui de jouer le jeu (…) C’est inacceptable. Ces pays oublient aussi leur propre histoire et ces hommes et ces femmes que nous avons accueillis en France quand eux-mêmes fuyaient la dictature et la persécution communiste. Chacun doit prendre sa part de l’effort, en fonction bien sûr, de ses capacités”, a déclaré le Premier ministre. “La solidarité, a-t-il poursuivi, ce n’est pas à la carte. Elle vaut pour tous, elle est donc aussi exigible de tous. Sinon, c’est le sens même du projet européen qui s’effondre.”
Bruno Le Roux, président du groupe socialiste républicain et citoyen est également monté à la tribune pour « rendre hommage aux français, aux maires, aux collectivités locales qui se mobilisent » Il a quant à lui évoqué un risque de césure entre l’est et l’ouest de l’Europe sur la question de l’accueil des réfugiés. Pointant du doigt le gouvernement hongrois, il a déclaré « l’union à laquelle nous adhérons ne se réduit pas à un espace de libre échange… C’est avant tout un espace de solidarité. On ne s’exonère pas du devoir de solidarité. » « Les murs ne résolvent rien, a-t-il ajouté, l’histoire nous l’a suffisamment enseigné. »
Bruno Le Roux a enfin défendu l’espace Schengen face aux attaques dont celui-ci fait l’objet. Il ne s’agit pas de « dénoncer Schengen mais de renforcer Schengen. » C’est le caractère inachevé de l’espace Schengen, l’absence de politique migratoire européenne qui est son corollaire indispensable, qui le rendent vulnérable.
Le patron des députés socialistes a terminé son propos en dénonçant l’incohérence de la droite sur la question des réfugiés. Nicolas Sarkozy réclame aujourd’hui un débat et un consensus national sur la question des migrations. C’est le même Sarkozy qui parlait hier d’un « droit d’asile à durée déterminée ou de la suppression de l’aide médicale d’état ». Certains de ses lieutenants souhaitent, quant à eux, accorder l’asile selon la religion de celui qui en fait la demande. Qu’y a-t-il de républicain dans cette proposition ? Dénonçant la cacophonie à droite, Bruno Le Roux a conclu « les désaccords de l’opposition n’ont qu’un point commun, être à chaque fois des pas en direction de l’extrême droite. »
Quant à Elisabeth Guigou, présidente de la commission des Affaires étrangères, elle concluait son propos en répondant aux propos discriminatoires tenus par certains élus de l’opposition : “Le sujet est trop grave pour laisser les démagogues abîmer les valeurs de la France et de l’Europe : on n’a pas le droit de trier les réfugiés selon leur religion ou leur ethnie car, comme le rappelait Jaurès, il n’y a qu’une race, c’est l’humanité.”
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