Le Premier ministre, Manuel Valls, et la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem, ont présenté les mesures du plan interministériel de lutte contre le décrochage scolaire ce vendredi 21 novembre. Le plan proposé est à la hauteur des enjeux car il traite à la fois la prévention du décrochage, le raccrochage et la remédiation et s‘en donne les moyens avec 50 millions d’euros supplémentaires qui seront mobilisés à partir de 2015.
J’y retrouve avec satisfaction la concrétisation de plusieurs préconisations que nous j’avais formulées dans le rapport d’évaluation des politiques en faveur de la la mobilité sociale des jeunes : généralisation du micro lycée, mallette des parents, abondement des heures de formation au CPF des 16 ans…
La situation dramatique appelait une réponse d’ampleur : 140.000 jeunes quittent chaque année le système éducatif sans diplôme et 620.000 jeunes âgés de 18 à 24 ans non diplômés du second cycle restent en dehors de tout dispositif de formation. Le décrochage signifie pour un jeune “ne pas maîtriser son destin, le subir, et se retrouver au chômage”, mais “aussi, pour beaucoup, basculer dans la pauvreté”, comme l’a rappelé N. Vallaud-Belkacem. Le coût est réel pour la collectivité aussi : 230 000 €, c’est ce que coûte à la France un élève ayant décroché, tout au long de sa vie. Si l’objectif du Président de la République de diviser par 2 le décrochage est atteint en 2017, ce sera une économie supérieure à 400 millions d’euros par an sur 40 ans.
Les mesures proposées mobilisent l’ensemble de la communauté éducative et font d’abord le choix de la prévention : les enseignants pourront ainsi bénéficier de formations pour mieux détecter précocement les difficultés scolaires des élèves, les parents seront mieux associés à la vie de l’école et à la scolarité de leurs enfants – en particulier au niveau de l’orientation.
En cas de décrochage d’un élève, le lien avec l’école sera maintenu et l’objectif sera d’abord de préparer le retour en classe. Il est important que les associations, dont l’expérience dans ce domaine est avérée (Classes-relais, ateliers-relais,…) puissent proposer en complémentarité de l’école une prise en charge individualisée et adaptée des élèves décrocheurs.
Les mesures n’oublient pas les 15 -18 ans, très touchés par le décrochage, qui se verront proposés un parcours de stagiaire de la formation initiale personnalisé, ils pourront faire un stage de découverte en entreprise ou un service civique, le temps de mûrir un projet et de trouver une solution de formation.
Ce plan s’inscrit dans l’action engagée pour la Refondation de l’école ou encore dans la lignée de l’action menée pour le “raccrochage” notamment avec la Garantie Jeunes. Il réaffirme que l’avenir de la jeunesse est la priorité du quinquennat.
Quelques mesures :
– Un numéro unique d’assistance et d’information (0 800 12 25 00) permettra aux jeunes en situation de décrochage ou ayant décroché, ainsi qu’à leurs parents, d’échanger avec un conseiller pour obtenir une information immédiate et fiable sur les solutions alternatives de formation et d’accompagnement qui s’offrent à eux.
– Les parents seront davantage associés à la vie de l’école et au parcours de leurs enfants. Des dispositifs et pratiques contribuant à impliquer les parents seront renforcés et généralisés, en particulier aux moments clés de l’orientation.
– Une Semaine de la persévérance scolaire sera organisée chaque année au sein de toutes les académies afin de valoriser l’action quotidienne de tous les acteurs dans la lutte contre le décrochage scolaire.
– Les premiers signes de décrochage doivent être décelés le plus tôt possible par des enseignants sensibilisés, formés et outillés en conséquence. Des parcours de formation initiale et continue consacrés à la prévention du décrochage et dédiés aux enseignants seront mis en place. Le tutorat élève-adulte sera développé. « Des référents décrochage seront présents dans chaque établissement » (N. Vallaud-Belkacem, 21/11/14).
– Les usages du numérique seront diffusés par le développement de contenus de cours vidéo en ligne (MOOCs) et d’applications pour faciliter l’accès des jeunes aux savoirs fondamentaux et faire évoluer les pratiques.
– Pour apporter une réponse personnalisée aux différentes difficultés rencontrées, les jeunes en situation de décrochage seront pris en charge par des alliances éducatives avec des partenaires externes (experts médico-sociaux, d’associations).
– Un parcours aménagé de « stagiaire de la formation initiale » sera mis en place pour les 15-18 ans risquant de sortir sans diplôme ou sans qualification d’un établissement du second degré. Le jeune conservera le statut scolaire et bénéficiera d’un accompagnement personnalisé. Il pourra faire par exemple « un stage de découverte en entreprise, un service civique, le temps de murir un projet ».
– Les pratiques de remédiation innovantes seront encouragées et structurées au niveau national, avec la mise en place d’au moins une structure de raccrochage innovante dans chaque académie.
– Une plus grande flexibilité des formations sera expérimentée, avec une prise en compte des acquis du passé en cas de redoublement et la possibilité de valider de façon modulaire et progressive les diplômes de CAP et baccalauréat professionnel. « L’expérimentation commencera à la rentrée prochaine ».
– Afin de concrétiser le droit au retour en formation, un abondement des heures de formation disponibles dans leur compte personnel de formation leur sera proposé lors de leur prise en charge par un référent d’une plate-forme de suivi et d’appui aux décrocheurs (PSAD).
Par ailleurs, une étude sera lancée concernant l’hypothèse d’un allongement de la scolarité obligatoire à 18 ans contre 16 actuellement, car « la réponse ne va pas de soi » (N. Vallaud-Belkacem, 21//11/14).
Dossier de presse Lutte contre le décrochage scolaire by RegisJuanico
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