Semaine du 23 au 29 mai

« Sport-santé au féminin »
À l’occasion de la journée internationale du sport féminin, retour sur un très bel événement qui a eu lieu les 9 et 10 décembre 2024 au Kursaal à Besancon, organisé par la DRAJES, le Comité Régional Olympique et Sportif (CROS BFC) l’URPS sages-femmes et l’ARS Bourgogne-Franche-Comté.
Voici mon intervention en clôture du colloque :
« Il existe de fortes inégalités de genre entre femmes et hommes en matière d’activité physique et de sédentarité.
En ce qui concerne le niveau d’activité physique, l’étude ESTEBAN (données collectées en 2015), établit que 60% des adultes de 18 à 74 ans ont un niveau d’activité physique atteignant les recommandations de l’OMS (150mn minimum par semaine et deux séances de renforcement musculaire).
Mais il existe une différence de taille : 70 % des hommes atteignent les recommandations pour seulement 53 % des femmes, avec une forte diminution constatée entre 25 et 35 ans et une remontée entre 35 et 45 ans.
Selon le baromètre santé Publique France paru en 2024 : en 2021 c’était 73% des hommes et 59% des femmes qui atteignaient les recommandations d’activité physique.
Comment l’expliquer ?
Tout d’abord par la difficulté pour les femmes à concilier la vie professionnelle, personnelle et familiale. De façon générale, les femmes manquent de temps avec une double, voire triple journée de travail et les inégalités entre hommes et femmes devant les taches domestiques sont très fortes : 70% sont assumés par les femmes.
De plus, les activités domestiques représentent près d’un tiers de l’activité physique des femmes (31%), en général une activité physique d’intensité faible.
À ce frein du temps disponible, s’ajoute un frein mental pour certaines femmes, une forme d’inhibition qui en découle c’est-à-dire une réticence à s’accorder du temps pour soi et de maintenir des loisirs en dehors de la vie familiale.
Alors que 44% des activités physiques chez les hommes sont issues des loisirs elle ne le sont qu’à hauteur de 29% chez les femmes.
Enfin, les femmes sont moins nombreuses a réaliser les deux séances de renforcement musculaire/assouplissement : 20% contre 30% pour les hommes.
En fait tout commence à l’école entre 5 et 9 ans : 80% des cours de récréation sont occupées par des garçons (terrains de foot) où les filles sont « invisibilisées ».
L’activité physique et sportive commence à diminuer dès l’entrée dans le primaire et continue à décroitre tout au long du cursus scolaire, universitaire.
Cet écart se creuse à l’adolescence où la pratique des filles décroche -à cet âge c’est aussi le moment où les entraînements et les compétitions cessent souvent d’être mixtes- et ne rattrape celle des garçons qu’à l’âge de la retraite où le temps libre des femmes augmente.
La moitié des garçons et un tiers des filles âgés de 6 à 17 ans atteignent les recommandations de 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse par jour.
La puberté est un des marqueurs du déclin de l’activité physique quel que soit le sexe, même si les chiffres sont particulièrement alarmants pour les filles : 40% des garçons et seulement 16% des filles de 15-17 ans atteignent les recommandations.
L’activité physique diminue encore au cours de la vie étudiante le temps passé assis s’accumule de plus en plus avec 8h par jour en moyenne, dont 5 heures de temps d’écran, pour les étudiants selon l’étude ONAPS-ANESTAPS d’octobre 2022.
Toujours selon l’étude ESTEBAN, les femmes sont plus nombreuses à cumuler inactivité physique et sédentarité : 22 % des femmes cumulent sédentarité (plus de 7 heures par jour en position assise ou allongée avec une dépense énergétique faible) et inactivité physique contre 17 % des hommes.
Autre explication : 90% des femmes travaillent dans le secteur tertiaire contre 67% pour les hommes, la sédentarité représentant 75% du temps de travail au bureau soit 6 à 6h30 sur des journées de 8 heures.
En janvier 2023, l’ONAPS (Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité) a réalisé une enquête sur les comportements sédentaires et la pratique d’activité physique lors des transitions de vie de la femme.
Les résultats permettent d’identifier des périodes de forte diminution du temps d’activité physique et d’augmentation du temps de sédentarité : l’entrée dans la vie étudiante, l’entrée dans la vie active et surtout la grossesse, le post-partum puis la parentalité.
Les risques sont donc majorés pour les femmes en terme de santé à des moments clés tout au long de leur vie. Les femmes retrouvent du temps pour de l’activité physique et sportive au moment de la retraite.
Néanmoins, à cet âge, « le mal est déjà fait », les femmes étant nombreuses à souffrir de maladies dégénératives ou articulaires, résultat d’une activité physique et sportive peu intensive voire inexistante dans la jeunesse et la vie adulte.
Le lien entre sédentarité, ostéoporose et maladies cardio-vasculaires, 1ère cause de décès chez les femmes est démontré de longue date.
Alors, comment encourager l’activite physique des filles et des femmes ?
55% des femmes renoncent à sortir et faire des activités seules
8 sur 10 ont peu de rentrer seules le soir chez elles, selon le rapport 2023 du Haut-Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes
Selon le rapport du Haut-Conseil à la Famille et à l’Enfance (HCFEA) d’octobre 2024 sur la place moindre des enfants dans les espaces publics et à l’extérieur, l’usage et l’apprentissage de l’extérieur varie également selon le genre.
Plusieurs enquêtes citées dans le rapport montrent qu’au même âge, les filles se déplacent moins souvent seules et jouent moins longtemps sans surveillance dans les espaces publics que les garçons, par peur de se faire agresser.
Tous âges confondus, les hommes se déplacent presque trois fois plus à vélo que les femmes et à l’enfance et l’adolescence les garçons pratiquent six fois plus…
Les équipement sportifs d’accès libre sont occupés par plus de 90% d’hommes.
Pendant la grossesse, le corps des femmes se transforme : prise de poids, modification du centre de gravité, augmentation de la fréquence cardiaque….
Pratiquer une activité physique modérée et régulière pendant la grossesse permet de mieux vivre ces changements physiques.
Reprendre l’activité physique après l’accouchement permet de se réapproprier son corps, contribue un peu à la perte de poids, diminue l’anxiété et les risques de dépression post-partum.
Le Ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques et l’ONAPS ont élaboré un guide présentant les bénéfices de la pratique d’une activité physique et sportive pendant et après la grossesse, qu’il s’agit de diffuser largement.
L’activité physique est bénéfique également pour lutter contre l’endométriose, une maladie qui touche une femme sur dix en âge de procréer.
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.
Laisser un commentaire