Voilà ce qui arrive quand on choisit d’organiser une grande épreuve sportive dans un pays dont le régime n’a qu’un lointain rapport avec la réalité des faits, la transparence de l’information et s’accommode du mensonge d’Etat, comme il en est coutumier pour des crimes comme l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018.
Le pilote français Philippe Boutron a été grièvement blessé dans l’explosion qui a touché un véhicule d’assistance le 30 décembre à Djeddah, en Arabie saoudite, juste avant le départ de la course.
Chef d’entreprise, président du club de football de l’US Orléans, le pilote qui participait à son neuvième Rallye Dakar risque aujourd’hui d’être amputé de ses deux jambes. Hospitalisé à l’hôpital militaire de Clamart, il est sorti jeudi du coma artificiel dans lequel il a été plongé juste après son rapatriement en France.
Les autorités saoudiennes se sont empressées de n’y voir… qu’un « accident ». Mais Paris a souligné dès le début que « l’hypothèse d’un acte criminel » n’était pas écartée.
Son fils Benoît Boutron, comme le copilote Mayeul Barbet, présent à bord du véhicule au moment de l’explosion, assure qu’une bombe est à l’origine de ce que les autorités saoudiennes interprètent comme « un accident ».
« Dans la vie, Mayeul est expert automobile, commente Benoît Boutron. Il a sauvé la vie de mon père parce qu’il l’a sorti de la voiture, lui a fait des garrots et a eu le réflexe d’analyser la voiture. Son oeil d’expert auto lui fait dire qu’il n’y a pas de doute, que c’est forcément une bombe qui a explosé sous la voiture. La voiture était seule, sur une route. Il n’y a eu aucune percussion, il y a eu le déclenchement des airbags. »
Le parquet national français antiterroriste a ouvert une enquête préliminaire, pour « tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste » et confié l’enquête aux services secrets intérieurs français, la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI).
Dès lors, faut-il arrêter le rallye Dakar en Arabie saoudite ?
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, pourtant grand spécialiste de la realpolitik et de la langue de bois a posé la question ce vendredi sur BFMTV : « Nous avons pensé que peut-être cela valait le coup de renoncer à cette manifestation sportive. Les organisateurs ont décidé de [la] maintenir »…
Mon collègue sénateur du Loiret, Jean-Pierre Sueur, a indiqué avoir saisi le Quai d’Orsay sur l’explosion ayant frappé Philippe Boutron. «pour demander au ministre s’il pouvait l’informer des raisons pour lesquelles les faits avaient été dissimulés en Arabie saoudite et quelles dispositions il avait prises ou il allait prendre pour permettre à la DGSI de disposer de tous les moyens nécessaires, en Arabie Saoudite pour mener ses investigations ».
A suivre… pas forcément en lisant l’édition papier de l’Equipe, dont le propriétaire ASO est l’organisateur du Dakar et qui demeure d’une discrétion totale dans ses pages consacrées à la course sur les développements de l’affaire…
« Quand la diplomatie du carnet de chèques prend le pas sur le sport »
Il y a deux ans, je signais une tribune dans le Journal du Dimanche, pour dénoncer l’organisation du rallye Dakar en Arabie Saoudite au nom du respect des Droits Humains, je n’en enlève aucune ligne à ce texte :
http://www.juanico.fr/…/non-au-rallye-dakar-en-arabie…/
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“Le rallye Dakar”, en Arabie Saoudite comme ailleurs, me semble une scandaleuse
entreprise pseudo-sportive entachée dès l’origine de toutes les tares du “business” et de la frime. Vroum ! Vroum ! Très peu pour moi.