J’ai interrogé la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal lors de son audition consacrée à la rentrée universitaire devant la Commission des Affaires Culturelles et de l’Education à l’Assemblée Nationale le 28 septembre.
Je lui ai demandé quelles suites elle comptait donner à la forte mobilisation des étudiants et des enseignants STAPS ces dernières semaines pour réclamer plus de moyens financiers et humains à la filière des métiers du sport.
Le détail de mon intervention :
« Mme la Ministre,
Vous vous êtes décernées de fleurs et de satisfécits au cours de cette audition. Il y a un sujet sur lequel vous ne vous risquez pas à le faire : c’est l’activité physique et sportive des étudiants, qui aura été la grande oubliée de la pandémie et du quinquennat.Je voudrais vous questionner sur l’avenir de la filière STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives).
En 10 ans, on est passé de 30 000 étudiants à 65 000 étudiants avec une augmentation de seulement 30% STAPS les moyens manquent, le taux d’encadrement est d’un enseignant pour plus de 35 élèves et même parfois d’un enseignant pour 45 étudiants ! Les infrastructures sont vieillissantes, voir insalubres dans beaucoup de territoires. En 2020, 5000 lycéens n’ont pas pu rejoindre la filière STAPS avec la loi Orientation et Réussite des Étudiants (ORE)
Aujourd’hui c’est plus de 2 500 étudiants qui n’ont pas repris leurs cours, sont en grève, à l’université Rennes 2 depuis la rentrée 2021 à cause de cette situation !
On ne met pas de moyens suffisants dans la formation des futurs professionnels du secteur sportif. Sur les 13 millions d’euros supplémentaires accordés aux STAPS depuis le début du quinquennat seulement 50% sont vraiment redescendus aux composantes.
Mme la ministre, quand allez-vous enfin décider un grand plan de rattrapage pour mettre fin à ce manque de considération envers la filière STAPS ? »
La réponse de la ministre :
“Sur les activités physiques et sportives, ce qu’on a observé, c’est pour ça que je disais que c’était très important. Dans tous les lieux où les gouvernances des universités ont travaillé en toute proximité avec les étudiants et leurs ont demandé, au fur et à mesure que cette période difficile s’écoulait, de quoi ils avaient besoin ? Le besoin de faire des activités physiques et sportives est ressorti très rapidement.
Et donc il y a des choses qui se sont organisées localement, pas besoins d’avoir des équipements terribles pour simplement avoir le plaisir de bouger ensemble. Ça faisait partie des choses très importante lors du retour des étudiants dans les campus même s’ils ne retournaient qu’à 20% de la capacité globale d’accueil.
Toutes ces activités en extérieur qui étaient organisées étaient extrêmement importante.
C’est quelque chose que j’ai pu observer notamment de mémoire quand j’ai été à l’université de Nîmes où un certain nombre d’étudiants m’ont présentées les dispositifs qu’ils ont mis en place et il y avait notamment tout ce qui tournait autour de l’activité physique et sportive qui est évidemment essentielle et qu’il faut prolonger.
Sur la question des STAPS maintenant. La filière STAPS a été une des filières qui s’est le plus saisie des opportunités à la fois sur la loi Orientation et Réussite des Étudiants mais aussi l’arrêté Licence pour repenser sa pédagogie, repenser son offre de formation.
C’est une filière que le ministère a souhaité accompagner et l’a accompagné à hauteur de 13,5 millions d’euros, uniquement dédié à ces filières STAPS.
Les établissements, les universités, autonomes, qui ont pour composantes ces UFR STAPS ou ces départements de STAPS ont fait l’usage qui leurs paraissaient le meilleur de ces financements. Parfois en lien avec les doyens, parfois en lien plus lâche on va dire, avec les directeurs de département de formations. Parfois les STAPS forment des UFR, parfois ils n’en forment pas.
On a beaucoup travaillé avec les doyens, on a beaucoup travaillé avec les étudiants, on a beaucoup travaillé avec les présidents d’université. On a été en mesure de sortir par le haut après une espèce de mission flash.
Et donc l’objectif c’est qu’on utilise les financements, notamment des dialogues stratégiques de gestion qui vont démarrer au mois d’octobre pour continuer à accompagner ces filières.
Elle se sont beaucoup transformer, elle se sont beaucoup réformer. Elles doivent continuer à privilégier le côté universitaire de la filière. Ce sont des filières dans lesquelles on a le plus de professeurs agrégés.
Mais là évidemment se pose aussi la question de volumes d’enseignements pour un professeur agrégé versus pour un enseignant chercheur.
Tout ça, il faut qu’on le travail. C’est important que la partie recherche des filières STAPS soit aussi soutenue. Et donc c’est la mission qui a été confiée à l’ensemble des recteurs sur le mois d’octobre de manière à pouvoir travailler avec les STAPS.
Nous avons reçu, évidemment, aussi bien la conférence des doyens que l’ANESTAPS et nous avons construit ensemble cette solution.
Ce qui est important c’est que la confiance n’a jamais été rompu entre le ministère et les STAPS et nous continuons à travailler avec eux.”
Pour rappel, j’ai déjà apporté mon soutien aux enseignant·es et étudiant·es de l’UFR STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) de l’Université de Rennes 2 qui dénonçaient au mois de septembre-comme ailleurs dans les autres STAPS- le manque de moyen et un taux d’encadrement indigne.
La dégradation des conditions de travail et d’études dans l’enseignement supérieur doit cesser ! Les STAPS connaissent des rentrées difficiles depuis de nombreuses années avec des mouvements et des mobilisations ponctuelles comme à Saint-Etienne, à Chambéry, où récemment le doyen a démissionné, et qui vivent la même situation..
La réalité c’est qu’actuellement les enseignants ne peuvent pas assurer la totalité de leurs missions par manque de moyens humains et de personnels administratifs: enseignements (préparation/réalisation) + recherche (études/publications) + pour certains responsables de formations qui consiste à coordonner les enseignements.
Actuellement :Moyenne nationale de l’ESR : 1 enseignant pour 17/18Moyenne nationale en STAPS : 1 enseignant pour 35Situation STAPS Rennes 2 : 1 enseignant pour 44.Les revendications à l’UFR STAPS de Rennes : 14 postes supplémentaires pour revenir à 1/35.Le taux d’encadrement et d’accompagnement dans les STAPS est inégalitaire par rapport aux autres filières.
La filière joue le jeu depuis des années et augmente régulièrement leurs capacités d’accueils au détriment des conditions des personnels.On souhaite une nation sportive ?
Alors formons les professionnels du secteur pour avoir des professionnels de l’EPS, des professionnels de l’APA, des professionnels de l’événementiel, de l’entraînement, de la conception de matériel de performance, bref de professionnels dans l’ensemble des sous-secteurs du sport.
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