Épuisés par l’enchaînement de la 1ère vague et de l’actuelle qui touche au premier rang national notre territoire depuis plus de trois semaines, les personnels soignants du CHU de Saint-Etienne font face avec abnégation et courage au flot de malades Covid -60 000 nouveaux cas au niveau national ce vendredi, un record- aux hospitalisations qui augmentent de jour en jour et des patients admis en service de réanimation.
Ils n’en revendiquent pas moins des moyens supplémentaires, des créations de postes, des lits, une revalorisation substantielle des rémunérations et des carrières, une amélioration des conditions de travail.
Ces revendications sont plus que jamais d’actualité, des réponses doivent être apportées par le Premier Ministre.
En tant que député de la Loire, ils peuvent compter sur mon soutien renouvelé, comme j’ai pu le rappeler à Isabelle Guichard, docteur au service de médecine interne du CHU, représentante du Collectif Inter-Hôpitaux lors de notre échange il y a dix jours sur le projet de financement de la sécurité sociale 2021.
C’est une visite qui suscitait énormément d’attentes : celle, samedi après-midi, de Jean Castex au CHU de Saint-Étienne. Le Premier ministre est resté pendant… Lire la suite
L’article de France Bleu Saint-Etienne-Loire :
Le manque de personnel, première préoccupation des soignants
Au sein du CHU de Saint-Etienne, 36 des 40 lits Covid sont aujourd’hui occupés. Face à l’explosion du nombre de patients hospitalisés, les soignants ne comptent pas leurs heures. Catherine, infirmière en médecine interne, vient de passer une semaine dans une unité Covid, et elle est déjà éreintée : “On se retrouve beaucoup moins qu’à la première vague pour un nombre plus important de patients. On a l’impression de ne pas être en sécurité avec eux.”
Pourtant dans le cadre du groupement territorial de la Loire, des renforts sont bien arrivés. Sans les compétences qui vont avec ! Une situation difficile à vivre pour Isabelle Guichard, docteur en médecine interne et membre du collectif inter-hôpital : “les chirurgiens qui viennent nous prêter main forte sont très motivés, mais ils sont en grande difficulté. Ça n’est pas leur travail ! On en arrive à une situation où ils font un travail qui n’est pas le leur ! Idem pour des infirmières de clinique : elles sont infirmières de bloc, pas de médecine interne.”
Les deux soignantes partagent un même constat : malgré les déprogrammations, elles sont en nombre insuffisant pour prendre en charge convenablement les patients Covid : “On est très inquiets pour eux, ce sont des patients très lourds, et il faut être suffisamment nombreux pour s’en occuper”, martèle Isabelle Guichard.
Des revendications anciennes mais renforcées par la crise
Dans ces conditions, la visite de Jean Castex laisse Viriginie, aide-soignante, dubitative : “Ça fait des années qu’on se plaint du manque de personnel et de lits. Une crise, on descend ! Mais c’était avant qu’il fallait le faire. Ça fait très politique je trouve”. Un sentiment partagé par Julien Vassal, infirmier anesthésiste, qui pointe le manque d’anticipation du gouvernement.
Pour lui Jean Castex s’expose à une vraie colère de soignants: “le fait d’avoir nié depuis le mois de mai la possibilité d’une deuxième vague de cette ampleur, et surtout de n’avoir rien fait. Pourquoi on n’a pas anticipé des formations sur des infirmiers de services ?” Il redoute une opération de communication, sans annonces ni vrais gestes pour l’hôpital public.
Ces revendications, le collectif inter-hôpital entend bien tenter de les faire entendre ce samedi. Il a sollicité une entrevue avec le Premier ministre, d’autant que le projet de loi de financement de la sécurité sociale est en cours de discussion. Sont prévues des économies pour l’hôpital public. Une situation qui exaspère aussi Michel Roy, médecin à l’hôpital du Gier, en EHPAD : “Quels moyens va-t-il donner à l’hôpital public ? Ici on est tous épuisés. Et puis un patient âgé, en Ehpad, ça nécessite des perfusions supplémentaires et des piqûres supplémentaires. Les visites c’est bien beau, mais on attend des moyens supplémentaires. Et ça n’est pas qu’une question de salaire, mais de conditions travail, qui sont en ce moment fortement amoindries.”
La CGT du CHU de Saint-Etienne annonce d’ores et déjà une mobilisation devant l’hôpital pour “accueillir” le Premier ministre, à 14h30 :
Céline Autin, journaliste à FBSEL
Guillaume Thiery, professeur de médecine intensive au CHU de Saint-Étienne
« Nous allons montrer au Premier ministre l’organisation qui a été mise en place… Une organisation qui a ses limites puisque nous n’allons pas pouvoir absorber un nombre beaucoup plus important de patients et il n’est pas exclu que l’on se retrouve très prochainement dans une situation voisine à celle qu’a connue le grand Est de la France en mars dernier.
Il faut savoir qu’aujourd’hui, nous avons le double de patients hospitalisés par rapport au moins de mars dernier. C’est très inquiétant, d’autant que nous savons que ce nombre va encore augmenter.
Et je crains que le Premier ministre ne puisse pas apporter beaucoup de réponses à nos inquiétudes. Ce qui est certain, c’est que le confinement de mars-avril avait bien fonctionné.
Ce qui est important, c’est que les gens comprennent bien que c’est une maladie très grave et qu’ils doivent respecter les gestes barrières et les règles du confinement. Les règles préconisées sont efficaces et c’est la seule façon d’enrayer la progression du virus. »
Céline Chauleur, professeur de gynécologie obstétrique au CHU de Saint-Etienne
« Nous allons interpeller le Premier ministre sur l’attractivité du CHU, d’un point de vue médical et non médical, car les personnels sont épuisés.
La pandémie que nous connaissons aujourd’hui est sans commune mesure avec la précédente et notre crainte, à l’issue de cette crise sanitaire, c’est de voir partir les personnels soignants, parce qu’ils ne sont pas assez payés par rapport à d’autres pays européens ou tout simplement parce qu’ils auront des opportunités plus avantageuses ailleurs.
« Nous ne voulons plus d’économies sur le dos de l’hôpital »
Nous interpellerons également le Premier ministre sur les problèmes de gouvernance du CHU, car notre crainte, lorsque le plan de financement de la Sécurité sociale sera voté, c’est que l’on fasse encore et encore des économies sur le dos de l’hôpital. Car à faire des économies, on se retrouve à ces fermetures de lits excessives.
À tel point, qu’aujourd’hui, on a dû installer des lits dans des bureaux désaffectés, suite à ces fermetures de lits imposées par l’État. La situation est complexe. Nous avons ouvert mille lits COVID sur l’ensemble du groupement hospitalier du territoire pour prendre en charge les patients, au détriment d’autres pathologies et en déprogrammant des opérations. »
Le reportage au journal France 2 de 13h jeudi 5 novembre « Firminy, un hopital au coeur de l’épidémie »
Sur le plateau : Certaines régions sont plus particulièrement touchées par ce virus. La Loire est, aujourd’hui, le département où la situation sanitaire est la plus grave. Le taux d’incidence du virus est deux à trois fois supérieur à la moyenne nationale. Les soignants livrent un combat éprouvant face à cette maladie. Reportage au centre hospitalier Le Corbusier, à Firminy, où plus de la moitié des lits, 60%, sont occupés par des patients atteints du Covid.
Journaliste : Dans le département de la Loire, le plus touché du pays, les hôpitaux font face à une crise pire que celle annoncée, et qui était déjà inquiétante. En témoigne, il y a 10 jours, ce bilan dans l’hôpital de Firminy, 7 décès en 24 heures. Et désormais, les formes graves du coronavirus ne concernent plus seulement les personnes âgées ou les plus fragiles.
Soignant : Une patiente jeune, de 27 ans, sans facteur de risque, qui a présenté petit à petit des besoin d’oxygène qui se sont majoré, qui a nécessité de mettre une machine pour l’aider à respirer et la plonger dans un coma artificiel.
Journaliste : Une patiente transférée depuis en réanimation à Saint-Etienne. A Firminy, 120 patients sont actuellement hospitalisés, contre 30 lors du pic au printemps. Le nombre de lits disponibles, chaque jour un nouveau casse-tête.
Soignante : On met des patients chaque jour, on les teste systématiquement. On attend les résultats et parfois c’est long parce qu’on attend 24 heures. En attendant, ces patients, on est obligés de les laisser en chambre, seuls. Ça bloque des lits et on ne peut pas en accueillir autant qu’on voudrait.
Journaliste : Aujourd’hui, 60% des lits de l’hôpital sont occupés par des patients atteints par le coronavirus et le personnel soignant fatigue. Certains tombent malades : 10% d’absentéisme en octobre, or les contaminations pourraient encore doubler.
Soignante : C’est dur parce qu’on a fait des efforts pour la première vague, on n’a pas eu le temps de décompresser. On vit dans un système un peu à part. On vit « Covid », on mange « Covid » et on dort « Covid ».
Soignant : On ressent une violence dans la prise en charge de ces patients parce que ce sont des patients très instables, qui, à partir du moment où ils sont hospitalisés, nécessitent d’être surveillés régulièrement. Ça nous impose aussi beaucoup de mesure de protection, d’hygiène.
Journaliste : Violence aussi, dans l’isolement des patients. Aucune visite n’est autorisée. Une atmosphère pesante, parfois tendue, que les messages du monde extérieur ne viennent plus adoucir. Les encouragements ont disparu et a laissé place, parfois, à une forme d’amertume.
Soignante : Moi, je pense qu’il n’y a plus cette solidarité. Il y a deux mondes : il y a ceux qui sont impactés par le Covid, et ceux qui disent que ce n’est pas grand-chose.
Journaliste : Signe de ce changement, récemment l’hôpital de Firminy a recruté des vigiles pour faire respecter les mesures de protection et la suspension des visites.
Saint-Etienne reste la métropole de France la plus touchée par la pandémie. Même si le taux d’incidence a enfin commencé à fléchir depuis quelques jours dans les hôpitaux de la ville, c’est toute une réorganisation qui a fallu mener pour accueillir un maximum de malades.
Journaliste : En une après-midi, jeudi dernier, 6 lits de réanimation Covid ont vu le jour, grignotés sur le service de réa-chirurgicale du CHU stéphanois, désormais coupé en deux.
Soignant : On a recréé une pharmacie puisqu’il nous fallait une pharmacie dédiée pour cette unité alors que normalement elle est commune pour les deux unités, créé des cloisons un peu étanches pour isoler l’alvéole et créé cette salle de repos puisque les infirmières sont là pendant 12h et elles ont besoin des temps de pause durant leur poste.
Journaliste : Sous assistance cardio-respiratoire, 4 patients parmi les plus graves y sont déjà admis. Tout près de là, c’est la salle de réveil d’un des blocs opératoires qui a changé de vocation, au prix de déprogrammation des chirurgies les moins urgentes.
Soignant : Il nous reste encore des lits disponibles mais ce qui nous effraie c’est le nombre de patients qu’on nous annonce à l’horizon d’une semaine/10 jours. C’est pour ça qu’on fait le maximum pour libérer un maximum de lits pour pouvoir traiter un maximum de patients.
Journaliste : 90 lits de réanimation actuellement occupés sur le groupe nord hospitalier de territoire qui couvre la Loire et une partie de l’Ardèche, ce chiffre bondirait à près de 200 d’ici la fin de la semaine selon plusieurs modélisations. La pression pèse aussi sur de nombreux autres services, obligés de se réorganiser pour accueillir les patients Covid qui nécessitent une hospitalisation sans réanimation, soit près de 85% d’entre eux.
Ce plateau technique longtemps vacant dont le projet était d’en faire une unité de chimiothérapie ou de court séjour en gériatrie est devenu une unité de 22 lits Covid.
Soignant : En ce moment, on a en projet pour la fin de la semaine de libérer 380 lits pour accueillir des patiens Covid. Ce qui est colossal pour cet établissement.
Journaliste : Les soignants comptent aussi sur les effets du reconfinement pour les aider à rester efficaces dans leur prise en charge des patients, Covid bien sûr, et des autres, qu’ils invitent, si vrai nécessité, à ne pas se détourner de l’hôpital, au risque de le payer plus tard.
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