La ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal oppose une fin de non-recevoir à tout report du conseil d’administration de l’Université Jean Monnet devant statuer sur le projet de fusion avec Lyon.
J’ai interpellé la Ministre de l’Enseignement Supérieur, Frédérique Vidal, à l’occasion de son audition en Commission des Affaires Culturelles et de l’Education.
Le détail de mon intervention :
Madame le ministre, vous avez reçu jeudi dernier les élus de la Loire au sujet du processus de fusion « université-cible Lyon Saint-Etienne ».
Nous vous avons demandé un report de la date du conseil d’administration de l’UJM prévoyant la validation des statuts de cette fusion prévu vendredi 23 octobre pour l’aligner sur les dates des universités lyonnaises concernées, Lyon 1 et Lyon 3, à la mi-décembre.
Nous vous avons également demandé une modification des statuts du projet de fusion garantissant une autonomie de décision à travers la préservation de personnalité juridique et moral de l’UJM dans la future entité.
Alors que le conseil académique de l’UJM vient d’infliger un camouflet au projet de fusion en votant contre à 82% (60 voix contre 11 voix pour, 2 abstentions), quelle suite entendez-vous donner à nos demandes à présent ?
Réponse lapidaire et sans appel de la ministre : « ce n’est pas au ministère de fixer la date d’un conseil d’administration d’une université en vertu du principe d’autonomie ».
Circulez, il n’y a rien à faire… on se demande même à quoi sert un ministre de l’enseignement supérieur que nous alertons depuis maintenant 10 mois sur le fait que le projet de fusion entre 4 établissements d’enseignement supérieur de Lyon et Saint-Etienne va droit dans le mur.
La semaine dernière, les étudiants, enseignants-chercheurs et personnels de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon ont voté à 92% contre le projet de fusion actuel. Le CA de l’école doit se prononcer jeudi 22 octobre.
Au départ du projet, il y a dix ans 13 établissements étaient concernés, il n’en reste plus que… 4. Lyon 2 n’en fait pas partie alors que 27 masters sur 45 de l’UJM sont co-accrédités par l’université lyonnaise qui est hors Idex…
La ministre n’en a cure, la fusion peut bien échouer, ce n’est pas son problème, mais celui d’un jury international Idex aux critères de sélection contestables « un moule unique et non adaptable », en particulier sur la gouvernance de la future université-cible.
La ministre enfile les perles et les poncifs : « il n’y a pas d’alternatives au projet Idex… Est-ce que le monde académique est prêt à se priver d’un projet de rayonnement international…? ».
Au moule académique standardisé, nous opposons la spécificité de l’université stéphanoise : pluridisciplinarité, agilité, souplesse, attractivité internationale, avec 85% des étudiants issus des trois départements de la Loire, Ardèche et Haute-Loire et un taux d’insertion professionnel dans notre bassin économique remarquable.
La soi-disant « neutralité » de la ministre ne l’empêche pas de prendre clairement partie pour la réussite du projet Idex dans un communiqué de presse cette semaine : « Je formule le souhait sincère que les acteurs du site lyonnais et stéphanois auront à cœur de défendre ce très beau projet qui permettra à l’université Lyon-St-Etienne d’apparaître parmi les meilleures universités mondiales ».
La ministre ainsi que les présidents d’université encore favorables au projet, par leur intransigeance et leur dogmatisme, en assumeront donc entièrement l’échec, alors que des alternatives « du sur-mesure » existaient et pouvaient emporter le consensus des acteurs universitaires concernés.
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