Le débat mérite mieux que des caricatures, mais Emmanuel Macron en a décidé autrement. Lundi 14 septembre, devant une centaine d’entrepreneurs de la « French Tech » réunis à l’Élysée, le président de la République a défendu le choix de la 5G, en moquant ceux qui, selon lui, estiment « qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ».
« Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine », a-t-il fait valoir, avant de plaider, de façon paradoxale, pour un « débat éclairé » sur le sujet.
Le chef de l’État s’exprimait au lendemain de la parution d’une tribune réclamant un moratoire sur le déploiement de la cinquième génération de réseaux mobiles en France, cosignée par 70 élus de gauche et écologistes :
Une soixantaine d’élus (dont les maires de Bordeaux, Lyon, Marseille ou encore Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Adrien Quatennens, François Ruffin, Eric Piolle… Lire la suite
De son côté, le ministre délégué chargé des transports, Jean-Baptiste Djebbari, a affirmé sur France 2 que « le rejet de la technologie n’était pas nouveau », qu’il était même « inhérent à toute innovation. Au XIXe siècle, certains rejetaient le train au motif qu’il rendrait sourd et aveugle ».
Contrairement à ce que prétend Emmanuel Macron et ses ministres à travers des propos dédaigneux et tristement caricaturaux, réfléchir et débattre avant de déployer la 5G, ce n’est pas prôner la régression des civilisations humaines vers un nouvel âge de pierre, c’est au contraire exiger de comprendre si une évolution technologique est un véritable progrès humain.
Depuis plusieurs années, des alertes sont lancées concernant la 5G. Certaines sont suspectes, relayées par les complotistes en tous genres. Mais ces derniers mois, les rapports scientifiques s’accumulent et les problèmes soulevés se multiplient.
Nombreux sont ceux qui réclament un moratoire sur le déploiement de la 5G en France -le moratoire sur le déploiement de la 5G figurait d’ailleurs parmi les 149 mesures de la Convention citoyenne pour le climat, que le chef de l’État s’était engagé à reprendre- le temps d’étudier sérieusement toutes les conséquences de l’installation et de l’utilisation massive de cette technologie de communication.
Des études d’impact préalables sur un plan sanitaire mais aussi climatique et environnemental ainsi qu’une évaluation “complète”, sur l’ensemble de la chaîne technologique (de la fabrication à l’utilisation, des antennes aux smartphones) doivent nous permettre de démêler le vrai du faux sur :
?? les questions d’impact du déploiement de la 5G sur la santé, notamment dans les fréquences hautes (26GHz) pour lesquelles l’ANSES demande d’approfondir la recherche sur les effets sanitaires potentiels ;
Deux nouvelles bandes vont en effet être ouvertes pour la 5G : celle des 3,5 GHz dans un premier temps, puis celle de 26 GHz. Reste à savoir quelles seront les conséquences pour la santé.
Une évaluation spécifique sur les effets en la matière a été demandée à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui a rendu un rapport préliminaire (PDF) en octobre 2019. L’Anses y constate “un manque important voire une absence de données relatives aux effets biologiques et sanitaires potentiels” d’une exposition aux fréquences 5G. L’expertise finale, attendue au premier semestre 2021, après le lancement des offres commerciales, doit indiquer si les connaissances actuelles peuvent être extrapolées à cette nouvelle technologie.
En attendant, le gouvernement a confié en juillet à quatre administrations une mission portant notamment sur cet enjeu de santé publique. Celles-ci ont passé en revue les dizaines de milliers d’études parues dans le monde sur les radiofréquences et les milliers menées sur la téléphonie mobile.
Elles ont rendu leur rapport en septembre, précisant qu'”il n’existe pas, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales, d’effets néfastes avérés à court terme” des ondes sur la santé, lorsque les valeurs limites d’exposition recommandées ne sont pas dépassées. Les effets à long terme sont “difficiles à mettre en évidence” et “à ce stade, pour l’essentiel, non avérés”. Ils font toujours l’objet de débats au sein de la communauté scientifique.
?? examiner les aspects de consommation d’énergie et d’impact environnemental d’une utilisation nationale massive de la 5G ;
Olivier Roussat, le président-directeur général de Bouygues Telecom, l’a lui-même exposé, lors de son audition devant le Sénat début juin. “La 5G permet, lorsque l’on transporte des données, de le faire avec moins d’énergie.
En revanche, elle augmente considérablement les débits et permet donc un usage beaucoup plus important, donc de transporter davantage de données, ce qui est beaucoup plus consommateur. Il est donc erroné d’affirmer que la 5G permettra des efforts en matière d’énergie. Après la première année de déploiement, la consommation énergétique de tous les opérateurs affichera une augmentation importante.”
Alors que certains territoires ne sont pas encore couverts par la 3G et la 4G, il est paradoxal de se focaliser sur la 5G.
Il semble donc nécessaire d’engager une réflexion sur la fracture numérique territoriale, de s’assurer aussi des moyens mis en œuvre pour réduire la fracture sociale, et d’enfin envisager ces technologies de réseaux mobiles comme des outils d’aménagement du territoire.
Au-delà d’un moratoire à l’été 2021, il convient enfin d’engager un débat public avec la mise en place de consultations citoyennes sur les enjeux de la 5G dans les métropoles concernées.
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J’espère que ce projet ne verra pas le jour…. Il serait bien dans une DEMOCRATIE d’en discuter
Merci !