J’étais, ce mardi 29 octobre, l’invité de l’émission 100% Club, sur France Bleu Loire, suite à la 5ème réunion plénière de l’Instance Nationale du Supportérisme qui a abordé des sujets sensibles actuellement : les discriminations (homophobie et racisme notamment), les déplacements et les tribunes debout.
J’ai pu y défendre un football populaire et les supporters qui font vivre les tribunes mais aussi la nécessité de prendre des décisions courageuses, de mettre en place des expérimentations, d’encadrer les décisions des Préfets sur les interdictions et restrictions de stade, pour un dialogue apaisé avec les supporters.
J’ai pu également parler du déplacement de la Mission parlementaire, à Saint-Etienne, le 28 novembre prochain, à l’occasion du match entre l’Equipe de France des députés et les anciens Verts.
Le détail de mon passage :
??? Lutte contre les discriminations dans les stades, expérimentation de tribunes debout, interdiction ou restriction de déplacement pour les supporters, fumigènes… ???
Le déplacement des supporters pose de vraies questions. Les réunions vont dans quel sens ?
Oui on avance. Il ne faut pas oublier l’expérimentation positive de « Tribunes Debout » qui, à partir des 4 stades, dont notamment celui de Saint-Etienne, vont pouvoir être progressivement généralisées.
Hier, lors de la 5e séance plénière de l’Instance Nationale des Supporters, il y avait le Secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Laurent Nuñez. Sa présence est déjà un pas en avant.
Après, il faut attendre de voir la circulaire qui sera envoyée aux Préfets pour s’assurer que le ministère à la volonté d’harmoniser un certain nombre de décisions sur l’encadrement et l’interdiction des déplacements.
L’Association Nationale des Supporters a fait un décompte : sur 11 journées de championnat, 47 restrictions de déplacements et 12 interdictions de déplacements des équipes. C’est un chiffre extrêmement important ! On ne peut continuer pas comme cela !
Il y a donc une nécessité d’avoir une régulation, une coordination au niveau du Ministère de l’Intérieur. Nous avons demandé qu’il y ait un Préfet régulateur qui puisse intervenir, alors qu’aujourd’hui, il y a très peu de matchs qui sont à hauts risques, pour ne pas banaliser ces arrêtés préfectoraux de restriction ou d’interdiction de déplacement.
Quel est rôle des parlementaires ?
La Mission parlementaire se rendra justement à Saint-Etienne le 28 novembre, puisque ce jour-là, nous organisons un match entre l’Equipe de France des députés et les anciens Verts. Les deux co-rapporteurs, Sacha Houlié Marie George-Buffet seront présents, ils vont se déplacer sur le terrain.
L’ambition c’est qu’effectivement, nous puissions avoir un certain nombre de préconisations au mois de décembre lors de la remise de ce rapport d’évaluation de la Loi Larrivé, et, qu’ensuite, nous puissions voter un certain nombre de dispositions législatives, notamment dans le cadre de la Loi Sport et Société, qui devrait être examinée dans le courant de l’année 2020.
La loi Larrivé, au départ, était discutée dans un contexte extrêmement tendu de l’état d’urgence, en tout début de l’année 2016. C’était une loi qui était exclusivement répressive qui élargit et durcit les possibilités d’interdictions administratives de stade pour les supporters violents.
Et nous avons réussi, avec un certain nombre d’amendements, à changer le titre de la loi et en faire une loi de renforcement du dialogue avec les supporters, en reconnaissant leur rôle positif dans l’animation des stades et du sport et puis surtout en créant, grâce à un amendement que nous avons défendu, à l’époque, avec François Rochebloine et Paul Salen, l’Instance Nationale du Supportérisme, qui fait un bon travail depuis sa création. Et puis nous avons créé aussi le référent Supporter dans chaque club professionnel.
Nous aurions voulu aller plus loin, à ce moment-là, mais c’était déjà deux étapes importantes et on voit aujourd’hui que cette instance, l’INS, fait du bon boulot. Et j’espère que le groupe de travail sur les fumigènes va aussi produire un certain nombre d’effets.
Il y a-t-il d’autres dossiers sur lesquels il est possible d’avancer comme les interdictions de stades ?
Il faut bien distinguer les sujets, il y a les interdictions administratives de stade judiciaires qui peuvent être bien évidemment être motivées par des comportements de violence.
Il y a le sujet qu’a abordé tout à l’heure Pierre Barthélémy, qu’il connait extrêmement bien, des interdictions administratives de stade administratives, à la main des préfets plus arbitraires.
Rappelons que 40 % des interdictions de stade administratives sont liées à des craquages de fumigènes, qui n’est pas un comportement violent. Il faut donc qu’on puisse agir là-dessus.
Et puis, aujourd’hui, la principale question qu’il nous faut régler, je pense, c’est l’interdiction et la restriction des déplacements.
Que peut-on faire pour limiter les interdictions de déplacements ?
Sur l’interdiction des déplacements, on a auditionné la Ligue Nationale de Football, qui a quand même un changement de comportement dans le dialogue avec les supporters depuis maintenant 2 ou 3 ans.
Il y a le problème de la Commission de discipline, qui est indépendante de la Ligue et qui fait des sanctions collectives qui posent problème. En ce qui concerne les déplacements, il faut voir ce que le nouveau dispositif des réunions préalables avant chaque match va donner.
Il existe aujourd’hui des réunions dans les clubs qui ont lieu à peu près 15 jours avant les matchs à domicile. L’idée c’est de faire ces réunions 3 semaines avant, pour avoir des décisions plus en amont. Il faut voir si les Préfets vont continuer à prendre des décisions infondées sur le plan juridique ou est-ce qu’on va aller vers un apaisement. Je le souhaite, parce que, sans déplacements des supporters, on ne peut pas avoir un football populaire et donc des tribunes qui soient remplies.
Vous êtes pour les fumigènes ?
Oui, avec certaines garanties, ce que je souhaite, c’est que comme on l’a fait pour Tribunes Debout, on puisse expérimenter effectivement une forme d’espace sécurisé. Stéphane Testé, Député de Seine-Saint-Denis qui siège à l’INS, et qui est le président de l’amicale parlementaire de l’ASSE, me disait que cette question n’avait pas été évoquée hier. Il y a un groupe de travail qui a été mis en place et qui va certainement faire des propositions dans les prochains mois.
La Ligue de Football nous a indiqué initier au Havre, une expérimentation de craquages de fumigènes sécurisés en bas de la pelouse, hors tribune, sur un sol sécurisé et ignifugé, avec 6 ou 7 supporters.
Cela a été proposé à Saint-Etienne, mais comme vous pouvez l’imaginer, les groupes de supporters ne sont pas forcément d’accord pour ce type de propositions, je pense que là aussi, on peut avancer.
Alors en tribune ou hors tribune, ça va être le débat ! Puisque bien évidemment les groupes d’ultras, aujourd’hui, notamment à Saint-Etienne souhaitent que ça soit en tribune.
Après, cela pose un certain nombre de problèmes de sécurité. Un fumigène, ça brûle, ça monte entre 800 et 1000°, ça peut provoquer des brûlures, ça peut provoquer des feux de banderoles. Mais techniquement on peut peut-être s’inspirer d’autres exemples étrangers.
Je sais qu’en Autriche, en Allemagne, il y a des choses qui se font. Moi, je suis pour qu’on aille assez vite sur l’expérimentation et puis qu’on permette effectivement ces craquages de fumigènes en toute sécurité.
Aujourd’hui, et c’est nouveau, il y a une volonté de la Ligue d’avancer, notamment sur une expérimentation de fumigènes.
Aujourd’hui, les fumigènes sont interdits dans les tribunes, donc la Ligue sanctionne… J’espère qu’il y aura des propositions qui vont être faites sur la base de ce qui se fait en Autriche où Allemagne et qu’on puisse, nous, modifier la loi, pour qu’on ait des tribunes qui soient animées, pour un football populaire et qui ne soient pas des tribunes aseptisées tout en gardant quand même des questions de sécurité qui sont évidentes, bien évidemment quand on parle de fumigènes.
Sur les discriminations dans les stades, qu’en pensez-vous ?
Ce qu’il faut voir, c’est que le nombre d’interpellations dans les stades, liées à des sujets de discrimination, que ce soit le racisme ou l’homophobie, représente une toute petite partie des interpellations.
C’est plutôt de l’ordre de la pédagogie et de l’éducation. Je pense que les choses vont changer progressivement dans les stades. Il ne faut pas en faire un sujet de braquage, ni arrêter les matchs de façon trop régulière.
Comment changer les mentalités et les habitudes ?
Il y a 2 choses. Pour moi, la mission principale, elle est confiée à l’Education Nationale. C’est à l’école et aux associations aujourd’hui, de mener cette mission de lutte contre les discriminations.
Je souhaite que les stades restent des lieux de liberté d’expression très forts. Et d’ailleurs, les groupes de supporters ne s’en privent pas: ils ont souvent des banderoles qui sont assez bien vues et avec des messages politiques, ça peut s’adresser aux dirigeants, parfois de manière virulente, à la Ligue Nationale de Football, ça peut s’adresser aussi aux politiques.
Je trouve que c’est un espace qu’il faut préserver. Surtout que, effectivement, et Pierre Barthélémy l’a rappelé, il y a aussi beaucoup d’humour là-dedans.
Maintenant, je pense qu’il faut aussi faire preuve de pédagogie. La question qui peut se poser, c’est à partir du moment où la société ne tolère plus les expressions homophobes dans l’espace public, ce qu’on ne tolère pas à l’extérieur d’un stade peut-il être toléré à l’intérieur d’un stade ?
Mais je vise en cela, plutôt les comportements individuels qui consisteraient pour des énergumènes qui se rendrait spécifiquement dans un stade en sachant qu’ils ont une impunité pour s’exprimer avec des messages à caractère homophobe. Ces comportements doivent être punis avec la plus grande sévérité. Il faudra faire preuve de discernement par rapport à ce qu’est la culture de longues années de chants de supporters.
Il peut y avoir des évolutions, ça prendra encore quelques années. Mais je ne voudrais pas que cela devienne un lieu de défouloir pour un certain nombre de personnes qui viennent exprimer un message spécifiquement homophobe.
Ce lundi 28 octobre avait lieu la 5e réunion plénière de l’Instance Nationale du Supportérisme… Lire la suite
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