Le Progrès a recueilli mon avis sur la question. « A Saint-Étienne, si on interdit à ces mamans d’accompagner les sorties scolaires, il n’y en aura plus de sorties scolaires. »
« C’est un sujet sur lequel je m’étais déjà exprimé dès février lors de l’examen à l’assemblée d’un amendement, qui visait justement à interdire aux parents accompagnateurs de sorties scolaires de porter des signes manifestant une appartenant religieuse. Aujourd’hui, la loi est extrêmement claire. Il y a une interdiction pour les fonctionnaires ou agents du service public de porter des signes manifestant du prosélytisme.
Les mamans qui accompagnent les sorties scolaires ne sont pas des collaboratrices du service public. On ne peut pas leur demander de retirer leur voile alors que la loi ne le prévoit pas. Je ne souhaite pas qu’on légifère encore sur le sujet, je trouve qu’on a trouvé un bon équilibre.
L’école est un sanctuaire, en dehors de l’école, c’est autre chose. Soyons clairs, à Saint-Étienne, si on interdit à ces mamans d’accompagner les sorties scolaires, il n’y a plus de sorties scolaires. C’est complètement démagogique. C’est un problème qui est agité comme un chiffon rouge par l’extrême droite et une partie de la droite. Arrêtons de stigmatiser ces populations et ayons des réflexions intelligentes sur les vraies questions de radicalité. »
Je m’étais déjà exprimé dans l’hémicycle à l’occasion de l’examen du projet de loi « école de la confiance » et la discussion de l’amendement d’Eric Ciotti le mardi 12 février 2019, pour lequel Jean-Michel Blanquer avait fait preuve de beaucoup de complaisance :
« Le groupe Socialistes et apparentés ne votera pas l’amendement de notre collègue Éric Ciotti, qui, fidèle à sa réputation, s’est fait une spécialité, dans nos débats sur ce projet de loi, d’allumer des mèches. Il le fait d’ailleurs un peu toujours sur les mêmes sujets : la suppression des allocations familiales de parents d’élèves absentéistes ou la question que nous abordons ce soir.
Nous avons, en la matière, une législation robuste, avec la loi de 2004, évoquée à l’instant, qui interdit, dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes et de tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse. Je remarque d’ailleurs, monsieur Ciotti, que, bien que prônant une application stricte du principe de laïcité, vous ne proposez à aucun moment de l’étendre aux écoles privées sous contrat.
En ce qui concerne les parents d’élèves accompagnant les sorties scolaires, nous disposons d’un avis du Conseil d’État extrêmement clair : il considère que ceux-ci ne sont pas des collaborateurs du service public et que, par conséquent, il n’y a pas à réglementer leur tenue.
Vous savez très bien – cela a été rappelé par beaucoup de nos collègues – que, si votre amendement était appliqué dans beaucoup des écoles de nos circonscriptions, un certain nombre de sorties scolaires n’auraient tout simplement plus lieu.
Un certain nombre d’entre elles devraient donc alors être supprimées, ce qui aurait pour conséquence de pénaliser également, les élèves des écoles concernées (…). »
En revanche, on pourrait agir aujourd’hui pour :
– sanctionner les médecins qui font des certificats de complaisance aux filles pour qu’elles n’aillent pas à la piscine ou classe verte
– donner des vrais temps de formation sur la laïcité à tous les acteurs pour bien connaître la loi et son application dans tous les temps de l’école
– lutter avec les collectivités contre les pressions que subissent certains enfants sur leur régime alimentaire et sur leur non-croyances ou leurs croyances
– fermer les écoles privées hors contrat qui ne respectent pas les valeurs de la République (soit la plupart des écoles confessionnelles hors contrat) et empêcher vraiment l’ouverture de nouvelles écoles hors contrat avec un régime d’autorisation préalable stricte.
Le reste n’est qu’agitation électoraliste d’autant plus problématique qu’elle intervient après une humiliation publique d’une mère et de son enfant par un facho élu régional en Bourgogne Franche-Comté en manque de publicité personnelle.
Le Figaro s’interrogeait benoîtement, le 15 octobre : Blanquer est-il le nouveau Valls du gouvernement ?
Ce que je sais, c’est que sa proximité avec les idées les plus réactionnaires, autoritaires et rétrogrades de la droite en matière de politique éducative est évidente.
Nous avons pu constater dans l’hémicycle à l’occasion de l’examen de la loi « école de la confiance », sa très grande complaisance assumée avec les amendements caricaturaux d’Eric Ciotti, sur la suspension des allocations familiales pour les parents d’élèves absentéistes, les drapeaux français dans les classes et l’interdiction du port du voile à l’occasion des sorties scolaires pour les parents accompagnateurs. On appelle cela en politique la « triangulation »…
Il aura fallu une mobilisation de l’ensemble des députés de gauche et d’une partie des députés En Marche les plus progressistes pour mettre en échec un vote de ce dernier amendement qui fut ensuite adopté par la majorité sénatoriale puis retiré du texte final par la majorité En Marche -et donc avec l’aval du gouvernement- dans son compromis avec le Sénat…
Bel exemple de double voire triple discours !
Comme le dit très justement mon ami Damien Berthilier, adjoint en charge de l’éducation à Villeurbanne, si le gouvernement veut s’attaquer aux vrais sujets de la laïcité à l’école, plusieurs pistes existent.
À commencer par arrêter de mettre les enseignants en contradiction entre le discours et la loi qui n’a pas changé et qui ne changera pas sur l’accompagnement aux sorties scolaires par les mères portant un voile. Ça ne pose d’ailleurs depuis plus de 30 ans pas de problème majeur dans nos écoles.
En revanche, on pourrait :
– sanctionner les médecins qui font des certificats de complaisance aux filles pour qu’elles n’aillent pas à la piscine ou classe verte
– donner des vrais temps de formation sur la laïcité à tous les acteurs pour bien connaître la loi et son application dans tous les temps de l’école
– lutter avec les collectivités contre les pressions que subissent certains enfants sur leur régime alimentaire et sur leur non-croyances ou leurs croyances
– fermer les écoles privées hors contrat qui ne respectent pas les valeurs de la République (soit la plupart des écoles confessionnelles hors contrat) et empêcher vraiment l’ouverture de nouvelles avec un régime d’autorisation préalable stricte.
Le reste n’est qu’agitation électoraliste d’autant plus problématique qu’elle intervient après une humiliation publique d’une mère et de son enfant par un facho en manque de publicité personnelle.
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