Avec 218 parlementaires, nous avons engagé une procédure de référendum d’initiative partagée pour soumettre le projet du Gouvernement de privatiser Aéroports de Paris à l’ensemble des citoyens.
Je me félicite que cette procédure ait pu franchir une étape décisive ce mardi 9 avril puisque nous avons pu réunir davantage que les 185 signatures de parlementaires requises pour lancer un référendum d’initiative partagée.
Nous avons ainsi pu réunir les forces politiques, de gauche et de droite, qui se sont opposées au Sénat et à l’Assemblée nationale à la privatisation de cette infrastructure stratégique lors de l’examen du projet de loi sur la transformation des entreprises, dite PACTE.
Il s’agit en effet pour nous d’un non-sens économique autant qu’une erreur stratégique qui privera notre pays de 175 millions d’euros de dividendes chaque année, et pour 70 ans.
J’étais moi-même intervenu à plusieurs reprises sur ce sujet. En octobre 2018, j’avais interpellé le ministre de l’économie pour dénoncer vigoureusement la privatisation d’Aéroport de Paris. En mars dernier, à nouveau, je dénonçais la mauvaise opération financière pour l’Etat que constitue la privatisation d’Aéroport de Paris, comme pour la Française des Jeux ou Engie.
Après la privatisation des autoroutes, personne ne peut ignorer les conséquences d’une telle erreur : des milliards perdus pour les contribuables français, des augmentations tarifaires, un sous-investissement chronique.
Cette proposition parlementaire doit désormais être validée par le Conseil constitutionnel et signée par 10 % du corps électoral soit 4,5 millions de citoyens pour organiser le référendum d’initiative partagée.
Puisque le Président de la République n’a pas voulu, malgré nos demandes répétées, soumettre un tel sujet aux citoyens dans le cadre du Grand Débat, c’est nous qui le ferons grâce au lancement de cette procédure inédite.
Le communiqué. Monsieur le Président, nous, députés, sénateurs, élus régionaux, départementaux, maires et conseillers municipaux vous demandons solennellement de renoncer à privatiser les Aéroports de Paris.
Aucun des arguments produits depuis des semaines par votre gouvernement n’aura été suffisamment fort pour nous convaincre du bien fondé de cette privatisation. Elle est un non sens économique autant qu’une erreur stratégique, vous devez y renoncer.
Aéroport de Paris (ADP), est en plein développement, premier exploitant mondial d’aéroports, l’entreprise accueillera près de 120 millions de visiteurs à l’horizon 2022 en France, le cours de son action a crû 160% en cinq ans, son taux de 7 % de profit lui permet de générer pour l’Etat 175 millions de dividendes, en constante progression. Des dividendes qui pourraient être consacrés au financement de l’innovation mais qui iront dans les poches d’investisseurs privés.
Le montage financier que votre gouvernement envisage, lui-même, confine à l’absurde : l’Etat indemnisera les actionnaires minoritaires en début de concession pour plusieurs centaines de millions d’euros et devra racheter les actifs d’ADP en fin de concession pour plusieurs milliards ! Tout indique, malgré vos dénégations, que la concession envisagée pour 70 ans sera en vérité perpétuelle, sous peine d’une opération financière catastrophique pour les contribuables Français.
ADP pourtant n’est pas une entreprise comme les autres. C’est un service public d’intérêt national, un monopole naturel, une frontière extérieure stratégique, un outil de souveraineté, un fleuron du patrimoine national, un leader mondial.
ADP est aménageur, exploitant et développeur ; cette société dispose de 6680 ha de terrains, sans équivalent en Europe. C’est une entreprise placée au cœur des intérêts stratégiques de la France, au centre des projets d’aménagement de la région francilienne, CDG Express, la ligne 17 du métro du Grand Paris, Coeur d’Orly et ses 15 hectares de quartier d’affaires avec sa plate-forme multimodale.
Demain, la régulation a minima du service public aéroportuaire, ne permettra plus à l’Etat de jouer son rôle et de peser sur la stratégie de l’entreprise, qui pourrait bien, dès lors, se tourner vers des investissements plus rémunérateurs dans le commerce ou dans l’immobilier, réduire son implication dans les projets d’intérêt général et se tourner vers l’international… et que dire du risque d’atteindre aux intérêts stratégiques d’Air France dont Roissy est le hub européen ? Ou encore de la pérennité des dessertes depuis Paris des aéroports de province ? À Londres, privatisé, l’aéroport d’Heathrow a sacrifié les liaisons locales…
Ces arguments sont d’autant mieux connus que nous étions instruits de la privatisation des autoroutes et de ses conséquences pour notre pays : des milliards perdus pour les contribuables français, augmentations tarifaires, sous-investissement.
Les enjeux sont considérables.
Voilà pourquoi, il n’est quasiment pas de grands aéroports internationaux qui ne soient propriétés d’une collectivité publique.
Voilà pourquoi, Monsieur le Président, vous ne pouvez engager l’intérêt supérieur de la nation dans ce projet aventureux.
Voilà pourquoi, il vous faut renoncer à la privatisation des Aéroports de Paris.
Si vous deviez encore hésiter, soumettez alors la question au grand débat national.
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Merci pour cette initiative de demande de RIP.
Les gouvernements de ce XXIe siècle nous abreuvent de mesures, directives et/ou lois prises le plus rapidement possible contre les populations et les citoyens, au profit de quelques-uns de leurs ” copains-coquins ” richement nantis.
La vitesse fait partie de leur arsenal pour nous dépouiller de nos biens, de nos droits, de notre pouvoir.
Il importe de trouver des voies rapides pour dévoiler les scandales et des dynamiques de résistance contre ces prises de pouvoir abusives.