Benoît Hamon est intervenu ce matin, sur RTL, pour proposer une votation citoyenne pour établir une liste d’union, pour la gauche, aux européennes.
« Je souhaite que la gauche et les écologistes se rassemblent pour gagner cette élection européenne qui ne doit pas être confisqué par les appareils, ni par un affrontement entre libéraux et nationalistes.
Je propose de faire la Place aux Citoyens par un vote préférentiel qui ordonne ces listes et projets de gauches, écologistes et citoyens »
Benoît Hamon, vendredi 8 février, sur RTL
Vous pouvez soutenir l’appel ici : https://www.votationcitoyenne.eu
« L’union de la gauche et des écologistes aux européennes doit passer par un vote »
Propos de Benoît Hamon, recueillis par Abel Mestre, Sylvia Zappi
Dans un entretien au «Monde», l’ancien candidat socialiste à la présidentielle propose une « votation citoyenne » pour établir une liste unitaire aux européennes.
A moins de quatre mois des élections européennes, la gauche semble bien partie pour s’éparpiller entre plusieurs listes. Pour éviter ce scénario catastrophe, Benoît Hamon, cofondateur du mouvement Génération.s propose un processus de « votation citoyenne ». Objectif : constituer une liste d’union.
Benoît Hamon : Je fais un double constat. Le premier, c’est qu’on n’arrive pas à parler d’Europe, de cet enjeu fondamental. Il y a vraiment besoin de débattre de l’action de l’Union européenne, parce qu’on perçoit que le projet européen est menacé.
On trouve d’autant moins d’espace pour en discuter que le choix du président de la République et de la majorité actuelle est de refuser un débat démocratique sur ce qu’on pourrait faire de différent en Europe. Ils se sont choisi un adversaire, les nationalistes, et ont réduit le choix à ceux qui sont pour ou contre l’Europe. C’est extrêmement dangereux parce qu’à force de faire monter [la présidente du Rassemblement national] Marine Le Pen comme seule opposition, on finira par avoir Le Pen en France. On a donc un débat européen escamoté par le chef de l’Etat avec le grand débat national.
A cela s’ajoute une confusion née de la dispersion à gauche et chez les écologistes. Les différences entre les organisations justifient-elles de partir séparément ? Elles ne sont pas indépassables. Si on fait reposer l’unité sur les appareils, il n’y aura pas d’union. Cela doit passer par un vote citoyen. Le grand moment politique que vit la France depuis plusieurs semaines nous y invite.
Je propose une votation citoyenne pour l’union. C’est d’une grande simplicité. Elle s’adresse à l’ensemble des citoyens, de gauche et écologistes, et sera électronique et physique. Le cœur de notre initiative, c’est le pouvoir citoyen : on a besoin d’une irruption citoyenne, de donner la parole au peuple de gauche pour arrêter une liste et le programme qui va avec.
Nous adressons aujourd’hui une invitation aux têtes de listes et aux forces politiques, et plus largement à des intellectuels et aux mouvements citoyens pour qu’ils s’inscrivent dans cette votation et répondent avant le 22 février. On va proposer à La France insoumise (LFI), au Parti socialiste (PS), aux Radicaux de gauche (PRG), à Europe Ecologie-Les Verts (EELV), au Parti communiste (PCF), à Nouvelle donne, à Diem25 [le mouvement de l’ex-ministre des finances grec Yanis Varoufakis], à Place publique [mouvement lancé par l’essayiste Raphaël Glucksmann] mais aussi aux collectifs citoyens attachés à plus de justice sociale et écologique…
On propose un vote préférentiel aux électeurs. Ils devront choisir trois listes selon leur ordre de préférence. Ainsi, ils donneront trois points à la première, deux à la seconde et un à la troisième et tout le monde sera inclus dans le résultat.
Ce mode de scrutin permet de voter, donc de choisir, sans exclure, et correspond à l’état de la gauche aujourd’hui. Les électeurs ne sont plus 100 % attachés à une étiquette de parti mais peuvent être à la fois écolos, sensibles à la question du travail et soucieux de garder une part de souveraineté.
Il va falloir qu’ils expliquent en quoi donner la parole au peuple de gauche, ce n’est pas bien. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont prêts à ce grand rassemblement. Est-ce que la direction de LFI l’est ? C’est plus compliqué, comme pour tous les appareils.
En tout cas, je les invite sincèrement à participer à une démarche populaire au-delà de ce qui a pu et peut encore nous séparer. LFI veut la révolution citoyenne ? Elle peut s’incarner dans cette votation.
Si on fait cette consultation, qu’il y ait LFI ou pas, il y aura des dizaines voire des centaines de milliers d’électeurs de M. Mélenchon au premier tour qui viendront parce qu’ils auront quelque chose à dire. Quant à EELV, j’ai compris que Yannick Jadot ne veut pas d’un accord d’appareil. Eh bien là, ce n’en est pas un. La votation, c’est la solution.
On s’inspire de ce qu’a fait Ada Colau [la maire de Barcelone]. On ouvrira une période d’inscription sur un site. Il s’agit d’une démarche volontaire. On pourra voter soit dans un lieu physique le 14 avril, soit électroniquement du 7 au 14 avril. L’idée est d’avoir de la souplesse, de la transparence, et toutes les garanties dans la protection des données personnelles.
Je ne vois pas où se situe le risque de fraude. Il y aura une charte. Le système de vote doit être partagé par toutes les organisations participantes. Rien de ce qu’on met sur la table n’est intouchable. Tout se partage et se discute.
Place publique a tenté quelque chose. Créer un nouveau parti ne suffit pas à réunir toute la gauche. Aujourd’hui, ils sont enfermés dans un duo avec le PS.
J’ai été extrêmement bienveillant depuis le départ. On nous disait que c’était un faux nez de Génération.s ! On a pris soin de dire que ce n’était pas notre initiative. Leur programme était semblable au nôtre à 95 %. Se posait la question, pour eux, d’expliquer pourquoi ils n’étaient pas avec nous.
Plus sérieusement, je ne crois pas que ce soit dans les sous-sols des partis qu’on fera l’union de la gauche et des écologistes… Les partis sont toujours en retard sur les citoyens. La démarche la plus saine, c’est de donner la parole au peuple de gauche. Il ne faut pas se tromper d’enjeu : les élections européennes, ce n’est pas le sauvetage des appareils.
Cette question sera discutée. Il faut que les candidats soient députés ensemble. C’est un point central, posé d’abord aux socialistes et aux Verts. Au Parlement européen, les groupes de gauche et écologistes sont tous en crise. Régulièrement, les Verts donnent des ministres de l’écologie à des gouvernements de gauche ou conservateurs. Pour quel résultat ? Pas grand-chose. Le départ de Nicolas Hulot en témoigne.
L’inutilité de François De Rugy [ministre de la transition écologique et solidaire] le confirme. Les socialistes, eux, sont embarqués soit dans des grandes coalitions, soit dans des alliances de circonstance avec la droite européenne. Pour quel résultat ? Pas bon non plus.
Et la faiblesse du nombre d’élus de la gauche radicale l’empêche d’être efficace. Le problème collectif de la gauche et des écologistes, c’est leur stérilité, ils sont inoffensifs. Nous n’améliorerons rien en Europe sans rapport de force dans la société européenne et au Parlement européen.
Il y a des points de programme sur lesquels on ne sera pas d’accord. Alors pourquoi pas un double vote : à la fois sur les listes et sur les éléments saillants des programmes.
Il n’y aura pas ça… LFI semble avoir changé sur cette question. Il n’y a pas de mention du « Plan B » dans leur document signé avec Podemos [Espagne] et le Bloco [Portugal]. Leur tête de liste, Manon Aubry, met beaucoup d’eau dans le vin de M. Mélenchon sur cette question et je m’en réjouis.
On assume une forme de désobéissance quand les politiques d’austérité se font contre l’intérêt des peuples.
Mais avant que les traités soient modifiés, il faudra construire une politique qui permette de faire pencher les décisions en faveur des citoyens et des travailleurs.
Ça se tente, non ? J’ai l’espoir de susciter des « oui » dans chacune des organisations. Tout le monde veut Génération.s sur sa liste. Mais ceux qui nous diront « on refuse la votation mais on veut que Génération.s soit sur nos listes », je dirai non. Nous prenons au mot tous les partis politiques et mouvements qui appellent à l’unité. Je préfère le mot d’union. Je crois qu’il est temps pour la gauche et les écologistes de se reconstruire en commençant par faire confiance aux citoyens.
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Je suis tout à fit d’accord. Il faut s’unir et pa se disloquer.