Mardi 24 octobre, les membres de quatre commissions – dont celle des affaires culturelles et de l’éducation – étaient réunis dans le cadre d’une commission élargie dédiée à l’examen des crédits de la mission « Enseignement supérieur et vie étudiante ». La ministre Frédérique Vidal était présente pour répondre à nos questions sur son budget pour 2018. A cette occasion, je l’ai notamment interpellée sur les moyens à déployer pour lutter contre la montée de la précarité et de la pauvreté chez les étudiants.
Madame la Ministre,
Madame la ministre, le Président de la République s’était engagé pendant la campagne électorale à sanctuariser les moyens de l’enseignement supérieur et de la recherche, Au mois de juillet dernier, nous avons eu droit à une première entaille dans ce contrat avec 200 millions d’euros de coupes nouvelles en plus des 130 millions de la réserve de précaution.
Pour 2018, vous disposerez d’un peu plus de 200 millions d’euros pour les programmes 150 et 231. Ces crédits permettront de financer les 1 000 emplois créés à la rentrée 2017 – ceux que nous avons votés l’an dernier –, les mesures liées à la fonction publique en termes de point d’indice et de revalorisation des carrières des personnels, et puis l’impact du glissement vieillissement technicité. Mais il y a un problème, madame la ministre : il manque 1 milliard d’euros.
Ce milliard manque pour financer les mesures les plus importantes, à savoir l’accueil de 40 000 étudiants supplémentaires, pour 300 millions d’euros, le développement des licences professionnelles, et la réforme de l’entrée dans l’enseignement supérieur, celle du premier cycle à hauteur de 700 millions d’euros.
Je veux évoquer la montée de la pauvreté et la précarité dans le milieu étudiant. L’Observatoire de la vie étudiante nous dit aujourd’hui que 50 % des étudiants vivent avec moins de 400 euros par mois, que 50 % d’entre eux déclarent travailler pour financer leurs études, et qu’un tiers disent renoncer à des soins par manque d’argent. La première décision du Gouvernement a pourtant consisté à baisser de 5 euros les APL pour 800 000 étudiants !
En 2018, le taux de boursiers dans l’enseignement supérieur sera de l’ordre de 35 % – en raison de l’augmentation des effectifs des étudiants, ce taux a tendance à stagner ces dernières années. Comment comptez-vous faire passer ce taux de 35 % à 50 % ? C’est un objectif inclusif, ambitieux, mais aussi généreux, qu’il faut atteindre si l’on veut traiter la pauvreté, la précarité des étudiants.
Partagez-vous les positions défendues par votre rapporteur spécial sur les droits d’inscription ? Son rapport propose une évolution des droits d’inscription pour certains étudiants étrangers, et une réflexion sur l’idée d’instaurer des droits progressifs au niveau master.
La réponse de la ministre :
Reprenant à notre compte les engagements pris par le précédent gouvernement, nous assumons dans le cadre de ce budget la création de 1 000 emplois en année pleine pour 2018. Nous reconduisons également la mesure consistant, dans le précédent budget, à prévoir 100 millions d’euros afin d’accueillir 30 000 étudiants supplémentaires. Les crédits prévus par le précédent gouvernement pour créer des emplois ayant en fait essentiellement servi à financer le glissement vieillesse technicité (GVT), nous préférons cette année afficher le financement du GVT.
Il faut faire preuve de prudence quand on cite des chiffres, car certains peuvent avoir un effet contraire à celui que l’on attendait. Ainsi, lorsqu’il est dit que 50 % des étudiants travaillent, il ne faut pas oublier que ce chiffre comprend les contrats liés aux stages et aux contrats d’apprentissage : s’il y a effectivement trop d’étudiants qui travaillent pour gagner leur vie, il n’y en a pas 50 %.
Le fait qu’un tiers des étudiants doivent renoncer aux soins est une réalité. Nous travaillons sur cette question, et aurons prochainement des propositions à formuler. Je précise que 39 % des étudiants sont actuellement bénéficiaires d’aides sociales, soit 1,1 % de plus que l’an dernier ; en dix ans, ce sont 220 000 étudiants supplémentaires qui ont été pris en charge par l’État au titre des aides sociales.
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