Ce jeudi 23 juin, j’étais l’invité de l’émission « 7 minutes Chrono » animée par Sylvain Carceles et diffusée sur TL7, et qui donne chaque jour la parole à un élu local. Il y a notamment été question de l’héritage des grands événements sportifs, comme l’Euro 2016 et les Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024, sur le territoire stéphanois.
Voici la retranscription de notre échange:
Sylvain Carceles : Le député de la Loire que vous êtes va nous parler sport aujourd’hui puisque vous êtes rapporteur spécial des crédits du sport, de la jeunesse et de la vie associative à l’Assemblée nationale. Nous parlerons évidemment de l’Euro 2016 qui bat son plein actuellement en France, et puis aussi des Jeux Olympiques de Paris 2024 et de la candidature de Paris, puisque vous êtes Président du groupe d’étude à l’Assemblée nationale en soutien à cette candidature de Paris 2024. Alors, première question à l’heure où la France, la Loire, Saint-Etienne, vivent à l’heure de l’Euro, on va parler sport. Vous vous êtes intéressé à l’héritage et aux retombées des grands événements sportifs internationaux dans le pays, mais aussi à la manière dont on évalue les retombées économiques, mais pas seulement, de ces grands événements pour le pays.
Régis Juanico : Oui parce qu’on est un pays, la France, qui a une tradition d’accueil des grands événements sportifs internationaux. En ce moment, c’est l’Euro 2016 mais en trois, quatre ans, d’ici 2019, on aura accueilli cinquante grands événements sportifs internationaux majeurs : les Championnats du monde de handball bientôt en janvier, mais je pourrai aussi parler de la Ryder Cup en 2018. Nous sommes une terre d’accueil et ce qui est important d’expliquer aujourd’hui aux Français, c’est à quoi servent ces grands événements sportifs internationaux. Il y a la beauté du spectacle sportif bien évidemment pendant la compétition, pendant les un mois de l’Euro 2016 en ce moment, on se régale, c’est vrai devant certains matchs. Mais surtout ce qui est très important, au-delà des savoirs-faire d’organisation, c’est de regarder quel est l’héritage des grands événements sportifs internationaux dans les territoires, dans les clubs sportifs, pour la pratique du sport en France de façon générale dans les années qui suivent la tenue d’un grand événement sportif international. Donc c’est important de bien évaluer, parce qu’aujourd’hui les opinions ne se laissent pas facilement convaincre de la nécessité d’organiser ces grands événements sportifs internationaux.
Sylvain Carceles : Chaque fois qu’on annonce une candidature, il y a des “contre” qui s’élèvent en disant que ça va nous coûter cher…
Régis Juanico : Il y a eu un référendum il y a quelques mois à Hambourg, en Allemagne, pour la tenue des Jeux olympiques, qui a été perdu par ceux qui défendaient l’accueil des Jeux.
Sylvain Carceles : C’est par manque de pédagogie qu’on n’explique pas réellement les retombées?
Régis Juanico : Non, aujourd’hui je pense que nos concitoyens sont exigeants, ils ont raison de l’être. Oui à l’accueil des grands événements sportifs internationaux mais pas à n’importe quel coût financier, environnemental ou sociétal. On voit ce qui se passe aussi à Rio. Je vais y aller fin août pour regarder ça de très près. Les jeux là-bas posent problème sur le plan social donc aujourd’hui le CIO et notamment Thomas Bach qui a vraiment dit des choses très importantes, a fait le choix de Jeux Olympiques ou de grands événement sportifs internationaux qui soient économes financièrement, qui soient durables sur le plan environnemental en particulier. C’est dans ce cahier des charges qu’il faut travailler mais on a des évaluations qui sont aujourd’hui incomplètes et peu fiables, c’est le cas notamment sur l’Euro 2016.
Sylvain Carceles : On va justement parler de l’Euro, entre deux et trois milliards de retombées, entre seize mille et quatre-vingt-quatorze mille emplois créés selon les études, c’est le grand écart. Qu’est-ce qu’il faut faire aujourd’hui pour avoir une vraie mesure des retombées économiques mais aussi sociétales après les grands événements sportifs?
Régis Juanico : D’abord il faut qu’on se mette d’accord sur la méthodologie, il faut qu’il y ait des études avant l’événement mais celles-là, ce ne sont pas les plus importantes notamment sur le plan économique puisque c’est souvent au doigt mouillé, ce n’est pas très fiable. Il faut surtout qu’il y ait deux études ensuite, c’est-à-dire après les grands événements sportifs internationaux, ce qu’on appelle les études ex-post et qui puissent mesurer l’héritage dans la durée, y compris cinq, six, sept, huit ans après un grand événement sportif international. Et c’est vrai que sur l’Euro 2016, c’est l’UEFA qui avait commandé une étude d’impact économique avant la tenue de l’Euro et on peut estimer quand même que cette étude, elle surestime un petit peu les impacts financiers et économiques et en terme d’emplois. Dépendante du donneur d’ordre, il faut une expertise qui soit indépendante, il faut qu’on ait de la fiabilité, on a des bons outils en France: l’Observatoire de l’Economie du Sport, la Délégation interministérielle aux grands événements sportifs internationaux… Et donc j’ai fait des propositions, notamment qu’on se dote d’un pilotage public de la mesure de l’impact social, sociétal, environnemental, de pratiques sportives… de ces grands événement sportifs internationaux pour les prochaines années.
Sylvain Carceles : Et cela pourra nous aguerrir sur nos prochaines candidatures évidemment?
Régis Juanico : Exactement et surtout crédibiliser à la fois nos candidatures, dont celle de Paris 2024. C’est très important d’avoir ces outils d’évaluation fiable et puis surtout permettre à nos concitoyens d’avoir une information précise et vérifiée sur l’impact économique, financier et social de ces grands événements.
Sylvain Carceles : Nous sommes à mi-parcours de l’Euro 2016 pour Saint-Etienne et pour la Loire, quel bilan vous vous pouvez faire déjà en quelques secondes? On parlera des JO de Paris 2024 ensuite.
Régis Juanico : Alors sur le plan du jeu, c’est mitigé, on a assisté à des matchs assez fermés dans les premiers jours, c’est en train de s’ouvrir, on voit beaucoup plus de buts par exemple hier 3-3 avec le match Portugal-Hongrie. On avait déjà eu 2-2 aussi à Saint-Etienne, à Geoffroy Guichard.
Sylvain Carceles : Et en terme de réussite de l’organisation sportive?
Régis Juanico : Sur la réussite, c’est un succès populaire aujourd’hui. Il y a quelques faiblesses visiblement qui ont été constatées et notamment de la part de l’organisation de l’UEFA. Il y a la question des stadiers par exemple sur les incidents qui se sont produits dans la tribune de Geoffroy Guichard avec les supporters croates. Il y a la question des pelouses, là je pense quand même que c’est difficile pour l’UEFA de se défausser même si elle a pris les stades en cours d’année.
Sylvain Carceles : C’est un succès pour Saint-Etienne?
Régis Juanico : Oui, bien évidemment pour les territoires. J’aurai aimé qu’on ait une mesure précise de l’impact sur les territoires, ça n’a pas été possible parce que les villes hôtes n’ont pas souhaité financer d’étude. Il y aura quand même je crois une étude sur Saint-Etienne Métropole. Il faudra mesurer ça de façon très précise, notamment avec les commerçants. Il y a eu énormément de supporters, on l’a vu dans les journées qui précèdent les jours de matchs, ça a fonctionné. Les stades ne sont pas tout à fait remplis, là aussi il y a peut-être une faute de l’UEFA et pour les “fan zones” on aura une jauge moins importante pour d’autres raisons que sportives, ce qui fait qu’on sera plutôt autour de deux ou trois millions plutôt que sept millions estimés, mais ça, c’est toutes les “fan zones” qui sont concernées. Globalement aujourd’hui, par rapport à la profitabilité, parce que l’UEFA va gagner beaucoup d’argent avec l’Euro 2016, on a quand même quelques défaillances du point de vue de l’organisation et je pense quand même que l’UEFA devra s’en expliquer.
Sylvain Carceles : Je voudrais qu’on parle rapidement de Paris 2024 et la candidature des Jeux Olympiques. Une annonce est à faire: la candidature va être décentralisée, elle va devoir concerner l’ensemble du pays et Saint-Etienne notamment, on va donc parler de la candidature de Paris 2024 à la rentrée?
Régis Juanico : Exactement, on a souhaité avec Bernard Lapasset et Tony Estanguet, qui sont les leaders du Comité de candidature que ce ne soit pas simplement une candidature de Paris ou de l’Île-de-France, où il y aura bien évidemment la majorité des sites qui accueilleront les épreuves sportives des Jeux Olympiques si Paris est retenue, mais que ce soit l’ensemble de la nation et des territoires en France qui soient vraiment concernés, associés, concertés dans cette phase de candidature. Il y aura 36 sites en France, dont 9 villes, dont Saint-Etienne effectivement, qui a vocation à accueillir les matchs de football. C’est une chance considérable pour notre territoire d’être associé à une candidature nationale. D’ailleurs, après Rio, l’équipe de Paris 2024 se déplacera dans ces villes, dont Saint-Etienne entre le 15 septembre et le 15 octobre (la date va être définie dans quelques jours) pour venir à la rencontre des acteurs locaux concernés du territoire stéphanois mais aussi de la population, des bénévoles sportifs qu’on veut associer aussi à cette candidature. C’est un enjeu majeur mais si nous avons les Jeux de Paris 2024, il faut regarder l’héritage, c’est-à-dire tout ce qui va se passer 7, 8 ans avant l’accueil sur nos territoires. Là aussi Saint-Etienne sera bien positionné pour accueillir des événements avant les Jeux Olympiques parce qu’on est central aujourd’hui en France et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et puis aussi tout ce qui concerne le développement de la pratique sportive. Il y a plus de Français qui pratiquent aujourd’hui dans les clubs. C’est ça l’intérêt des grands événements sportifs internationaux.
Sylvain Carceles : De booster le sport en général…
Régis Juanico : Et de booster la pratique sportive dans le pays et là-dessus, il y a beaucoup de piste sur le sport-santé, sur le sport à l’école…
Sylvain Carceles : Vous reviendrez nous en parler, du sport à l’école et de la poursuite d’une activité sportive tout au long de la scolarité ?
Régis Juanico : Oui, avec plaisir.
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