J’ai pris la parole à l’Assemblée nationale dans le débat portant sur la proposition de loi du député UMP Gérard Cherpion pour l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels. Je souhaitais tout particulièrement intervenir sur ce texte qui illustre l’incapacité du Gouvernement et de sa majorité à répondre au fléau du chômage. Le texte se décline en trois volets : alternance/apprentissage, groupements d’employeurs, contrat de sécurisation professionnelle.
Concernant l’emploi. 25% des jeunes sont au chômage. Ils ont été les premiers touchés par la crise. Pourtant, la droite se limite à des mesures qui, lorsqu’elles ne sont pas cosmétiques (dématérialisation des services d’alternance), sont dangereuses pour les jeunes (embauche d’un apprenti par deux employeurs, retour sur la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans avec l’introduction de l’apprentissage à 15 ans). Le chômage des 16 – 25 ans nécessite une action globale. Le Parti socialiste y répond avec ses 10 propositions sur l’emploi des jeunes.
En outre, le financement de l’alternance n’est pas assuré. Nicolas Sarkozy a fixé l’objectif de 200 000 apprentis supplémentaires en 2015. Ces derniers sont aujourd’hui 400 000. Cela coûte 1 milliard d’euros et l’Etat n’envisage pas d’investissement supérieur à… 90 millions d’euros. Encore une fois, les Régions, compétentes en la matière, sont les grandes oubliées des textes de la droite et vont pourtant subir le désengagement financier de l’Etat.
Enfin, les groupements d’employeurs sont totalement dénaturés. Crées en 1985 par la gauche pour favoriser l’emploi à temps plein, le dispositif a subi les coups de boutoir libéraux de la droite qui, peu à peu ont brisé les protections sociales.
Cependant, les débats en Commission des affaires sociales ont permis d’obtenir des avancées, notamment sur la question des stages. Un décret scandaleux du 25 août dernier, signé par la ministre de l’enseignement supérieur ouvrait la voie aux pires dérives. La droite semble aujourd’hui, et je m’en réjouis, envisager l’encadrement des stages avec sérieux.
De même, le contrat de sécurisation professionnelle qui succède aux contrats de reclassement personnalisé et de transition professionnelle est une bonne nouvelle pour les personnes licenciées pour motif économique.
Finalement, nous aboutissons à un texte qui n’est pas à la hauteur de l’urgence sociale que nous vivons. Sans renier les logiques destructrices qui ont conduit à l’augmentation du chômage depuis le début de la mandature, la droite s’enfonce dans l’erreur. Cette question de l’emploi est la grande priorité du parti socialiste pour 2012.
@AFFSOCIALES PPLCherpionCommunique#049
Mon intervention a également été l’occasion d’une vive passe-d’armes avec Nadine Morano sur la question de l’apprentissage à 14 ans. En effet, le développement de la formation en alternance et de l’apprentissage, soulevé par la proposition de loi UMP aujourd’hui en débat, aurait pu recueillir un consensus républicain. Ce sont des leviers nécessaires pour concilier la scolarisation et l’insertion des jeunes dans le monde professionnel.
Mais comme à chaque fois que la question est posée, la droite en fait un bélier pour faire passer sa vieille idée d’abaisser l’âge légale de l’apprentissage à 14 ans. Une première brèche avait été ouverte par le gouvernement Raffarin. La proposition de loi UMP est un second coup de boutoir. Elle autorise les entreprises à signer des contrats d’apprentissage dans la 15è année du jeune et l’étend à l’emploi saisonnier et à l’intérim. En acceptant une des plus archaïques revendications patronales, la majorité brise deux principes fondamentaux de notre code du travail : l’interdiction du travail des enfants et le maintien de la scolarisation jusqu’à 16 ans.
Comme toujours on habille ces reculs de doctes considérations sur l’échec scolaire et la nécessité d’offrir aux jeunes des filières nouvelles de professionnalisation. Mais revenir au travail à 14 ans est le contraire de la modernité. C’est retourner aux conceptions du siècle dernier. C’est faire de la jeunesse une main d’œuvre bon marché. C’est abdiquer la grande idée républicaine que l’école est la meilleure porte d’entrée vers le travail et la promotion professionnelle.
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